Un rapport secret révèle l'incompétence de l'Arabie saoudite et l'utilisation généralisée d'armes étatsuniennes au Yémen
Article originel : Secret Report Reveals Saudi Incompetence and Widespread Use of U.S. Weapons in Yemen
Par Alex Emmons
The Intercept
Des chars Leclerc de fabrication française de la coalition saoudienne sont déployés à la périphérie de la ville portuaire yéménite d'Aden le 3 août 2015, lors d'une opération militaire contre les rebelles chiites Houthi et leurs alliés. Photo : Saleh Al-Obeidi/AFP/Getty Images
Depuis l'assassinat brutal du dissident saoudien et collaborateur du Washington Post Jamal Khashoggi en octobre dernier, le Congrès a de plus en plus fait pression sur l'administration Trump pour qu'elle cesse de soutenir la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen et cesse les ventes d'armes étatsuniennes à Riyad. En réponse, le président Donald Trump a répété à plusieurs reprises que si les États-Unis ne vendent pas d'armes aux Saoudiens, ils se tourneront vers leurs adversaires étatsuniens pour leur fournir leurs arsenaux.
"Je n'aime pas l'idée d'arrêter un investissement de 110 milliards de dollars aux États-Unis ", a déclaré Trump aux journalistes en octobre, faisant référence à une série de lettres d'intention signées avec les Saoudiens dans les premiers mois de son mandat. "Vous savez ce qu'ils vont faire ? Ils vont prendre cet argent et le dépenser en Russie, en Chine ou ailleurs."
Mais un document hautement confidentiel produit par la Direction du renseignement militaire française montre que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dépendent massivement des systèmes d'armes produits en Occident pour mener leur guerre dévastatrice au Yémen. Nombre de ces systèmes ne sont compatibles qu'avec les munitions, les pièces de rechange et les systèmes de communication produits dans les pays de l'OTAN, ce qui signifie que les Saoudiens et les Émirats arabes unis devraient remplacer une grande partie de leurs arsenaux pour continuer à utiliser des armes russes ou chinoises.
"Vous ne pouvez pas remplacer les missiles utilisés dans les avions étatsuniens par des missiles chinois et russes ", a déclaré Rachel Stohl, directrice générale du programme de défense conventionnelle du Stimson Center à Washington, D.C. " Il faut des décennies pour construire votre force aérienne. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait d'un seul coup."
La campagne de bombardement menée par les Saoudiens au Yémen du Nord repose essentiellement sur trois types d'avions : F-15 étatsuniens, Typhoons EF-2000 britanniques et chasseurs Tornado européens. Les Saoudiens pilotent des hélicoptères étatsuniens Apache et Black Hawk au Yémen à partir de bases militaires en Arabie Saoudite, ainsi que l'AS-532 Cougar français. Ils ont bordé la frontière saoudienne du Yémen avec des chars Abrams étatsuniens et des chars AMX 30 français, renforcés par au moins cinq types de canons d'artillerie de fabrication occidentale. Et le blocus de la coalition, qui vise à couper l'aide aux rebelles Houthi, mais qui a également entravé les expéditions d'aide humanitaire, s'appuie sur les modèles étatsunien, français et allemand de navires d'attaque, ainsi que sur deux types d'hélicoptères de la marine française.
Le catalogue des systèmes d'armes n'est qu'une révélation parmi d'autres du rapport classifié obtenu par l'organisme d'investigation français Disclose et publié dans son intégralité par The Intercept, Disclose et quatre autres médias français. Le rapport critique aussi sévèrement les capacités militaires saoudiennes au Yémen, qualifiant les Saoudiens d'"inefficaces" et qualifiant d'"échecs" leurs efforts pour sécuriser leur frontière avec le Yémen. Et cela donne à penser que l'aide des États-Unis au ciblage saoudien au Yémen pourrait aller au-delà de ce qui a déjà été reconnu.
Depuis le début de la guerre, les États-Unis ont soutenu la campagne de bombardement de la coalition par des ventes d'armes et, jusqu'à récemment, par un soutien au ravitaillement en vol des avions. Mais le rapport français suggère que les drones étatsuniens pourraient également contribuer au ciblage saoudien.
"Si la RSAF bénéficie de l'appui étatsunien, sous forme de conseils dans le domaine du ciblage, la pratique du soutien aérien rapproché (Close Air Support, CAS) est récente et semble mal comprise par ces équipages ", précise le document. Une note de bas de page après le mot "ciblage" précise que le possible "conseil" étatsunien fait référence au "ciblage effectué par des drones américains".
Bien que les États-Unis aient nié s'être engagés directement dans les hostilités contre les Houthis, les drones étatsuniens MQ-9 Reaper - un drone de reconnaissance doté de capacités de chasse et de destruction - ont survolé le territoire occupé des Houthis. Après que les Houthis eurent abattu l'un des drones en octobre 2017, on a émis l'hypothèse que les États-Unis pourraient les utiliser pour recueillir des renseignements pour les Saoudiens. Le ciblage effectué par des drones étatsuniens pourrait signifier que les drones étatsuniens jouent un rôle plus actif dans le ciblage de coalition, comme par exemple les largages de munitions guidées avec précision à visée laser.
Le U.S. Central Command a fermement nié que les drones étatsuniens aient un rôle opérationnel dans le ciblage de la coalition. "L'armée étatsunienne ne fournit pas ce type de soutien à la coalition dirigée par les Saoudiens", a déclaré un porte-parole du CENTCOM à The Intercept par courriel. "Notre rôle au sein de la coalition dirigée par les Saoudiens n'est que consultatif. Nous fournissons des renseignements et conseillons la coalition sur les meilleures pratiques, la sensibilisation à l'espace air-sol et le droit des conflits armés."...
Traduction SLT avec DeepL.com
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