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Macron's Watch n°21. Affaire Benalla, police parallèle et Vème République

par SLT 4 Août 2018, 06:15 Macron's Watch Benalla Macron Police aparallèle Vème République France Articles de Sam La Touch

Macron's Watch n°21

 

Benalla (c) Plantu Express

Benalla (c) Plantu Express

L'affaire Benalla est à bien des égards symptomatiques des travers de la Vème République. Un conseiller de Macron chargé de sa sécurité de l'Elysée et un conseiller sécurité de LREM vont faire la police, violenter et interpeller des citoyens lors d'une manifestation le 1er mai à Paris tout en étant couverts par l'Elysée et échappant ainsi à la justice, du moins jusqu'à la révélation de l'affaire par Le Monde en juillet 2018. L’Elysée a été mis en cause pour ne pas avoir saisi la justice selon Le Monde.

Par ailleurs, Benalla, selon le Canard enchaîné,  disposait de privilèges exorbitants accordés par le Château et semblait être au-dessus des lois même après sont intervention violente du 1er mai :
- habilitation secret défense
- port d'armes
- promotion au grade de lieutenant-colonel de gendarmerie (dans la "réserve opérationnelle")
- mise à disposition d'un double des clés de la villa du Touquet appartenant  aux Macron.
- obtention d'un badge "H" lui permettant d'entrer librement dans l'hémicycle, saint des saints de l'Assemblée
- la voiture de fonctions : Renault Talisman équipée comme la police
- un appartement de fonctions
- Le brassard, le casque, la radio branchée sur le réseau policier...

- Selon Le Canard enchaîné, Benalla a de plus été chargé d'amener le bus des Bleus dare dare à l'Elysée pour que Macron soit aux JTs de 20h avec l'équipe de France.
-Le Monde révèle que les policiers ont découvert trois pistolets non déclarés dans les locaux d'En Marche lors de leur perquisition (JMM)

Cela ressemble à s'y méprendre à une police parallèle dévouée au monarque de la République dans le droit fil des pratiques occultes de la Vème République.
Affaire Benalla. Des députés posent la question d'une "police parallèle" en France (Vidéos)

Voilé ce qu'en écrit Arrêt sur images : "Découverte d'armes au siège du mouvement En Marche, port illégal d'arme à feu le 1er mai par l'ex-gendarme Crase, co-mis en examen de Benalla, découverte dans le bureau de Benalla de documents sur la réorganisation de la sécurité présidentielle : jour après jour, à en croire les PV de police, l'affaire Benalla apparait comme la constitution à l'Elysée d'une véritable milice clandestine armée, avec des complicités internes qui resteront à déterminer. Jour après jour, les révélations médiatiques sur l'enquête font éclater le mensonge officiel de la "faute individuelle". Ils font aussi voler en éclats les démentis des hommes de l'Elysée, assurant devant les commissions parlementaires que Benalla ne s'occupait nullement de sécurité, et faisant accessoirement soupçonner une belle collection de mensonges sous serment (peines prévues : jusqu'à 5 ans de prison, et 75 000 euros d'amende)."

Dans le Macron's Watch n°4, nous nous inquiétons du renforcement des pouvoirs du chef de guerre élu par les Français et nous écrivions :

"Mais l'arrivée du chef de guerre Macron risque tout simplement de faire évoluer le régime de la Vème vers son asymptote logique : la dictature. En effet, Macron dans le courant de l'été 2017, a constitué une task force anti terroriste sans aucun contrôle gouvernemental et parlementaire. Il a créé : " un Centre de coordination des activités des services, qu'il a lui même qualifié de task force élyséenne...Les membres du gouvernement n'auront pas à en débattre, ils seront uniquement invités à ratifier le décret permettant la formation, auprès d'Emmanuel Macron, de cette sorte de cellule antiterroriste".  (Sous le régime de la Vème : une task force sous contrôle du chef de guerre sans aucun contrôle parlementaire et gouvernemental). Mieux, il entend faire entrer définitivement dans la loi des dispositifs de l'Etat d'urgence renforçant ainsi à vie sous le régime de la Vème les pouvoirs policiers. Selon Le Monde, le projet de loi antiterroriste, censé permettre de sortir du régime d’exception, fait entrer dans la loi ordinaire les assignations à résidence ou les perquisitions administratives.  Interdiction de circulation, interdiction de manifestation, fermeture de certains lieux, interdiction de manifester et perquisitions administratives, assignation à résidence sont autant de mesures qui seront décidées sous l'autorité du ministère de l'Intérieur et des préfets, sans la moindre intervention d'un juge.
« Selon le texte, que Le Monde a pu consulter, les mesures les plus sévères du régime d’exception créé en 1955 pendant la guerre d’Algérie, notamment les assignations à résidence, la fermeture de certains lieux, l’interdiction de manifester et les perquisitions administratives de jour et de nuit vont se retrouver dans le droit commun avec quelques modifications marginales. ».
(Lire également : Christine Lazerges: le projet de loi antiterroriste est «une grave régression de l’Etat de droit»).Le pouvoir judiciaire serait réduit à l’impuissance, et la police et les services de renseignement auraient des pouvoirs hors contrôle, a expliqué Le Monde : « Toutes ces mesures resteront l’apanage du ministère de l’intérieur et des préfets, sans l’intervention d’un juge judiciaire. » Une autre mesure, intitulée « surveillance et autres obligations individuelles », énonce des sanctions pouvant être appliquées à « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics ». Cela permettra également au ministère de l’intérieur, qui aurait rédigé la loi, d’obliger des gens à porter un dispositif de marquage électronique. Fait remarquable, cette mesure a été réintroduite dans la loi, même après qu’elle ait été jugée inconstitutionnelle suite à son imposition sous l’état d’urgence en décembre 2015".
Le régime autoritaire français utilise le prétexte de lutte contre le terrorisme pour réduire de manière durable les libertés publiques et renforcer le contrôle de la population. ".

Lire également : Sous le régime de la Vème : une task force sous contrôle du chef de guerre sans aucun contrôle parlementaire et gouvernemental
- Dérive despotique de Macron Ier : de la Task Force à une police secrète ?



Depuis ces lois ont été votés et Macron couvert par l'immunité élyséenne n'a à répondre de rien devant les Français et encore moins devant leurs représentants au Parlement. Une véritable monarchie républicaine. On comprend mieux alors sa sortie à ceux qui le pressaient de réagir sur l'affaire Benalla selon laquelle il était totalement responsable et que ses détracteurs n'avaient qu'à venir le chercher. Comme le roi Louis XVI assiégé dans son palais. Sauf que Macron n'a pas à répondre devant les représentants des Français au Parlement et encore moins devant la justice. Il peut donc claironner devant son assistance "Qu'ils viennent me chercher". De toute évidence c'est un pied de nez à la démocratie. Un camouflet aux Parlementaires et à la justice.

Ces déclarations auront eu le mérite de remettre chacun à sa place dans le cadre du régime de la Vème République et montrer la vacuité de la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale qui ne sera pas en mesure d'entendre les proches du cabinet de l'Elysée sonnant le glas de sa mission et la démission des députés d'opposition devant le refus de la LREM d'auditionner les proches du présidents. Ils n'ont pas été entendus et n'ont pas pu être cherchés par les représentants des Français à l'Assemblée nationale. Les députés de l'opposition n'hésiteront pas à dénoncer "une parodie de démocratie".

La commission d'enquête de l'Assemblée nationale va s'arrêter net et il n'y aura pas de rapport non plus sur celle-ci. (Affaire Benalla : après le départ de son corapporteur, la commission d’enquête de l’Assemblée ne publiera pas de rapport (Le Monde)

Macron peut être rassuré mais une fois de plus cela confirme que le Parlement français n'a aucun réel pouvoir de contrôle sur l'exécutif qui est en roue libre. Souvenez-vous, la France avait décidé d'une sous-commission d'enquête parlementaire en 1998 (Mission d'information Parlementaire) pour faire la lumière du rôle de l'Etat français dans le génocide rwandais, elle accouchera d'une souris avec la reconnaissance d'une "erreur d'évaluation" et une demande "d'un plus grand contrôle de l'exécutif". Jamais ce contrôle ne sera effectué. Lorsque le chef de guerre François Hollande veut partir en guerre en Syrie, les députés français n'auront pas à voter mais le chef de guerre Hollande renoncera à son action militaire suite aux refus des Parlements britannique et étatsunien d'intervenir. Lorsque le nouveau chef de guerre Macron décide de bombarder Damas en avril 2018 avec ses acolytes May et Trump, le Parlement n'a pas le droit de voter. (Demain, débat bouffon au palais Bourbon sur les frappes françaises en Syrie ).

Lorsque la commission d'enquête de l'Assemblée nationale se penche sur les liens entre Lafarge et les terroristes de l'Etat islamique en Syrie, celle-ci n'y voit que du feu : Lafarge et le terrorisme : l’Assemblée nationale a fermé les yeux (Mediapart). Il faudra attendre que Le Monde révèle le financement par Lafarge des terroristes de l'Etat islamique en Syrie pour que la justice ouvre une enquête. On aura compris que le Parlement a un rôle de caisse enregistreuse des décisions de l'exécutif sous le régime de la Vème République et que l'impunité de la caste et de l'oligarchie va se maintenir aussi longtemps que la Constitution du Général sera maintenue. Une constitution imposée par le Général de Gaulle en 1958 lors de la guerre d'Algérie, un régime de la Vème République héritier de l'ère coloniale. D'ailleurs lorsque les deux compères Bourdin et Plenel interrogent Macron à ce sujet, sur les archaïsmes de la Vème République et le manque de démocratie, celui-ci leur répond du tac au tac que ce sont les Français qui l'ont voté. Oui, ils l'on voté par referendum en 1958 avec le couteau sous la gorge dans le contexte de la guerre d'Algérie avec un De Gaulle qui se présentait comme le sauveur de l'Algérie française et voulait reprendre le pouvoir militaire sans avoir de compte à rendre au Parlement. Ce fut le début de la fin de la démocratie et de la réinfantilisation des Français et de leurs représentants à l'Assemblée nationale qui découvrent sans cesse le caractère bidon de leur débat ou de leur commission sur les actes de l'exécutif qui n'a aucun véritable contre-pouvoir.

Lire aussi :
- Quand l'ancienne directrice de L'Obs, Aude Lancelin dénonçait la collusion entre l'Elysée et la presse française (Vidéo)
- La Vème République malade de la corruption et de "l'impunité de sa caste" (Vidéos)

 

A partir de demain, pour lutter contre l'impensé néocolonial et ses légitimations racistes et son impact fascisant en France, une nouvelle série d'articles traitera de la Françafrique et de ses crimes durant le régime de la Vème République. Elle est intitulée "Histoires françafricaines"

  • 1er volet le 5.08.18 : "Histoires françafricaines : le Franc CFA"
  • 2ème volet le 6.08.18 : Histoires françafricaines : Guerre et massacres français au Cameroun 1956-1971
  • 3ème volet le 7.08.18 : Histoires françafricaines. La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts
  • 4ème volet le 8.08.18 : Histoires françafricaines : l'Etat français sous Mitterrand soutient et collabore avec un régime génocidaire au Rwanda en 1994
  • 5ème volet le 9.08.18 : Histoires françafricaines. L'intervention de l'Etat français pour destituer Laurent Gbagbo : répression et massacres de masse
  • 6ème volet le 10.08.18 :  Histoires françafricaines : L'Affaire Boulin : Un crime d'Etat

 

A suivre :
- Histoires françafricaines : Armement des djihadistes, assassinat de Kadhafi et destruction de la Libye par l'armée française, qatari  et britannique avec le soutien étatsunien.
- Histoires françafricaines : Guerre au Mali pour lutter contre les djihadistes, une guerre prévue depuis 2009
- Histoires françafricaines : déstabilisation du Centrafrique et le chaos généré dans la sous-région
- Histoires françafricaines : le financement des partis politiques français par les pays du pré-carré françafricains.

Macron's Watch

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