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Des enfants sont tués chaque année au Yémen par des armes étatsuniennes. Puis une raffinerie explose, et les USA font soudainement attention (Newsweek)

par Anthony Harwood 21 Septembre 2019, 12:02 Yemen Bombardements Crimes de guerre Pétrole Arabie Saoudite Collaboration USA Crimes contre l'humanité Articles de Sam La Touch

Des enfants sont tués chaque année au Yémen par des armes étatsuniennes. Puis une raffinerie explose, et les USA font soudainement attention
Article originel : Children are killed by American weapons in Yemen every year. Then a refinery blows up, and America suddenly pays attention
Par Anthony Harwood*
Newsweeek

Des enfants sont tués chaque année au Yémen par des armes étatsuniennes. Puis une raffinerie explose, et les USA font soudainement attention (Newsweek)

C'est comme le début d'une mauvaise blague.

Quelle est la différence entre 10 000 personnes tuées dans des frappes aériennes et un tas de missiles qui détruisent une installation de traitement du pétrole pendant quelques jours ?

La réponse n'est pas drôle.

La différence est que seul celui qui menace les marchés ne sera "pas toléré" par l'administration Trump.


Depuis plus de quatre ans, le peuple yéménite a été bombardé sans relâche, le renvoyant à l'âge des ténèbres, par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, imprudente, pour le dire de manière charitable, sur l'endroit où ses avions larguent leur charge utile.

Quarante-sept pêcheurs ici, 137 personnes à une cérémonie funèbre là-bas, 20 personnes à l'occasion d'un mariage et, en un an seulement, 443 enfants.

Quatre cent quarante-trois enfants.

Quarante-quatre de ces enfants étaient dans un autobus lors d'un voyage scolaire d'été à Saada lorsque leur véhicule a été touché par un missile perdu en août 2018.

Une vidéo prise par l'un des garçons les a montrés en train de rire et de jouer dans l'autobus peu de temps avant qu'il ne soit touché.

Lorsque, une semaine plus tard, le secrétaire d'État US Mike Pompeo a rencontré le prince héritier Mohammed bin Salman, aucune mention n'a été faite du jour où les enfants sont morts.

Leur mort n'a pas été jugée suffisamment importante pour que le plus haut diplomate des États-Unis en parle au dirigeant de fait de l'Arabie saoudite, dont les avions étaient responsables.

Avance rapide d'un an, jusqu'aux frappes de missiles sur les champs de pétrole saoudiens le week-end dernier, attribuées par beaucoup à l'Iran ou à ses mandataires.

A l'époque, on disait que 18 drones et 7 missiles avaient détruit la moitié de la production pétrolière de l'Arabie saoudite et que le monde devrait se préparer à la flambée des prix du carburant à la suite d'une baisse prévue de l'offre.

La perte de 5,7 millions de barils par jour, soit environ cinquante pour cent de la production saoudienne et cinq pour cent de la production mondiale quotidienne, aurait causé "la plus grande rupture pétrolière de l'histoire".


Comme on pouvait s'y attendre, le prix du pétrole a connu lundi la plus forte hausse depuis une décennie, soit 14 %, et l'on s'attendait à ce que les voyageurs aient un avenir misérable avec une hausse de 15 % des prix des billets d'avion.

Et voici Mike Pompeo déclarant que l'attaque aux drones est une "attaque sans précédent sur l'approvisionnement énergétique mondial" et un "acte de guerre".

"Le comportement menaçant du régime iranien ne sera pas toléré", a-t-il déclaré.

Pas un mort, pas un blessé. Même pas une égratignure. Et voilà qu'en ce mercredi, le ministre saoudien de l'énergie disait que la moitié de la production pétrolière qui avait été mise hors service avait été récupérée.

De plus, la capacité de production des usines serait entièrement rétablie d'ici la fin du mois.

En d'autres termes, la crise mondiale a été largement évitée.


Maintenant, je ne vais pas prétendre qu'une attaque contre les raffineries de pétrole saoudiennes ne devrait pas être condamnée. Bien sûr que ça devrait l'être.

Mais ce qui est honteux et déprimant, c'est que la perspective d'un désarroi de quelques jours sur le marché mondial de l'énergie compte pour beaucoup plus qu'une guerre de quatre ans qui a provoqué la pire crise humanitaire du monde.

Les répercussions du conflit ont laissé des millions de personnes, dont 85 000 enfants, au bord de la maladie et de la famine.

Où est la condamnation de cela par les Etats-Unis ? Où est l'indignation ? Que se passe-t-il lorsqu'un tremblement de terre sur les marchés pétroliers est jugé tellement plus important que des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui sont tués alors qu'ils mènent innocemment leur vie quotidienne ?

Et pourtant, ce sont là les priorités des dirigeants occidentaux, comme en témoignent leurs paroles, ce qu'ils choisissent de condamner et ce qu'ils sont heureux de laisser passer.
Une analyse des débris du site du bus scolaire a montré que la bombe guidée par laser de 227 kg utilisée lors de l'attaque a été fabriquée par Lockheed Martin et vendue à l'Arabie saoudite dans le cadre des milliards de dollars d'exportations d'armes étatsuniennes.

C'est l'une des raisons pour lesquelles Pompéo n'a pas critiqué les Saoudiens et pourquoi, quelques mois plus tard seulement, le président Trump, de son propre aveu, s'est montré si doux envers les dirigeants de Riyad à la suite du meurtre de Jamal Khashoggi.


Mais pendant que les Etats-Unis, pour préserver les emplois et le capital politique dans leur pays, continue d'armer l'Arabie saoudite d'armes qui sont utilisées pour tuer des enfants, il y aura des gens prêts à dire ce que Pompéo aurait dû dire.

Même un manifestant solitaire, Bryce Druzin, 34 ans, a peint le mot " Yémen " en rouge sang sur le centre de technologie avancée de Lockheed Martin à Palo Alto, Californie, en même temps que la date du massacre.

La vie humaine devrait toujours compter plus que le prix du pétrole.

*Anthony Harwood est un ancien rédacteur du Daily Mail.

Traduction SLT

Contact : samlatouch@protonmail.com

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