Maintien de l’ordre, les faux-semblants du modèle français. Des sans-culottes aux « gilets jaunes », histoire d’une surenchère répressive
Monde diplomatique
Quatre-vingt-cinq personnes, victimes ou témoins des agissements policiers lors de la fête de la musique, le 21 juin à Nantes, ont déposé une plainte collective auprès du procureur de la République pour « mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ». Une charge policière particulièrement violente sur le quai Wilson a poussé ce jour-là quatorze personnes dans le fleuve. Steve Maia Caniço, un Nantais de 24 ans, est toujours porté disparu.
Une semaine plus tard, à Paris, des manifestants de l’association écologiste Extinction Rebellion étaient la cible de jet de gaz lacrymogène à bout portant alors qu’ils organisaient un sit-in pacifique pour rappeler au gouvernement ses engagements. Ces images de « violences policières » — des mots jugés « inacceptables dans un État de droit » par le président Emmanuel Macron le 7 mars (en dépit des 859 signalements compilés par David Dufresne depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ») —, sont devenues habituelles, presque acceptables. Cela n’a pas toujours été le cas, comme le rappelait Vincent Sizaire en avril...