Bonjour,

Nous avons reformulé votre demande initiale: «Bonjour. Le 22 janvier, lors de son discours à Aix-la-Chapelle, Emmanuel Macron a dit : «Et en vous écoutant, Madame la Chancelière, Monsieur le Président, à l’instant, je me souvenais avec émotion de ce que Madame de Staël disait parfois : «Lorsque mon cœur cherche un mot en français et qu’il ne le trouve pas, je vais parfois le chercher dans la langue allemande.» C’est assez étrange, on ne sait pas si c’était dans son discours, ou s’il improvise («en vous écoutant», «parfois») ce qui serait étonnant. Quoi qu’il en soit, cette citation, en tout ou partie, attribuée ou non à Mme de Stael, en français ou en allemand, est apparemment introuvable sur Internet, ni sur Google Books (qui indexe toute l’œuvre de Mme de Stael). Et elle correspond assez peu à ce qu’écrivait Mme de Stael sur la langue allemande. («Il est trop aisé d’écrire l’allemand assez bien pour être imprimé; trop d’obscurités sont permises, trop de licences tolérées»). Pourriez-vous enquêter pour retrouver si cette citation, qui a marqué les esprits ce jour-là, est bien véridique, et nous en communiquer alors la référence précise ? Merci d’avance.»

 

Votre question fait référence à la fin du discours d’Emmanuel Macron à Aix-la-Chapelle le 22 janvier 2019. Le président français fait une référence à Germaine de Staël (à partir de 14:21 dans la vidéo suivante) et qui se retrouve citée entre guillemets dans la retranscription de son discours sur le site de l’Elysée:

«Et en vous écoutant, Madame la Chancelière, Monsieur le Président, à l’instant, je me souvenais avec émotion de ce que Madame de Staël disait parfois : «Lorsque mon cœur cherche un mot en français et qu’il ne le trouve pas, je vais parfois le chercher dans la langue allemande.» Il y a des mots qu’on ne comprend pas, il y a des mots qu’on ne traduit pas, mais chacun de nos pas réduit l’écart de ces intraduisibles, et il y a des mots dont nos cœurs ont besoin, d’une langue l’autre. Parce que cette part d’incompréhensible nous rapproche. Parce que la part que je ne comprends pas en allemand a un charme romantique que le français, parfois, ne m’apporte plus. C’est indicible, c’est irrationnel, mais nous devons chérir cette part d’indicible et d’irrationnel qui ne sera dans aucun de nos traités, et qui est la part vibrante, magique, de ce qui nous rassemble aujourd’hui et de ce qui nous fait.»

 

Une citation inconnue pour trois experts de l’œuvre staëlienne

CheckNews est parti à la recherche de cette citation aussi bien en français («Lorsque mon cœur cherche un mot en français et qu’il ne le trouve pas, je vais parfois le chercher dans la langue allemande.»), qu’en allemand (selon la traduction de l’ambassade de France en Allemagne: «Wenn mein Herz ein Wort auf Französisch sucht, das es nicht findet, dann suche ich es manchmal in der deutschen Sprache.»). Malgré des recherches approfondies dans De l’Allemagne de Madame de Staël, un essai, où elle analyse longuement la langue allemande, nous ne l’avons pas trouvée ailleurs que dans le discours du président français.

Suspectant qu’il puisse s’agir d’une citation reformulée par Emmanuel Macron, nous avons contacté des connaisseurs de l’œuvre de Madame de Staël. Stéphanie Genand, la présidente de la Société des études staëliennes, a très clairement nié l’existence de cette phrase dans l’œuvre de la romancière : «Cette phrase n’a jamais été prononcée par Germaine de Staël et mieux vaudrait donc qu’Emmanuel Macron laisse sa mémoire tranquille. Être associée à une telle politique ne lui plairait guère et on la comprend aisément.»...

Lire la suite sur Libération