Dans le contexte des multiplications des exactions lors des manifestations des "gilets jaunes2 à Paris et dans toute la France, survenues hier, le gouvernement envisage sérieusement de recourir à l'état d'urgence pour lutter contre les débordements violents.
Après le ministre de l'intérieur, c'est au tour du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, d'envisager d'instaurer l'état d'urgence. Un état d'urgence qui avait été instauré durant la guerre d'Algérie, durant les émeutes dans les banlieues parisiennes en 2005 et peu après les attentats terroristes en 2015.
Si tel devait être la décision du gouvernement Macron, cela marquerait un durcissement sérieux face au mouvement de contestation populaire des "gilets jaunes" - en partie noyauté par l'ultra-droite - prônant une diminution annulation de la hausse de la taxe sur les carburants et une augmentation du pouvoir d'achat des classes moyennes et "laborieuses". Or, Macron est à un tournant de son quinquennat, la multiplication des réformes libérales et étatiques au pas de charge au détriment des classes populaires le rend à fortiori de plus en plus impopulaire. Actuellement, il est sommé par une frange de la population de plier et par une autre minoritaire mais influente de tenir ferme. Si Macron marque le pas, sa méthode thatcher en prendra un coup et son image sera décrédibilisée tandis que sa valeur politique sera démonétisée aux yeux du complexe financier et industriel. Si par contre, il passe en force, son gouvernement risque de devenir de plus en plus inaudible avec un risque de passer d'une situation pré-insurrectionnelle à une situation insurrectionnelle en France.
En admettant que Macron opte pour la première solution, il sera bien à la peine de trouver des représentants pour dialoguer. Ayant déjà affaibli les corps intermédiaires (syndicats...), le dialogue social s'annonce difficile. D'autant plus que certains considèrent que le mouvement des "gilets jaunes" pourrait être un sous-marin pour l'extrême droite en vue des prochaines élections. La voie des négociations s'annonce difficile avec un mouvement hétéroclite aux revendications floues et qui pourrait jouer la surenchère. Dernièrement, le Premier ministre qui avait voulu entamer des négociations s'est retrouvé avec seulement un seul "représentant" des "gilets jaunes" qui été immédiatement désavoué par sa base.
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Si par contre, il devait opter pour la solution de la fermeté ce qui jusqu'à maintenant lui a permis d'être efficace dans sa volonté de réformer, il pourrait se retrouver avec un pays paralysé par la contestation diminuant de facto toute capacité de réformer et le coupant de la population avec une économie en berne. Le recours à l'état d'urgence (et éventuellement à l'armée) comme cela fut mis en place à La Réunion sous la forme d'un couvre-feu révélerait le caractère dictatorial du régime de la Vème république à savoir un parlement croupion avec un exécutif entre les mains du monarque de la République. Jusqu'à maintenant cet aspect dictatorial se cantonnait au secteur de l'exécutif, de la politique étrangère et de l'armée, il pourrait s'étendre à la politique intérieure et montrerait le vrai visage du régime de la Vème république instauré par un coup d'Etat constitutionnel en 1958 par un militaire lors des "évènement d'Algérie".
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Le chemin pour Macron semble semé d'embûches et s'annonce comme une longue descente aux enfers. Depuis qu'il a perdu sa nounou sécuritaire, Benalla, il semble quelque peu décontenancé. Quel cap va donc choisir le gouvernement ? De difficiles négociations ou la dictature en marche ? A moins qu'il opte pour la troisième voie de la démocratie participative (qui n'en est pas moins périlleuse dans le contexte) : le référendum avec un moratoire sur la hausse de la taxe des carburants ?
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