Syrie - L'OIAC publie son premier rapport sur "l'attaque à l'arme chimique" à Douma
Article originel : Syria - OPCW Issues First Report Of 'Chemical Weapon Attack' in Douma
Moon of Alabama, 06.07.18
Le 7 avril 2018, des "rebelles" syriens ont affirmé que le gouvernement syrien avait utilisé du chlore gazeux et du sarin dans une attaque contre la banlieue assiégée de Douma, près de Damas, la capitale. Ils ont publié une série de vidéos qui montraient des cadavres de femmes et d'enfants.
Douma aurait été frappée par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes en représailles à des attaques antérieures de certains groupes dissidents sur la ville de Damas. Jaish al-Islam, le principal groupe "rebelle" de Douma, avait déjà accepté de partir vers le gouvernorat d'Idlib.
L'allégation de l'"attaque chimique" a été faite peu de temps après que le président étatsunien Trump ait annoncé qu'il voulait que les troupes étatsuniennes quittent la Syrie. Elle a été conçue pour qu'il fasse "marche arrière", ce qu'il a fait.
Moon of Alabama a publié plusieurs articles sur le sujet :
- 8 avril 2018 - Syria - Timelines Of 'Gas Attacks' Follow A Similar Scheme (Update II)
- 9 avril 2018 - Syria - Any U.S. Strike Will Lead to Escalation
- 11 avril 2018 Syria - A U.S. Attack Would Be Futile - But Serve A Purpose - by M. K. Bhadrakumar
(Traduction : Syrie : une autre fausse attaque au gaz ? Le calendrier des "attaques au gaz" suit un schéma similaire) - 11 avril 2018 Trump Asks Russia To Roll Over - It Won't
- 12 avril 2018 Syria - Threat Of Large War Recedes But May Come Back
- 13 avril 2018 Syria - Manipulated Videos Fail To Launch World War III - Updated
(Traduction : Syrie - Des vidéos manipulées ne parviennent pas à lancer la troisième guerre mondiale) - 14 avril 2018 F.U.K.U.S. Strikes Syria - Who Won?
(Traduction : F.U.K.U.S. Bombardements en Syrie - Qui a gagné ?) - 16 avril 2018 Syria - Pentagon Hides Attack Failure - 70+ Cruise Missiles Shot Down
(Traduction : Syrie - Le Pentagone dissimule l'échec de son attaque - Plus de 70 missiles de croisière abattus) - 19 avril 2018 Syria - Who Is Stalling The OPCW Investigation In Douma?
(Traduction : Syrie - Qui retarde l'enquête de l'OIAC à Douma ?)
Il semblait évident dès les premières allégations de "l'attaque au gaz" que cela ne s'est pas du tout produit. Le gouvernement syrien n'avait aucune raison d'utiliser une arme chimique ou un irritant comme le chlore à Douma. Il avait déjà gagné. L'incident a évidemment été mis en scène, comme d'autres avant lui, pour entraîner les États-Unis dans une nouvelle attaque contre la Syrie.
Même un important organe d'opposition a déclaré qu'il n'y avait pas eu d'"attaque chimique". Comme indiqué le 9 avril :
Il est intéressant de noter que l'organe de presse du MI6 à Coventry, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ne confirme pas un incident au "gaz". Dans sa version des événements, une quarantaine de personnes seraient mortes après l'effondrement de leur refuge :
L'Observatoire syrien des droits de l'homme a considéré qu'il y avait un plus grand nombre de morts, alléguant qu'au moins 80 personnes ont été tuées à Douma, dont une quarantaine sont mortes par suffocation. Mais il a déclaré que les suffocations étaient le résultat de l'effondrement des abris sur les personnes qui étaient à l'intérieur.
Les médias grand public, qui citent l'OSDH depuis des années, l'occultent maintenant et rapportent une "attaque chimique" comme s'il s'agissait d'une réalité avérée.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a envoyé une mission d'enquête à Douma et enquête sur l'incident. Elle a publié aujourd'hui un rapport intermédiaire et quelques résultats techniques :
Les laboratoires désignés par l'OIAC ont procédé à l'analyse des échantillons prioritaires. Les résultats montrent qu'aucun agent neurotoxique organophosphoré ou leurs produits de dégradation n'ont été détectés dans les échantillons environnementaux ou dans les échantillons de plasma prélevés sur les victimes présumées. En plus des résidus explosifs, divers produits chimiques organiques chlorés ont été trouvés dans des échantillons provenant de deux sites, pour lesquels il existe une chaîne de traçabilité complète. Le travail de l'équipe pour établir la significativité de ces résultats est en cours. L'équipe FFM poursuivra son travail pour en tirer les conclusions finales.
L'utilisation du composant organophosphoré "Sarin" allégué par les "rebelles" est ainsi démystifiée. Aucun produit de dégradation de ces produits chimiques n'a été trouvé. Les "divers produits chimiques organiques chlorés" ne sont pas surprenants. Le chlore est largement utilisé pour la purification et le nettoyage de l'eau et les "produits chimiques organiques chlorés" se retrouvent dans n'importe quel ménage.
Dans les notes techniques du rapport de l'OIAC, il est indiqué qu'un de ses laboratoires a trouvé de l'"acide dichloroacétique", de l'"acide trichloroacétique", de l'"hydrate de chloral", du "trichlorophénol" et du "chlorphénol" dans certains des échantillons que sa mission d'enquête a prélevés sur les lieux de l'incident revendiqué. Ce sont toutes des substances qui ne sont pas surprenantes dans n'importe quel environnement de construction et surtout dans n'importe quelle maison. L'acide "dichloroacétique" est par exemple "un produit à l'état de traces de la chloration de l'eau potable". L'hydrate de chloral est également "un produit secondaire mineur de la chloration de l'eau lorsque des résidus organiques tels que les acides humiques sont présents". Les autres substances ne sont pas non plus rares et de diverses utilisations domestiques.
L'autre laboratoire de l'OIAC n'a trouvé dans les échantillons que des résidus de "produits chimiques non inscrits à la CAC" et de "2,4,6-trinitrotoluène". Le trinitrotoluène, également connu sous le nom de TNT, est un explosif largement utilisé dans les munitions militaires. Le deuxième laboratoire ne retrouve pas les produits chimiques organiques chlorés que l'autre laboratoire a trouvés.
Le rapport préliminaire de l'OIAC ne dit rien sur les concentrations dans lesquelles ces substances ont été trouvées. Sans connaître les concentrations, qui peuvent être extrêmement faibles, on ne peut pas arriver à d'autres conclusions. Le rapport ne contient aucune des déclarations des témoins que la mission d'évaluation des faits a enregistré. Dans divers reportages télévisés, le personnel médical du seul hôpital impliqué dans le coup monté a déclaré qu'aucun de leurs patients n'était affecté par le chlore ou les armes chimiques.
Après que les "rebelles" aient allégué une "attaque chimique" et publié leurs vidéos mises en scène de corps empilés, le président étatsunien Trump a tweetté qu'il riposterait pour cette frappe. Politiquement, il n'a pas pu se retirer, même lorsque le secrétaire à la Défense Mattis a exprimé ses doutes sur les allégations des "rebelles". Trump a attaqué la Syrie avec une série de missiles de croisière dont la plupart ont été abattus par la défense aérienne syrienne. Un laboratoire de chimie civile a été détruit pendant l'attaque, mais personne n'a été blessé.
Le rapport préliminaire de l'OIAC, maintenant publié, renforce les doutes sur les allégations des "rebelles". Il n'y a pas eu d'attaque chimique à Douma. L'incident a été mis en scène.
On espère que Trump a tiré les leçons de cet épisode et s'abstiendra à l'avenir de menaces violentes à propos d'incidents pour lesquels aucune preuve plausible et vérifiée n'est fournie.
Traduction SLT