Avec ALICEM, bientôt impossible d’accéder aux services publics en ligne sans reconnaissance faciale... Mike MacKenzie/Flickr Creative Commons by 2.0
Alors que l’ombre de l’exemple chinois et de son “crédit social” plane sur les libertés publiques, la France s’apprête à déployer ALICEM, un système de reconnaissance faciale pour accéder aux services publics en ligne. Malgré de nombreuses réticences...
21 juin dernier : Christophe Castaner rend visite à Christian Estrosi. Saluant « l’ambition sécuritaire » du maire de Nice, ville la plus vidéosurveillée de France, le ministre de l’Intérieur réclame l’ouverture d’un débat national sur la reconnaissance faciale – déjà testée à titre expérimental par le motodidacte de la Riviera. Alors qu’on attend toujours l’amorce d’une délibération publique, le gouvernement s’apprête à déployer ALICEM (pour Authentification en ligne certifiée sur mobile). Selon Bloomberg, ce dispositif pourrait être mis en place dès novembre. Une première en Europe. Créé par décret au mois de mai, il doit permettre aux titulaires d’un passeport biométrique ou d’un titre de séjour étranger électronique de s’identifier sur des services en ligne. Pour donner vie à ce laisser-passer dématérialisé, l’utilisateur doit passer son visage à la moulinette d’un logiciel de reconnaissance faciale, en fournissant une photo mais aussi en réalisant une vidéo, dans laquelle il doit réaliser plusieurs gestes, tels que le clignement des yeux ou le mouvement de la tête.
En pointe sur la défense des libertés publiques dans un monde interconnecté, la Quadrature du Net a attaqué le décret au mois de juillet. Rappelant que le Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) « a posé un principe d’interdiction de traitement des données biométriques », l’association dénonce un passage en force : « À l’heure où les expérimentations de reconnaissance faciale se multiplient sans qu’aucune analyse ne soit réalisée sur les conséquences d’un tel dispositif pour notre société et nos libertés [...] le gouvernement français cherche au contraire à l’imposer à tous les citoyens via des outils d’identification numérique. » A San Francisco, la municipalité vient de voter l’interdiction de la reconnaissance faciale à des fins policières ; le candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders est sur la même ligne ; en France, « pas de juridisme, avançons », comme éructerait Manuel Valls. Dans sa délibération du 18 octobre 2018, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) fronce pourtant les sourcils. « La mobilisation du consentement [...] soulève des interrogations », écrit l’autorité indépendante dans son habituel jargon précautionneux. C’est bien le problème d’ALICEM : puisque le système n’offre aucune alternative à la biométrie, peut-on vraiment s’y opposer en son âme et conscience ?...
Contact : samlatouch@protonmail.com
Les articles du blog subissent encore les fourches caudines de la censure cachée via leur déréférencement par des moteurs de recherche tels que Yahoo, Qwant, Bing, Duckaduckgo. Si vous appréciez notre blog, soutenez-le, faites le connaître ! Merci.
- Contrairement à Google, Yahoo & Co boycottent et censurent les articles de SLT en les déréférençant complètement !
- Les articles de SLT toujours déréférencés sur Yahoo, Bing, Duckdukgo, Qwant.
- Censure sur SLT : Les moteurs de recherche Yahoo, Bing et Duckduckgo déréférencent la quasi-totalité des articles du blog SLT !