Sans surprise, on voit que les GAFAM sont un des grands dangers de ce siècle…
Rappelons aussi que le problème de base de ces Décodex est bien de créer des listes “officielles” de sites proscrits a priori – peu importe si peu de gens utilisent l’extension.
Cela vise en effet clairement à détruire la réputation de ces sites dans les grands médias, chez les éditeurs, sur Wikipédia, etc. – et souvent leur financement. Alors que se prononcer sur une information précise est déjà plus défendable – mais ce n’est évidemment pas le but recherché.
Contre les infox, Microsoft intègre NewsGuard à Edge sur mobiles
Une extension qui note la crédibilité des sites
NewsGuard est une extension pour navigateurs Internet qui prévient l’internaute lorsqu’il visite un site dont les informations sont réputées peu fiables. Microsoft a choisi de s’appuyer dessus pour muscler sa lutte contre les fausses informations sur mobiles.
Jusqu’alors proposé en téléchargement sous la forme d’un plugin pour Edge (mais aussi Chrome, Firefox et Safari), NewsGuard est désormais intégré par défaut à la version mobile du navigateur Internet de Microsoft, que ce soit sous Android ou iOS. Une étape importante dans l’adoption de NewsGuard, que ses créateurs aimeraient évidemment pouvoir proposer sur un maximum d’appareils et de plateformes. Précisons que si Microsoft a passé un partenariat avec NewsGuard dans le cadre de son programme de défense de la démocratie, la firme dirigée par Satya Nadella n’a aucun droit de regard sur le fonctionnement même de l’extension et ses décisions éditoriales.
Humain et optionnel
Pour le moment, même intégré de base à la dernière version de Edge mobile, NewsGuard reste optionnel et doit être activé par l’utilisateur. Microsoft ne souhaite donc pas encore l’imposer, attendant peut-être que son fonctionnement s’améliore et qu’un plus grand nombre de sites d’information fassent l’objet d’une surveillance et d’une évaluation. NewsGuard compte d’ailleurs déjà à son actif une polémique au Royaume-Uni, où la crédibilité du site Internet du Daily Mail a reçu la note de 1 sur 5. “Prudence : ce site Web ne respecte généralement pas nos standards en termes d’exactitude“, met en garde l’extension lorsque l’on visite l’URL dailymail.co.uk, alors même qu’il s’agit d’un site d’information extrêmement consulté.
Un nouvel outil orwelien voit donc le jour, dans la droite ligne du Décodex du journal Le Monde.
Et cette fois Microsoft l’installe donc sur son navigateur Edge, sur les smartphones.
Vous pouvez le tester facilement : installez Edge (pensez surtout à le désinstaller ensuite).
Vous l’ouvrez, et il faut dérouler le menu (en bas à droite, les trois points) et aller dans les Paramètres :
Puis “Évaluation des sites d’actualités” :
et enfin (c’est mal fichu) cliquer une fois (pas plus attention) d’un coup bref sur “Afficher le résultat de l’évaluation de la barre d’adresse” (ça marche assez mal, il n’y a pas un bouton Marche/Arrêt ; attention car chaque clic active puis désactive l’option, sans que cela s’affiche clairement sur votre écran) :
Newsguard, le partenaire de Microsoft qui réalise le classement, a également une extension qui peut s’installer dans le navigateur de votre choix (voir ici. Si vous le testez, faites nous part de vos découvertes en commentaires. Très peu de sites français sont concernés pour le moment).
Bilan : navigation SANS l’option :
AVEC l’option :
et si on clique dessus :
Ainsi, NewsGuard (créée en aout 2018) a choisi pour son travail d’analyse des sites d’information le concept d’”étiquette nutritionnelle” – directement inspiré du monde de l’alimentation :
En revanche, le système de Newsguard est encore plus simple, car la nuance n’existe pas : soit un média est irréprochable soit il est mauvais : c’est VERT pour les gentils ou ROUGE pour les méchants. Et chaque fiche se révèle très détaillée :
Les utilisateurs ont même la possibilité d’accéder à une fiche complète. Par exemple, celle du New York Times indique, entre autre, ceci :
Bref, le New York Times apparait donc ici comme irréprochable, sans qu’il n’ait jamais connu au cours de sa longue histoire la moindre fake news ou le moindre écart vis-à-vis de la déontologie journalistique. La fiche ne propose aucun élément critique sérieux, mais réalise au contraire un fabuleux publireportage sur les techniques de pointe de ce média pour le XXIe siècle…
Fait intéressant, tous les grands médias mainstream américains ont été classés en vert, y compris Fox News :
En revanche, son étiquette nutritionnelle comporte elle aussi une large partie “politique” – et ne parle pas de ses techniques de pointe pour le XXIe siècle…
De son côté, Al-Jazeera a été classée en rouge (source) :
NewsGuard justifie ce classement en expliquant, entre autres, qu’Al-Jazeera n’affiche pas publiquement sur son site qu’elle est la propriété du gouvernement du Qatar et qu’elle biaise sa couverture en faisant régulièrement “la promotion du Qatar” et “dénigrerait ses rivaux”. Mais à ce compte, une chaine comme France24 pourrait être classée en rouge pour les mêmes raisons, comme vous pouvez le constater.
Enfin, RT (Russia Today) a également été classée en rouge (quelle surprise ! source)
Il est indiqué : “Soyez-prudent. Ce site n’arrive généralement pas à respecter les principes élémentaires en matière d’exactitude et de responsabilité”. et que ce site fait partie “des efforts de propagande du gouvernement russe”.
Le dossier à charge est en effet “accablant” :
Deux démissions, une interview d’Assange, une campagne de publicité – l’horreur…
Ainsi, sur la base de ces quelques éléments, l’extension propose ce type de visuels à ses utilisateurs lors de leurs recherches Google :
Ces visuels rappellent clairement les alertes de nos logiciels anti-virus lorsqu’un site est jugé “dangereux” :
Mais terminons par un regard sur la société NewsGuard. Créée cet été, donc, par deux journalistes et investisseurs, Steven Brill and L. Gordon Crovitz, (liste des autres actionnaires ici, dont… Publicis), elle comprend une quinzaine de journalistes et autant de contributeurs (liste). Voici comment ils se présentent :
Rétablir la confiance et la responsabilité
NewsGuard utilise le journalisme pour combattre les fausses nouvelles, la malinformation et la désinformation. Nos analystes spécialisés, qui sont des journalistes expérimentés, font des recherches sur les nouveaux titres en ligne pour aider les lecteurs et les téléspectateurs à savoir lesquels essaient de faire du journalisme légitime et lesquels ne le font pas.
Nos évaluations Vert-Rouge signalent si un site Web essaie de bien faire les choses ou s’il a plutôt un programme caché ou s’il publie sciemment des mensonges ou de la propagande.
OB : Illustration parfaite de la dérive complotiste des autoproclamés “anti-complotistes”
Les lecteurs ont plus de contexte pour leurs nouvelles en ligne.
Et les annonceurs préoccupés par la réputation de leurs marques ne veulent pas que leurs publicités soient diffusées sur des sites d’information peu fiables.
OB : Cet outil a donc pour but affiché d’entraîner la mort des sites d’information concernés, par fuite des financements.
NewsGuard fournit également des articles sur l’étiquetage nutritionnel de plus de 2 000 sites de nouvelles et d’information qui représentent 96 % de l’engagement en ligne aux États-Unis en anglais.
Une équipe d’analystes SWAT de NewsGuard travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour identifier les fournisseurs de nouvelles peu fiables parmi les sites que NewsGuard n’a pas encore évalués et avertir les internautes en temps réel à leur sujet.
OB : SWAT = (a priori ici 🙂 Special Weapons and Tactics ; unités spécialisées d’intervention de la police aux États-Unis, que l’on pourrait traduire par GIGN ou Commando.
Ceci montre bien à quel point ces personnes se voient comme des combattants en croisade, comme des militants, ce qui est peu compatible avec une statut de journaliste soucieux d’équilibre et de pondération.
Après son lancement aux États-Unis, NewsGuard s’étendra pour servir les milliards de personnes dans le monde qui reçoivent des nouvelles en ligne.
OB : Vaste programme…
Notre objectif est de donner à chacun l’information dont il a besoin pour être mieux informé sur les sources d’information sur lesquelles il peut compter ou sur lesquelles il ne peut pas compter.
Ils visent particulièrement les étudiants et professeurs pour que, dès l’école, les élèves utilisent cet outil – et donc que les brebis ne s’égarent pas hors des champs mainstream…
Enfin, ils sont fiers de leurs reprises presse :
Nous ne saurions conclure la présentation de ce projet orwellien sans vous citer la liste des membres de son Conseil Consultatif (source) :
Notre conseil consultatif :
- Tom Ridge, premier Ministre de la Sécurité intérieure (administration de George W. Bush) ;
- Richard Stengel, ancien rédacteur en chef du magazine Time et Secrétaire d’État à la Diplomatie publique (administration Obama)
- (Ret.) Général Michael Hayden, ancien Directeur de la CIA, ancien directeur de l’Agence de sécurité nationale et ancien directeur adjoint principal du renseignement national (administration George W. Bush)
- Don Baer, président de Burson, Cohn & Wolfe et ancien Directeur de la Communication de la Maison-Blanche (administration Clinton)
- Elise Jordan, analyste politique, NBC, et ancienne rédactrice de discours pour la Ministre des Affaires Étrangères Condoleezza Rice (administration George W. Bush)
- John Battelle, co-rédacteur en chef fondateur de Wired et directeur général fondateur des magazines Industry Standard.
- Jessica Lessin, fondatrice et rédactrice en chef de The Information
Notez aussi pour l’anecdote que Jessica Lessin est l’épouse de l’ancien Vice-Président de Facebook.
En conclusion, il est difficile d’être rassuré sur la neutralité de cet outil, et sur son absence totale de propagande…
Voici donc notre appréciation de ce dernier :
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