Dans une interview accordée au journal britannique, Mail on Sunday (Dailymail), publiée dimanche matin, le président al-Assad met directement en cause la responsabilité de l'Occident dans le déclenchement de la guerre en Syrie. Il pointe la responsabilité directe de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Il considère que les deux premiers pays sont des satellites du dernier. Il dénonce le soutien des autorités de ces trois pays aux terroristes djihadistes en Syrie nommément les groupes se revendiquant d'Al Qaïda et de l'Etat islamique (EI). Il déclare qu'à plusieurs reprises lorsque l'armée syrienne a défait les troupes de l'EI, la coalition étatsunienne est intervenue contre l'armée syrienne entravant son avancée. Il a également allégué que l'attaque chimique présumée à Douma a été mise en scène par le Royaume-Uni, la France et les États-Unis. Il évoque également ses liens avec la Russie et dément que la Russie ait autorisé les frappes israéliennes contre son pays et décidé des cibles en Syrie conjointement avec les autorités israéliennes.
Voir l'interview ci-dessous.
Transcription intégrale de l'interview en totalité plus bas. La vidéo de Dail and mail commence à la question 11.Nous tentons de publier la vidéo intégrale sur le site.
Question 1 : Monsieur le Président, au 31 mars 2018, le montant total du financement que le gouvernement britannique a fourni aux Casques blancs, également connus sous le nom de Défense civile syrienne, est de 38,4 millions de livres sterling. Dans le même temps, la Russie accuse la Grande-Bretagne d'avoir aidé à la mise en scène de l'attaque qui a eu lieu à Douma via cette organisation, les Casques blancs. En tant que président syrien, croyez-vous que c'est vrai ?
Président Assad : Certainement, sans aucun doute. La Grande-Bretagne, la France et les États-Unis suivent et adoptent la même politique. Cela dit, pour être tout à fait franc et brutal, la Grande-Bretagne et la France sont des satellites politiques des États-Unis. Le Royaume-Uni a publiquement soutenu les Casques blancs qui sont une branche d'al-Qaïda, al-Nosra, dans différentes régions de Syrie. Ils (la Grande-Bretagne) ont dépensé beaucoup d'argent, et nous considérons les Casques blancs comme une opération de communication au service du Royaume-Uni. Donc, oui, c'est sûr que cela a été mis en scène par ces trois pays ensemble, et le Royaume-Uni est impliqué.
Question 2 : Le Premier ministre britannique Theresa May a déclaré qu'elle n'avait aucun doute que le régime syrien était derrière les attaques chimiques du 7 avril et a déclaré à ses détracteurs que la participation de la Grande-Bretagne avait été juste et légale et autorisée par le droit international pour alléger les souffrances humanitaires. Les États n'ont-ils pas la responsabilité de se protéger contre les crimes de guerre ? Comment la participation du Royaume-Uni aux frappes contre la Syrie n'est-elle pas justifiée au regard du droit international ?
Président Assad : Donc, selon ses déclarations, lorsque la Grande-Bretagne et les États-Unis ont attaqué illégalement l'Irak en 2003, tué des millions de personnes, causé des destructions massives, sans parler du nombre de veuves et d'amputés - selon la logique de May, tout gouvernement a le droit d'attaquer le Royaume-Uni ou les États-Unis s'il pense que l'acte était justifié, légal et autorisé par le droit international pour alléger les souffrances humaines. C'est le premier point.
Deuxièmement, ils ont menti ; ils n'ont pas fourni à leur propre opinion publique - au public britannique - une quelconque preuve. Après la libération de la Ghouta, où l'attaque présumée s'est produite, de nombreux journalistes étrangers, certains d'entre eux à l'encontre du gouvernement syrien, ont interrogé la population locale sur l'attaque chimique, et ils ont déclaré "nous n'avons pas vu d'attaque chimique, cela ne s'est pas produit". C'était un mensonge, surtout après que nous ayons libéré cette zone, nos informations ont confirmé que cette attaque n'a pas eu lieu. Le gouvernement britannique devrait d'abord prouver avec des preuves que l'attaque a eu lieu, puis prouver qui est responsable - bien sûr il ne l'a pas fait.
Il n'y a pas eu d'attaque ; c'est ici que le mensonge commence. Encore une fois, il ne s'agissait pas de l'attaque ; le noeud du problème, c'est qu'ils doivent saper le gouvernement syrien, comme ils ont voulu changer et renverser le gouvernement syrien au début des événements de la guerre en Syrie. Ils continuent d'échouer, ils continuent de mentir et ils continuent de jouer une guerre d'usure contre notre gouvernement.
Question 3 : Des rapports non confirmés ont circulé selon lesquels le gouvernement syrien a capturé les forces régulières occidentales, ainsi que les combattants britanniques. Pouvez-vous le confirmer ou faire la lumière sur ces rapports ?
Président Assad : Il y a des combattants du monde entier qui aident les djihadistes. Je ne dirais pas que nous avons des combattants britanniques qui sont vivants. La plupart de ces combattants, sont morts, ils sont venus ici pour mourir et pour aller au paradis, c'est leur idéologie.
Journaliste : Mais vous confirmez qu'ils sont morts, et qu'ils venaient de ces pays ?
Président Assad : Oui.
Question 4 : Le gouvernement britannique ou ses services de renseignement ont-ils tenté, même par l'intermédiaire de médiateurs ou de tiers, d'établir des communications avec la Syrie à des fins de renseignement, pour quelque raison que ce soit ?
Nous avons reçu des communications de différents services de renseignement en Europe, mais elles ont été interrompues récemment parce qu'elles ne sont pas sérieuses. Ils veulent échanger de l'information malgré le fait que leur gouvernement soit politiquement contre le nôtre, alors nous avons dit que lorsque vous avez un parapluie politique pour ce genre de coopération, ou disons que lorsque vous changez de position politique, nous sommes prêts. Il n'y a pas de coopération avec les agences de renseignement européennes, y compris les Britanniques.
Question 5 : Mais il n'y a eu aucune tentative de la Grande-Bretagne d'essayer d'ouvrir des lignes de communication, autant que vous le sachiez, même par l'intermédiaire de médiateurs ?
Président Assad : Même s'il y a une sorte de tentative, nous n'en discutons pas ; c'est insignifiant, qu'il y en ait ou non.
Question 6 : Que pensez-vous de la façon dont May et Trump traitent les problèmes au Moyen-Orient, et plus particulièrement en Syrie, et quelle est la différence entre leurs interventions dans la région et celles de Poutine ?
Président Assad : Grande différence : Les Russes ont été invités par le gouvernement syrien, leur présence en Syrie est une présence légitime, de même pour les Iraniens. Alors que pour les États-Unis, le Royaume-Uni, leur présence est illégale, c'est une invasion, ils violent la souveraineté de la Syrie - un pays souverain. Donc, leur présence n'est pas du tout légale, c'est une présence illégitime.
Journaliste : Mais à votre avis, comment May et Trump ont-ils géré la Syrie ?
Président Assad : Il ne s'agit pas de May et Trump ; il s'agit des politiciens occidentaux en général, des régimes occidentaux en général. Ils n'acceptent personne qui a un point de vue différent, aucun pays, aucun gouvernement, aucune personnalité. C'est le cas de la Syrie ; la Syrie est très indépendante dans ses positions politiques, nous travaillons pour nos intérêts nationaux, nous ne sommes pas un État fantoche. Ils n'acceptent pas cette réalité. Donc, toute l'approche envers la Syrie en Occident est "nous devons changer ce gouvernement, nous devons diaboliser ce président, parce qu'ils ne conviennent plus à nos politiques". C'est la situation, tout le reste n'est que faribole ; ils racontent des mensonges, ils parlent d'armes chimiques, ils parlent du mauvais président tuant les bonnes gens, de liberté, de manifestation pacifique ; tous ces mensonges sont des fariboles pour le but principal, qui est le changement de régime.
Donc, ma réponse à votre question sur la façon dont je vois les choses est la suivante : c'est une politique coloniale, c'est ainsi que nous voyons les choses, et ce n'est pas nouveau. Ils n'ont jamais changé cette politique depuis l'ancien style de colonialisme qui existait au début du 20e siècle et au 19e siècle et avant, mais aujourd'hui il est recouvert par, disons, un nouveau masque, ou des masques différents.
Question 7 : Vos principaux adversaires mondiaux aujourd'hui sont Trump, Netanyahu et le prince héritier Mohammad bin Salman, un groupe de personnages inhabituels et impopulaires. Aparaissez soudainement fréquentable en comparaison ?
Président Assad : Je ne peux me comparer à personne, parce que je ne me jugerais pas objectivement, alors vous feriez mieux de poser cette question aux autres. Mais quand on veut avoir une réponse objective, il faut chercher les faits réels, pas la propagande qui circule dans les médias occidentaux depuis sept ans. Donc, à la fin, pour moi, je ne me soucie pas de mon apparence par rapport à ceux-là ; pour moi, il est important de savoir comment je considère le peuple syrien, c'est mon point de mire.
Question 8 : En 2013, vous m'avez dit que "la Syrie se trouve à la ligne de faille géographiquement, politiquement, socialement et idéologiquement " et vous avez averti que jouer avec cette ligne de faille aura de sérieuses répercussions au Moyen-Orient et en Europe.
Le président Assad : Oui, nous sommes sur la ligne de faille, les cinq dernières années ont prouvé que j'avais raison, parce que regardez les répercussions dans le monde entier, regardez le terrorisme qui se répand partout dans le monde à cause du chaos qui est soutenu par l'Occident en Syrie. Regardez les différentes attaques en Europe, au Royaume-Uni, en France, dans d'autres pays. Regardez la crise des réfugiés en Europe. C'est à cause de la ligne de faille dont j'ai parlé il y a cinq ans.
Question 9 : Cinq ans après que vous m'ayez dit cela, ou depuis que vous avez dit que, depuis l'apparition de l'EI, vous semblez vous considérer comme le principal rempart contre cela, pourquoi ?
Président Assad : Pour l'EI, nous sommes le principal parti qui a combattu l'EI avec le soutien des Russes et des Iraniens au cours des dernières années. Aucun autre parti n'a fait la même chose, même partiellement. Si vous voulez parler de l'Occident et de l'alliance militaire occidentale dirigée par les Etatsuniens, en fait, elle appuie l'EI, parce qu'ils ont attaqué l'armée syrienne chaque fois que nous attaquons ou que nous avons été attaqués par l'EI ; le dernier incident s'est produit il y a quelques jours seulement, lorsque l'EI a attaqué l'armée syrienne et, bien sûr, nous les avons vaincus, et en réponse, les Etatsuniens ont attaqué nos troupes dans l'est de la partie orientale de la Syrie.
Question 10 : Le monde a-t-il eu tort de vous isoler au cours des sept dernières années ?
Président Assad : Le concept d'isolement d'un pays en général est erroné. Dans le monde, dans la politique moderne, même dans la politique d'antan, vous avez besoin de communications. Quand on isole un pays, on s'isole de la réalité de ce pays, alors on devient aveugle sur le plan politique. Donc, cette stratégie est erronée.
Question 11 : Monsieur le Président, certains vous considèrent comme un paria international, un dictateur, avec du sang sur les mains, donnez-moi un argument pour expliquer pourquoi vous ne l'êtes pas, alors qu'au cours des sept dernières années, des centaines de milliers de Syriens ont été tués, arrêtés, emprisonnés et même torturés ?
Président Assad : Donc, l'histoire dont vous parlez, ou disons le récit occidental, selon lequel il y a un mauvais président ; il tue son propre peuple, et le monde entier est contre lui parce qu'il est un paria international, mais il est dans sa position depuis sept ans alors qu'il combat tout le monde dans ce monde. Pouvez-vous convaincre vos lecteurs de cette histoire ? Cela ne tient même pas debout, je veux dire les différents facteurs de ce récit, ce n'est pas logique, ce n'est pas réaliste. En effet, ce président est dans scetteposition parce qu'il a l'appui de son propre peuple, alors comment pourrait-il avoir cet appui pendant qu'il tue ces mêmes personnes ? Donc, l'histoire n'est pas correcte. Nous luttons contre les terroristes, et ces terroristes sont soutenus par le gouvernement britannique, le gouvernement français, les Etatsuniens et leurs marionnettes, que ce soit en Europe ou dans notre région. Nous les combattons et nous avons l'appui du public en Syrie pour combattre ces terroristes. C'est pourquoi nous avançons. Nous ne pouvons pas faire ces progrès simplement parce que nous avons le soutien de la Russie et de l'Iran ; ils ne peuvent pas remplacer le soutien populaire et la preuve de ce dont je parle : par exemple le Shah d'Iran, marionnette occidentale, n'a pas pu résister à la réaction du peuple iranien, et il s'est effondré, tout le système s'est effondré en quelques semaines, et il a dû fuir son pays.
Question 12 : Mais malgré le soutien de nombreux Syriens, il n'en demeure pas moins qu'il y a des milliers, des dizaines de milliers de personnes qui ont été tuées et emprisonnées.
Président Assad : Bien sûr, vous parlez d'une guerre ; il n'y a pas de bonne guerre, il n'y a pas de guerre pacifique. C'est pourquoi la guerre est mauvaise. Donc, quand vous parlez de guerre, le résultat naturel et évident est la mort et le sang partout, mais la question est : qui a commencé cette guerre, et qui a soutenu cette guerre ? L'Ouest. L'Occident a soutenu la guerre dès le début, et il a soutenu les terroristes qui ont commencé à exploser partout et à tuer partout et tout le monde et à décapiter. L'Occident a appuyé Al-Qaïda. Donc, il ne suffit pas de dire qu'il y a des meurtres. Bien sûr, il y a des meurtres ; cela va de soi, mais qui a commencé ? L'Occident est responsable en premier lieu.
Question 13 : L'Occident est responsable, mais certains disent aussi que M. Assad ou le Président Assad devrait également en assumer la responsabilité.
Président Assad : N'importe quel Syrien pourrait porter la responsabilité à cause de ce qui se passe en Syrie. C'est une autre question, c'est une question syrienne, nous n'en discutons pas avec l'Occident. Ce n'est pas le rôle de l'Occident de nous dire qui est responsable en Syrie, le président ou le gouvernement ou l'armée ou les terroristes, c'est une question syrienne ; c'est nous qui décidons qui. L'Occident n'est pas en position de nous dire, à la fin, que ce n'est pas son rôle, mais il s'est ingéré dans un pays souverain et est responsable du meurtre dans notre pays, indépendamment de son récit et de ses mensonges.
Question 14 : La Russie semble prendre beaucoup de décisions au sujet de la Syrie, qu'il s'agisse du retrait de troupes étrangères ou d'accords conclus avec Israël au sujet de la Syrie méridionale, à quelles armes vous pouvez avoir ou non. La Russie prend-elle maintenant vos décisions ?
Président Assad : la Russie se bat pour le droit international, et une partie de ce droit international est la souveraineté de différents pays, des pays souverains, la Syrie est l'un d'entre eux. Leurs politiques, leurs comportements, leurs valeurs ne visent pas à interférer ou à dicter ; ils ne le font pas. Nous entretenons de bonnes relations avec la Russie depuis plus de six décennies, presque sept décennies. Ils n'ont jamais essayé, pendant notre relation, de dicter, même s'il y a des différences ; parce qu'il y a une guerre et parce qu'il y a un grand dynamisme dans la région, il est naturel d'avoir des différences entre les différentes parties, que ce soit au sein de notre gouvernement ou d'autres gouvernements ; Russie-Syrie, Syrie-Iran, Iran-Russie, et au sein de ces gouvernements, c'est très naturel, mais à la fin, la seule décision concernant ce qui se passe en Syrie et ce qui va se passer, c'est une décision syrienne. Personne ne devrait en douter, quelles que soient les déclarations que vous entendrez, car je sais sur quelle base la question est posée.
Journaliste : Basé sur diverses déclarations.
Président Assad : Exactement.
Question 15 : Alors, pourquoi la Russie ne vous a-t-elle pas donné les S300 qu'elle avait promis depuis des années, alors qu'Israël frappe la Syrie pratiquement chaque semaine, et pourquoi la Russie coordonne-t-elle les cibles de ces frappes en coulisses avec vos ennemis ?
Président Assad : La Russie n'a jamais collaboré avec quiconque contre la Syrie, que ce soit politiquement ou militairement, et c'est une contradiction ; comment pourraient-elle aider l'armée syrienne à avancer et en même temps travailler avec nos ennemis pour détruire notre armée ?
Journaliste : Mais ils savent généralement à l'avance où les attaques vont se produire...
Président Assad : Non, non, non, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, définitivement. Nous connaissons les détails. En ce qui concerne la S300, pourquoi ils l'ont annoncé et ensuite ils ont cessé d'en parler, vous feriez mieux de demander aux autorités russes. C'est une déclaration politique, ils ont leurs propres tactiques. Mais qu'ils l'envoient ou qu'ils l'envoient ou non, c'est une question militaire ; nous n'en parlons pas.
Question 16 : De hauts responsables du Pentagone ont averti qu'ils riposteront militairement si vous sabotez leur alliance. Allez-vous vous débarrasser de la présence militaire étatsunienne en Syrie, êtes-vous prêt à les combattre directement ?
Président Assad : Depuis le début de la guerre, les Etatsuniens et leurs alliés n'ont pas arrêté de menacer la Syrie, ils n'ont pas arrêté de soutenir les terroristes, et ils n'ont pas arrêté de nous attaquer directement à de nombreuses reprises. Mais malgré cela, nous avons progressé contre les terroristes, et nous avons déclaré que nous allions libérer chaque centimètre de la Syrie, indépendamment de toute déclaration ou de toute attaque. C'est notre terre et c'est notre devoir ; ce n'est pas une opinion politique, c'est un devoir national. Nous allons avancer dans cette direction, quelle que soit la position militaire ou politique de nos adversaires.
Question 17 : Vous avez déclaré que vous allez reprendre chaque centimètre de territoire syrien, combien de temps cela vous prendra-t-il ?
Président Assad : Il ne s'agit pas seulement de l'armée syrienne et des terroristes, ou des événements à l'intérieur de la frontière de notre pays, sinon je vous aurais donné, disons, un calendrier précis. Mais j'ai toujours dit qu'en moins d'un an nous pouvons résoudre ce conflit, ce n'est pas très compliqué. Ce qui a compliqué les choses, c'est l'interférence externe. Plus nous avançons, plus les terroristes bénéficient du soutien de l'Occident. Regardez, par exemple, nous étions sur le point de parvenir à la réconciliation dans la partie sud de la Syrie il y a seulement deux semaines, mais l'Occident est intervenu et a demandé aux terroristes de ne pas suivre cette voie afin de prolonger le conflit syrien. Ainsi, nous pensons que plus nous avançons politiquement et militairement, plus l'Occident, en particulier les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, tenteront de le prolonger et d'éloigner la solution des Syriens. Mais malgré cela, nous comblons l'écart entre les deux.
Question 18 : Monsieur le Président, dans trois ans, vous arriverez à la fin de votre mandat de président, et cela fait sept longues années et les deux prochaines années, pensez-vous que vous vous présenterez à nouveau comme président, ou allez-vous un jour décider qu'il est temps pour vous de faire une pause ?
Président Assad : Il est encore trop tôt pour en parler ; vous parlez de trois ans à partir de maintenant. Trois ans plus tard, personne ne sait comment la situation va se présenter dans notre pays. Si je me présente à la présidence, il y a deux facteurs : Tout d'abord, la volonté - la volonté personnelle de prendre des responsabilités, et ensuite - ce qui est le plus important, la volonté du peuple syrien. Est-ce qu'ils acceptent cette personne ? L'atmosphère qui règne autour de moi en tant que président est-elle toujours la même, ou le peuple syrien va-t-il changer de position ? Donc, dans trois ans, nous devrons examiner ces deux facteurs et décider si c'est approprié ou non.
Question 19 : Comment pensez-vous que l'histoire se souviendra de vous ?
Président Assad : Cela dépend de l'histoire : L'histoire occidentale ?Elle sera biaisée ; elle dira des mensonges, des mensonges et des mensonges ; les mêmes mensonges que nous avons entendus non seulement sur notre présent, mais aussi sur le passé. D'autre part, notre histoire, dont je me soucie, j'espère qu'elle se souviendra de moi comme quelqu'un qui a combattu les terroristes pour sauver son pays, et c'était mon devoir en tant que président.
Question 20 : A l'approche de la Coupe du Monde, avez-vous une équipe favorite ?
Président Assad : Dans ces circonstances, oui, mon équipe préférée est l'armée syrienne, pour combattre les terroristes.
Journaliste : Des équipes britanniques préférées, des équipes de football ?
Président Assad : Non, je ne vous suis pas.
Question 21 : Cela fait sept ans de guerre, que faites-vous pour vous défouler, des passe-temps ?
Président Assad : Le sport n'est pas un passe-temps, il devient une partie de votre santé, et une partie de votre routine quotidienne, parce qu'une bonne santé est importante pour rester actif. Nous ne pouvons donc pas le considérer comme un divertissement ; il n'y a pas de temps ou d'humeur pour le divertissement. Vous vivez avec la guerre, les meurtres, le terrorisme. C'est donc le seul passe-temps qui est devenu une habitude, une habitude quotidienne selon le temps et les circonstances.
Question 22 : Votre femme est britannique, et vous viviez à Londres depuis de nombreuses années, y a-t-il quelque chose en particulier qui vous manque de vos journées là-bas ?
Président Assad : J'ai vécu à Londres, j'ai appris en tant que médecin. Il vous est impossible de vivre dans une ville sans que vous n'ayez l'impression qu'il y a un lien spécial avec cette ville ou avec les gens avec qui vous travaillez quotidiennement. Donc, cette relation peut vous manquer peut-être, mais vous vivez parfois avec des contradictions ; à savoir que la même ville que vous aimez appartient au même pays qui a attaqué votre pays, ce qui n'est pas bon.
Journaliste : Merci beaucoup, Monsieur le Président.
Président Assad : Merci.
Traduction SLT