Le retour des Dr Folamour
Par Philippe Leymarie
Monde diplomatique
Le président américain décidera le 8 mai s’il rompt l’accord sur le nucléaire iranien, qui cherche à brider les ambitions nucléaires de la République islamique, mais contre lequel ferraille Donald Trump depuis plusieurs années, assisté de son compère israélien Benyamin Netanyahou. Et tant pis si, à quelques jours d’un sommet avec le Nord-Coréen Kim Jong-un, un désengagement des États-Unis devait plutôt apparaître comme un « mauvais signal »…
Il faut comprendre ce malheureux président Trump. Une loi adoptée sous Barack Obama (mais sous pression républicaine) oblige l’exécutif américain à confirmer tous les trois mois sa signature de l’accord sur la dénucléarisation militaire de l’Iran, le JCPoA — Joint Comprehensive Plan of Action —, en « certifiant » ainsi qu’il est suffisamment bien appliqué pour que Washington en reprenne un tour : une démarche qui exaspère le président américain. Il se sent ridiculisé, lui qui n’a cessé depuis sa désignation en novembre 2016 de qualifier cet accord de « catastrophique », « injuste », « pourri », « dangereux », et autres gracieusetés. Trump avait donné jusqu’à ce 12 mai aux Européens, et donc à Emmanuel Macron, pour trouver un nouveau texte, de nature à combler ce qu’il appelle « les terribles lacunes » de l’accord actuel (1).
Toute sympathie qu’il semble éprouver pour son épatant ami français, le président Trump cherche surtout — avec la complicité intéressée du premier ministre israélien Netanyahou — à dynamiter l’accord obtenu le 14 juillet 2015 à Vienne par Barack Obama, après deux ans de négociations difficiles ayant mis aux prises l’Iran avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, renforcés par l’Allemagne. En échange d’un arrêt du programme de recherche nucléaire militaire et d’un contrôle international jusqu’en 2025, il était mis fin graduellement aux sanctions économiques américaines et internationales qui furent imposées au régime des mollahs à partir de 1995 (2). Un accord dont le général Gadi Eizenkot, chef d’état-major de l’armée israélienne, disait fin mars, dans un entretien au quotidien Haaretz, qu’« il fonctionne et reporte la réalisation de la vision nucléaire iranienne de dix à quinze ans, malgré tous ses défauts (3)»...
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