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[Vidéos] Histoires françafricaines (1) : le Franc CFA

par SLT 5 Août 2018, 21:30 Franc CFA Françafrique Histoire Prédation néocolonialisme Colonialisme Articles de Sam La Touch

[Vidéos] Histoires françafricaines (1) : le Franc CFA

Tout au long de cet été nous revenons sur les histoires françafricaines occultées de la mémoire collective par le magistère intellectuel, médiatique et politique français. Peu abordée par les médias, par les universitaires, par les historiens, par les politiques cette histoire de prédation (néo)coloniale se poursuit dans l'ombre pour mieux se répéter. L'amnésie cultivée par nombre de médias amenant à sa reconduction, permet aux réseaux françafricains de grenouiller en Afrique et de piller le pré-carré francophone africain. Actuellement, comme par le passé, le magistère intellectuel, médiatique et politique allèguent que les réseaux françafricains ont disparu face à la poussée de l'Américafrique, de l'Israélafrique, de la Chinafrique, de la Russafrique et de la Mafiafrique... En fait, il n'en est rien, les réseaux se transforment et s'adaptent. Ils ont maintenant le soutien renforcé de l'armée française qui par ses actions et son occupation de nombreux pays en Afrique permet aux multinationales d'obtenir de grands contrats comme en Côte d'Ivoire ou en Libye pour Total par exemple. Les interventions guerrières ont pour rôle de remplacer les dirigeants africains rétifs et d'installer des néogouverneurs plus favorables aux intérêts économiques français même si cela se fait au prix de crimes contre l'humanitlé comme au Cameroun (1956-1971), au Rwanda (1994), en Côte d'Ivoire (2011), en Libye (2011), ou en Centrafrique (2014). Ces autocrates made in France sont occultés par le magistère qui déroule tapis rouge aux despotes, aux dynasties installées par Paris dans ses anciennes colonies.

Mieux le Franc CFA permet de maintenir les "anciennes" colonies dans une économie néocoloniale et dans la dépendance économique à l'égard de "l'ancienne" puissance coloniale entravant leurs capacités à effectuer des transactions économiques avec les autres pays africains et à gérer eux mêmes la parité de leur monnaie. Ces pays soumis au Franc CFA doivent verser plus de 50% de leur réserve au Trésor français.

[Vidéos] Histoires françafricaines (1) : le Franc CFA

Les révélations de l'ex-chef de guerre Jacques Chirac grand ami des dicatateurs françafricains installés par Paris

Episode 1 : le Franc CFA

"En Afrique, les zones franc constituent des espaces monétaires et économiques. Ces ensembles, formés d'États et de territoires, sont issus de l'évolution et des transformations de l'ancien empire colonial français et d'États qui n'étaient pas des colonies françaises comme le Cameroun et le Togo (d'abord colonies allemandes, puis protectorats français), la Guinée équatoriale (espagnole) et la Guinée-Bissau (portugaise). Après l'accession à l'indépendance, la plupart des nouveaux États sont restés dans un ensemble monétaire homogène, dont le cadre institutionnel a été rénové et qui a été structuré par un système de change commun. Leurs devises sont des contrevaleurs à parité fixe avec l'euro, dont la valeur est garantie par le Trésor public français, dans le cadre du traité de Maastricht." (Wikipedia).
 

A noter que le Franc CFA est un système monétaire dérivé des méthodes de contrôle financier des nazis lors de l'occupation allemande de la France en 1940-1945. Lorsque les nazis ont pris la France, ils se sont installés au coeur du système financier français à la Banque de France tout en dévaluant le franc français et en contrôlant la monnaie à partir de Berlin.

Selon l'économiste Assou Massou, (Riz : l’occasion manquée, Jeune Afrique, n° 1836, du 13 au 19 mars 1996, p. 52.) la Franc CFA profite grandement aux intérêts économiques français au détriment des pays asservis par cette monnaie : " La France place naturellement comme tout agent économique intelligent, les immenses capitaux africains dans les établissements financiers ayant les meilleurs taux de rémunération. Elle s’approprie logiquement le différentiel des taux d’intérêts. Par exemple elle garantit le paiement aux Africains d’un taux annuel de 2 % alors, qu’elle perçoit une rémunération de 4.5 %. Le différentiel des taux d’intérêt qui lui revient en net est de 2.5 %. En supposant que les capitaux africains placés s’élèvent à 100 000 milliards de FCFA, la France perçoit un net de 250 milliards de FCFA au titre des intérêts annuels. […] Sur celles-ci [les ressources ainsi obtenues], la France puise une petite partie, dix milliards de Franc CFA par exemple, pour les prêter aux pays de la zone Franc à des faibles taux d’intérêt compris entre 3 % et 10 % l’an, tambour battant afin de montrer au monde entier ses actes de générosité envers cette Afrique qu’elle prétend ainsi aider ! C’est ce qu’on appelle l’aide financière de la France à ses anciennes colonies".

Comme disait Rotschild qui contrôle la monnaie d'un pays contrôle son économie et le pays tout entier. En 1994, la France décide de dévaluer le Franc CFA, entraînant les pays dépendant de cette monnaie dans la gabégie économique massive. Cette monnaie est actuellement arrimée à la parité de l'euro de sorte qu'elle varie sans les variations de l'euro, les pays francophone asservis à cette monnaie n'ayant pas de banque centrale indépendante. Ils dépendent via la BCEAO et dépend in fine du Trésor Public français.

Une des preuves que la zone Franc est un rouage essentiel du néocolonialisme français est la réaction de Paris aux décisions de certains États africains de sortir de cette zone et de battre leur propre monnaie (Togo, Guinée,  Mali, Mauritanie, Madagascar). Au Togo, Sylvanus Olympio nouveau président élu démocratiquement entend installer une nouvelle monnaie togolaise et rompt avec le Franc CFA. Quelques temps plus tard, avec le soutien de l'armée française, un ancien sous officier franco-togoalis Eyadéma le fait assassiner en 1963 et prend le pouvoir tout en maintenant le Franc CFA. Il fondera une dynastie avec le soutien de l'Etat français amenant son fils au pouvoir en 2005. La dynastie Gnassingbé est au pouvoir depuis 55ans avec la bénédiction de l'Etat français et de ses chefs de guerre successif.

Lire :
- Togo : Le Franc CFA et l'assassinat de Sylvanus Olympio (Le Togolais.com)
- 1963: Eyadéma et la Françafrique Assassinent Olympio et la Démocratie Africaine au Togo
- Le Togo du clan Eyadema, depuis 1963, un coup d’État permanent (Survie)
- Françafrique et impérialisme : La Liste des 22 présidents africains assassinés depuis 1963 (Connection Ivoirienne)
- "Lâche le trône". Installée par l'Etat français il y a 50 ans, la dictature togolaise de plus en plus ouvertement contestée par la population (Vidéo)
- Un ancien général français devrait veiller sur la sécurité personnelle du dictateur togolais

La Guinée a connu le même sort sous Sekou Touré en 1958. Selon Said Bouamama : " "Depuis que Sékou-Touré avait prononcé un NON retentissant la Communauté gaulliste en 1958, il était l’objet de pressions économiques constantes de la part de l’ancienne puissance coloniale. De Gaulle veut faire un exemple en Guinée en sanctionnant celui qui avait osé dire en réponse au chantage à la fin de « l’aide » française : « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage […] Nous ne renoncerons pas et nous ne renoncerons jamais à notre droit à l’indépendance». Les fonctionnaires et techniciens français sont immédiatement retirés après ce discours, une véritable hémorragie financière est organisée. C’est également en réponse à ces pressions économiques qu’est prise la décision de battre une monnaie nationale. Le directeur de la Banque Centrale de Guinée restitue comme suit le contexte de cette décision : « Il s’agissait d’éviter l’étranglement de notre économie par la puissance qui la contrôlait jusqu’alors. Les caisses avaient été vidées de leur contenu. Les sociétés françaises rapatriaient leurs superbénéfices sans aucun contrôle. C’était l’hémorragie. Or on ne peut réellement contrôler une économie sans contrôler sa monnaie. » La réaction de Paris ne se fait pas attendre et prend la forme de « l’opération Persil ». Elle consiste à « introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie» confie un des responsables de cette opération, Maurice Robert. L’opération elle-même n’est qu’un des moyens parmi de nombreux autres pour renverser Sékou-Touré poursuit, notre Barbouze : Nous devions déstabiliser Sékou Touré, le rendre vulnérable, impopulaire et faciliter la prise du pouvoir par l’opposition. (…) Une opération de cette envergure comporte plusieurs phases : le recueil et l’analyse des renseignements, l’élaboration d’un plan d’action à partir de ces renseignements, l’étude et la mise en place des moyens logistiques, l’adoption de mesures pour la réalisation du plan. (…) Avec l’aide d’exilés guinéens réfugiés au Sénégal, nous avons aussi organisé des maquis d’opposition dans le Fouta-Djalon. L’encadrement était assuré par des experts français en opérations clandestines. Nous avons armé et entraîné ces opposants guinéens, dont beaucoup étaient des Peuls, pour qu’ils développent un climat d’insécurité en Guinée et, si possible, qu’ils renversent Sékou Touré. (…). L’objectif est certes de mettre la Guinée à genoux mais également d’avertir et de menacer les autres pays de la zone Franc. « Regardez ce qui se produira si vous cherchez à vous émanciper de la zone Franc. Le choix est simple : le CFA ou la crise monétaire permanenente» traduit le journaliste Jean Chatain."

Kadhafi, le dirigeant panafricaniste libyen semble avoir connu le même sort que Olympio près de 50 ans plus tard. Selon un e-mail d'Hillary Clinton, Kadhafi avait l'intention de créé unemonnaie indexée sur le dinar or qui devait concurrencer le franc CFA.

Un des 3.000 courriers électroniques d'Hillary Clinton diffusé par le Département d'État fait ces allégations. Selon Foreign Policy : "Le courrier électronique identifie le président français Nicholas Sarkozy comme le moteur de l'attaque sur la Libye avec cinq objectifs spécifiques en mémoire: obtenir le pétrole de la Libye, assurer l'influence française dans la région, augmenter la réputation de Sarkozy à l'intérieur du pays, affirmer le pouvoir militaire français et empêcher l'influence de Kadhafi dans ce qui est considéré comme "l'Afrique Francophone." Le plus étonnant est cette longue section traçant la menace énorme que les réserves d'or et d'argent de Kadhafi, évaluées "à 143 tonnes d'or et une quantité similaire en argent," constituent pour le Franc français (CFA) si ils venaient à circuler comme monnaie africaine principale.
Et voici la section du courrier électronique alléguant que l'OTAN avait des arrière-pensées pour détruire la Libye (MISE À JOUR : le lien a depuis été supprimé, mais voici sa version enregistrée sur le Web) : Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le Dinar or libyen. Ce plan a été conçu pour fournir les pays africains francophones une alternative au Franc français (CFA). Inutile que ces informations publiées dans Foreign Policy ont été peu reprises dans les médias français.

Lire :
- Les Emails d'Hillary Clinton révèlent que l'OTAN a tué Kadhafi pour stopper la création libyenne d'une monnaie basée sur l'or en Afrique (Asheepnomore)

L'ancien gouverneur de la Banque centrale bombardé à la tête de la Côte d'Ivoire par l'armée française en 2011 explique sa vision du franc CFA.

Lorsque Kémi Séba qui se présente comme un militant panafricain a voulu ouvertement contesté le Franc CFA dans un pays françafricain tel que le Sénégal, en brûlant publiquement un billet du franc CFA, il a été expulsé vers la France pour ensuite s'exiler au Bénin.

Le système (néo)colonial français continue à diriger et orienter la politique étrangère française dans son pré-carré africain tandis que les médias et le magistère intellectuel et politique continuent de parler d'ère post-coloniale comme si les "anciennes colonies" d'Afrique noire française avaient réellement pris leur indépendance.

Dans une tribune dans le Monde, l'économiste togolais écrivait fin novembre 2017 sans concession : "Ce que nous redoutions depuis des années s’est produit hier, mardi 28 novembre, à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, au Burkina Faso, lors des échanges qui ont fait suite au discours de M. Macron. Une façon arrogante, pour ne pas dire plus, de la part de M. Macron, d’exprimer le déni de l’histoire monétaire françafricaine, renvoyant les dirigeants africains à leur servitude monétaire volontaire, les mettant à nu de la pire des façons, à travers des réponses d’une violence symbolique inouïe, dont la plus emblématique fut sans doute : « Le franc CFA est un non-sujet pour la France" (Franc CFA : les propos de M. Macron sont « déshonorants pour les dirigeants africains » (Le Monde)


Deux jours plus tard il était quasiment viré sans sommation de l'OIF selon le journal Le Monde.

"L’économiste Kako Nubukpo est depuis plusieurs années l’une des figures de la contestation contre la monnaie des quinze pays d’Afrique francophone. Une tribune contre le franc CFA signée par le Togolais Kako Nubukpo, le 29 novembre, sur Le Monde Afrique, en réponse aux propos tenus par Emmanuel Macron lors de son déplacement à Ouagadougou, le 28 novembre, aura été celle de trop. Le directeur de la francophonie économique et numérique au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a été officiellement suspendu de ses fonctions, mardi 5 décembre, par la secrétaire générale de l’institution, Michaëlle Jean. Une éviction qualifiée de « brutale » par M. Nubukpo qui, après avoir refusé de démissionner, s’est vu notifier une « suspension de fonctions à titre conservatoire ». Son salaire a été bloqué, son ordinateur et son adresse mail lui ont été retirés tout comme son badge lui donnant accès à l’immeuble de l’avenue Bosquet, dans le 7e arrondissement de Paris où se trouve le siège de l’OIF."
Le Monde Un cadre de la Francophonie suspendu après une tribune anti-CFA publiée sur « Le Monde Afrique »
 

Le vendredi 13 avril 2018, les ministres des Finances ainsi que les gouverneurs des banques centrales des pays membres de la zone franc se sont réunis à Brazzaville. Bruno Le  Maire, ministre français de l’Economie et des finances, accompagné de Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France ont aussi participé à cette réunion. On été abordés entre autres choses lors de la réunion les sujets suivants : Le changement de l’appellation FCFA, la révision du système de dépôt des états membres auprès du trésor public français ainsi que l’élargissement de la zone monétaire à d’autres États. A ces questions, la France a répondu qu’il n’était pas question de changer le franc CFA ni de le rattacher au Dollar ou au Yen, et qu’elle refusait que l’Afrique de l’Ouest se désolidarise de la Zone CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale). - Réunion à Brazzaville, la France refuse de négocier le CFA (Mondafrique).

Au prochain épisode, nous évoquerons les massacres commis par l'Etat français pour maintenir le Cameroun dans le giron néocolonial français en y installant le dirigeant Ahidjo et en faisant assassiner les opposants politiques et leurs partisans. Une guerre occultée et peu abordée par les Historiens français contrairement aux "évènements d'Algérie".

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