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Moralisation de la vie publique. La culture de l'impunité (Proche et Moyen-Orient.ch)

par Jean Daspry 1 Septembre 2018, 11:19 Nyssen LREM Macron République des copains Impunité France AFP

Moralisation de la vie publique. La culture de l'impunité
Par Jean Daspry
Proche et Moyen-Orient.ch

Moralisation de la vie publique. La culture de l'impunité (Proche et Moyen-Orient.ch)

La République en marche avance lentement mais surement à sa perte comme le démontrent quelques exemples piochés dans l’actualité la plus récente et comme certains médias semblent l’envisager en cette rentrée compliquée. L’affaire Benalla cède la place à quelques histoires peu compatibles avec ce que l’on nous dit au poste sur la « République irréprochable ».

 

LES MALHEURS DE FRANCOISE

Manifestement, le Canard enchaîné éprouve une sympathie toute particulière (une curiosité malsaine) pour notre sémillante ministre de la Culture, Françoise Nyssen, coresponsable de la maison d’édition Actes Sud avec son époux, Jean-Paul Capitani. Il en fait même sa tête de turc. On peut légitimement s’interroger sur les véritables raisons de cette fatwa qui pourrait ne pas être étrangère au projet de réforme hardi de l’audiovisuel qu’elle porte et qui dérange les puissants syndicats de l’audiovisuel, partisans du statu quo et de l’inertie. Pas touche aux avantages acquis !

Toujours est-il que les semaines se suivent, les négligences aussi. Il est vrai que chez ce couple de lettrés, mais d’investisseurs hors du commun, on semble peu familier avec la loi alors que nul n’est, en principe, censé l’ignorer. Surtout lorsque l’on est un(e) membre éminent(e) du gouvernement de la « République exemplaire et inaltérable » voulue par sa majesté Jupiter 1er. Hier, prochetmoyen-orient.ch vous contait les « négligences » involontaires de ce couple au regard de son patrimoine immobilier sis dans la bonne ville d’Arles. Une sorte d’arlésienne revue et visitée à la sauce Macron. Juste quelques légères entorses au code de l’urbanisme et à quelques règles de droit mesquines. Pas de quoi fouetter un chat surtout en cette période de reconnaissance du « droit à l’erreur » par le législateur ! Modeste péché véniel en quelque sorte. Rien qui ne vous destine à l’enfer. L’erreur est humaine. Tout cela est oublié, pardonné.

Passons à autre chose de plus sérieux qui concerne toujours ces nouveaux Thénardier qui font concurrence à un autre couple du même acabit (Bernard Kouchner1/Christine Ockrent) ! Que nous apprend aujourd’hui la dernière livraison du volatile ?2 Sans entrer dans trop de détails trop juridiques, nous comprenons que la ministre de la Culture et son époux auraient effectué une opération immobilière particulièrement juteuse et un tantinet illégale en plein quartier bobo de Saint-Germain-des Prés. Après l’acquisition à vil prix par la maison d’éditions dont ils sont propriétaires en plein cœur de Paris, d’un rez-de-chaussée et d’une partie d’un premier étage par une société civile immobilière (SCI) créée spécialement pour la circonstance, nos deux comparses se lancent dans des travaux pharaoniques dans un hôtel particulier classé (hôtel d’Aguesseau du XVIIIe siècle). La maison d’éditions gagne plus de 150 m² à l’issue d’un « chantier permanent ». La technique est parfaitement rôdée, celle du grignotage permanent. Ni vu, ni connu, je t’embrouille ! Et, tout le monde est mis devant le fait accompli. Quelques juristes vétilleux commencent à s’émouvoir de toutes ces négligences à répétition3. Violation du code de l’urbanisme, violation du code du patrimoine4… L’hôtel particulier étant inscrit depuis 1926 à l’inventaire des Monuments historiques, Françoise Nyssen aurait dû solliciter préalablement à tous ces modestes aménagements, le feu vert de l’architecte des Bâtiments de France et de celui des Monuments historiques. Des fonctionnaires aujourd’hui placés sous l’autorité du ministre de la Culture, comme par un heureux hasard… Si l’on pousse la mesquinerie un peu plus loin, on découvre que toutes ces fariboles non déclarées à l’administration fiscale ont permis à notre ministre intègre de faire quelques économies en termes d’impôt immobilier. Interrogée par le volatil, notre éditrice est restée silencieuse. Circulez, il n’y a rien à voir. La loi, c’est pour les autres. Pour l’instant, le château est aussi muet que la ministre, preuve qu’il n’y voit pas malice. Tout va donc très bien dans le meilleur des mondes jupitériens sauf que cela commence à faire désordre5 et que nous apprenons le lancement d’une enquête par le parquet de Paris6. Les honnêtes citoyens, à qui l’on demande régulièrement de mettre la main au portefeuille pour renflouer les caisses vides de l’État, n’ont plus que les yeux pour pleurer. Mais, heureusement, on leur rebat les oreilles avec la « République exemplaire et irréprochable » épaulée par une Europe qui les protège contre tous les prédateurs de tout poil.

 

LE BONHEUR D’EMMANUEL

Dans la même livraison du volatile, nous apprenons que la République des copains, ça continue comme à l’époque de l’ancien monde. L’ancien PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog remercié au bout de deux mandats, devrait se voir prochainement récompensé, par la grâce divine du chef de l’État, par une nomination comme ambassadeur thématique pour le numérique (rattaché au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères)7. Tous ces postes d’ambassadeurs thématiques dont la sénatrice, Nathalie Goulet réclame chaque année la suppression en raison de leur inutilité… sauf pour recaser des amis de Jupiter et des courtisans de la première heure. Il remplacera dans ces fonctions le premier porte-parole de Nicolas Sarkozy, David Martinon expédié promptement comme ambassadeur à Kaboul, un lieu plus exotique et plus mondain que Los Angeles où il servit un temps comme consul général. Il y remplacera un autre membre de l’équipe de Nicolas Sarkozy, néo-conservateur bon teint, émule de Sainte-Thérèse Delpech, à savoir François Richier. On prend les mêmes et on recommence. Au moins, tout change pour que rien ne change. C’est que l’on appelle, dans les milieux bien informés, la République en marche… La République en vrac !

 

 

LA PRÉFÉRÉE DE JEAN-YVES

Comme cela se murmurait depuis plusieurs semaines dans les couloirs feutrés du Quai d’Orsay, la nouvelle est tombée dans la dernière livraison du Journal officiel de la République (JORF) en date du 24 août 2018. Voici ce que nous pouvons lire (sic) :

« Mme Anne-Sophie AVE, administratrice civile hors classe, est nommée ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République du Ghana, en remplacement de M. François PUJOLAS, appelé à d’autres fonctions »8.

Même si les postes d’ambassadeurs font partie des postes à la décision du gouvernement (le président de la République peut y nommer qui il entend, y compris un humoriste ou votre gardienne d’immeuble), on ne peut que s’interroger sur les raisons ayant présidé à la désignation de cette haute fonctionnaire aux talents incontestables. Sauf lorsque nous apprenons que Dame Ave (qui n’a pas pour prénom Maria) est l’ex-conseillère sociale de l’ex-ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian aujourd’hui chef de la diplomatie française. Entre temps, cette personne était directrice des ressources humaines de l’actuel ministère des Armées. Le piston, ça fonctionne toujours, surtout dans la « République irréprochable » dont certains des ministres font partie de la « mafia bretonne » ! Ce n’est plus la République en marche mais la République en mafia.

 

 

LA BARAKA DE BRIGITTE

Toujours dans le même Canard enchaîné, nous apprenons que le vélocipède, qu’enfourchait gaillardement Brigitte Macron sur les chemins qui mènent au fort de Brégançon (modèle Emo2 FS 27.5 + Powertube GX 11, vendu à partir de 4599 euros sans accessoire), était gracieusement mis à la disposition de notre nouvelle petite Reine (de la présidence de la République monarchique) par les cycles Peugeot. Nous apprenons également que cet engin « conçu et équipé pour faciliter les ascensions les plus raides » est également « utilisé habituellement à la Lanterne ». Tout ceci ne coûte pas un Kopeck au contribuable… sauf que le groupe Peugeot a été sauvé de la faillite en 2013 par l’État (rachat d’une partie du capital) à l’époque où sévissait à l’Élysée un jeune et fringant conseiller qui avait pour titre de secrétaire général adjoint et qui avait pour nom Emmanuel Macron. Un sacré coup de pédale. Une étude sérieuse basée sur un récent rapport de la Cour des comptes reprise par un professeur de droit public9 démontre « le pognon de dingue » jeté par les fenêtres du château de l’Élysée (par tous ses collaborateurs qui se contentent de formules creuses en guise de réponse aux lettres reçues par la première dame) et du Fort de Brégançon (elle y prolonge son séjour avec toute sa nombreuse famille à vos frais) par cette péronnelle. Mais, elle ne pouvait rester isolée trop longtemps, son divin mari la rejoignant dès le 23 août 2018 après le conseil des sinistres (Coluche) d’un coup d’avion présidentiel (il n’est pas encore abonné à Ryanair !). En fait la transparence dont on nous parle n’est qu’une habile gestion de l’opacité.

La « République exemplaire » fonctionne à la perfection. Par l’onction divine et verticale jupitérienne, la France est entrée de plein pied dans le XXIe siècle, dans le « nouveau monde », celui de la culture de l’impunité pour les puissants. « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine). Tout ceci n’a pas pris la moindre ride en 2018. Rappelons au passage que l’austère secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler fait l’objet de quelques enquêtes par une Justice vétilleuse et que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud bénéficie du statut de témoin assisté dans le cadre de l’affaire Business France impliquant Emmanuel Macron. Rien de très sérieux en vérité.

P.S. : Ayons en ce moment une pensée émue pour nos deux sympathiques duettistes, Booba et Kaari qui ont injustement croupi plusieurs semaines dans les geôles de la République pour un simple échange d’amabilités viril dans les allées de l’aéroport d’Orly, un jour de grand départ en vacances ! Heureusement, nous venons d’apprendre le 23 août 2018 qu’ils allaient être renvoyés dans leurs foyers, dans l’attente de leur jugement avec un contrôle judiciaire à la clé de sol.



1 Celui qui réclame que la « France soit plus généreuse avec les migrants » (Le Parisien, 14 août 2018).
2 Hervé Liffran/Christophe Nobili, À Paris non plus, la patronne d’Actes Sud n’a pas perdu le nord, Le Canard enchaîné, 22 août 2018, p. 3.
3 Service France, Françoise Nyssen face à une nouvelle polémique immobilière, Le Monde, 24 août 2018, p. 8.
4 Christian Creveseur, Françoise Nyssen ne s’embarrasse pas du code du patrimoine, Blog : dessin de presse, www.mediapart.fr , 22 août 2018.
5 Marcelo Wesfreid, De nouvelles révélations sur Françoise Nyssen mettent l’exécutif dans l’embarras, Le Figaro, 23 août 2018, p. 4.
6 La rédaction de Médiapart, Affaire Nyssen : le parquet de Paris ouvre une enquête sur l’agrandissement du siège d’Actes Sud , www.mediapart.fr , 23 août 2018.
7 La récompense du congédié, Le Canard enchaîné, 22 août 2018, p. 2.
8 Décret du 22 août 2018 portant nomination d’une ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République du Ghana – Mme AVE (Anne-Sophie), JORF n° 0194 du 24 août 2018, texte n° 113.
9 Paul Cassia, La charte de transparence du conjoint du président de la République, un an après, Le Blog de Paul Cassia, www.mediapart.fr , 21 août 2018.

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