Trump et le New York Times reconnaissent la guerre impérialiste étatsunienne en Syrie
Article originel : Trump and NY Times Admit US Imperialist War in Syria
Par Finian Cunningham
Strategic Culture Foundation
Si l'on se fie aux aveux extraordinaires et francs du président étatsunien Donald Trump et du New York Times, on ne peut se faire d'illusions sur la raison pour laquelle les forces étatsuniennes sont réellement déployées en Syrie. C'est une occupation illégale contre le gouvernement syrien et en particulier pour priver le pays arabe de ses ressources pétrolières.
Par la suite, cette semaine, il est annoncé que le Pentagone va déployer des chars Abrams et d'autres équipements lourds dans les champs pétroliers près de Deir Ez-Zor. Les troupes impliquées dans un tel nouveau déploiement seraient bien plus nombreuses que les quelque 1 000 soldats dont le président Trump avait dit qu'ils allaient "revenir à la maison".
Les gisements de pétrole de Syrie sont situés principalement dans les provinces orientales limitrophes de l'Irak. Ces zones (environ un tiers du pays) sont le dernier territoire encore hors du contrôle du gouvernement de Damas. L'État syrien devra récupérer ses gisements de pétrole afin de financer la reconstruction de la nation après près de huit ans de guerre.
Dans un tweet le week-end dernier, Trump a déclaré : "Les soldats étatsuniens ne sont pas dans des zones de combat ou de cessez-le-feu. Nous avons sécurisé le pétrole[sic]. Ramenons des soldats à la maison !"
Le président faisait référence à l'accord douteux qu'il a conclu avec la Turquie la semaine dernière, qui a conduit les Etats-Unis à abandonner leurs alliés kurdes et à déclencher une offensive meurtrière des forces turques contre le nord-est du pays. Après avoir fait l'objet de nombreuses critiques de la part des républicains et des démocrates, ainsi que des experts militaires et des experts des médias pour son retrait des troupes étatsuniennes, Trump tente, à juste titre, de donner une tournure positive à son geste.
Il se vante donc d'avoir vaincu le réseau terroriste djihadiste de l'État islamique (EI) "à 100 pour cent" et "ramener des soldats chez eux". Cette dernière est une réalisation apparente de la promesse électorale de Trump en 2016 de "mettre fin à des guerres sans fin" et de renvoyer les troupes étatsuniennes à la maison après des interventions étrangères.
Alors, c'est quoi cette référence énigmatique de Trump à propos de "sécuriser le pétrOle" ? Remarquez aussi comment il a utilisé le majuscule O lorsqu'il a écrit "PétrOle" ("Oil"), indiquant quelque chose de stratégique dans sa référence à la ressource de la Syrie. De toute évidence, la prétendue défaite du terrorisme et le rapatriement des troupes n'est pas toute l'histoire. Le pétrole suinte entre les lignes.
Un article du New York Times (NYT) de lundi apporte plus d'éclaircissement sur cet aspect. Certes, le Times n'est guère une source fiable, étant donné ses liens étroits avec les agences de renseignement étatsuniennes et son programme anti-Trump tranchant qui déforme presque tout ce qu'il publie. Néanmoins, étant donné que Trump et le NYT semblent être cohérents sur cette question, cela suggère qu'il y a effectivement matière à évaluation.
Le Times cite un haut responsable anonyme de l'administration Trump et des sources du Pentagone qui affirment que le président donne le feu vert pour un petit contingent de forces spéciales étatsuniennes, peut-être au nombre de 200, qui doivent rester en Syrie orientale. Cela met un terme au mensonge selon lequel Trump retire toutes les troupes étatsuniennes de Syrie. Il ne "ramène pas les soldats à la maison", alors qu'il prétend que c'est son voeu le pus cher.
Mark Esper, le secrétaire étatsunien à la Défense, a également confirmé aux journalistes en route pour l'Afghanistan le week-end dernier que les forces étatsuniennes seront transférées de Syrie en Irak et resteront près de la frontière syrienne. Esper a déclaré que l'armée étatsunienne" défendrait l'Irak" et serait déployée pour empêcher une résurgence potentielle de l'EI. Quoi qu'il en soit, c'est la version officielle.
Toutefois, sur la question des forces spéciales étatsuniennes qui restent en Syrie, le NY Times rapporte : "Le président Trump penche en faveur d'un nouveau plan du Pentagone visant à maintenir un petit contingent de troupes étatsuniennes dans l'est de la Syrie, peut-être environ 200 soldats, pour combattre l'Etat islamique et bloquer l'avancée du gouvernement syrien et des forces russes dans les champs de pétrole convoités de la région, a déclaré dimanche un haut fonctionnaire de l'administration.
C'est un aveu stupéfiant. Oubliez la "lutte contre les terroristes", le véritable objectif du déploiement militaire étatsunien en Syrie est de contrôler les ressources pétrolières du pays qui sont principalement situées dans les provinces de l'Est, où les Etats-Unis ont travaillé en partenariat avec les milices kurdes syriennes au cours des cinq dernières années. Ce partenariat était supposé être au nom de la "défaite de l'EI".
Le fait que Trump ait cavalièrement largué les Kurdes en acquiesçant à la demande de la Turquie d'une attaque militaire contre les Kurdes syriens, qu'Ankara considère comme des terroristes, démontre clairement que le programme de Washington avec les Kurdes ne visait pas vraiment à combattre l'EI, mais plutôt à les utiliser comme supplétifs pour balkaniser le territoire syrien, en particulier la région orientale riche en pétrole.
L'autosatisfaction de Trump à propos de "mettre fin à des guerres sans fin" n'est qu'une platitude malhonnête pour augmenter ses chances de se faire réélire en 2020.
Ce président parle depuis un an du retrait des troupes étatsuniennes de Syrie, mais on estime qu'il en reste encore 1 000, ainsi que des avions de combat. Le Pentagone a construit des bases et des aérodromes dans l'est et le sud de la Syrie, près de la frontière avec l'Irak. Les troupes qui quittent la Syrie prennent position dans l'Irak voisin d'où elles mèneront des opérations anti-insurrectionnelles, sans doute destinées à intervenir en Syrie quand elles le souhaitent.
Trump a accepté de garder 150 soldats à la base étatsunienne d'Al Tanf, dans le sud de la Syrie, où le camp est un terrain d'entraînement pour des milliers de militants djihadistes appelés Maghawir al-Thawra. Le Maghawir al-Thawra ne combat pas l'EI, comme le prétend le Pentagone. Il s'agit plutôt d'un autre supplétif des intérêts étatsuniens, impliqués dans une division néfaste du travail aux côtés de l'EI et des Kurdes.
On peut s'attendre à ce que les militants d'Al Tanf se joignent aux 200 forces spéciales étatsuniennes et peut-être à quelques mercenaires kurdes restants chargés de "bloquer l'avancée du gouvernement syrien et des forces russes dans les champs de pétrole convoités de la région", selon le NYT.
C'est sans doute ce qu'a voulu dire Trump lorsqu'il a fait allusion à la "sécurisation du pétrole" en Syrie. De cette façon, le président Trump et le NYT admettent que le véritable but de la présence militaire étatusnienne en Syrie relève de la conquête impérialiste.
Ce qui est cruel, c'est que la Syrie doit exploiter son pétrole pour se reconstruire à partir d'une guerre lancée secrètement contre ce pays par les États-Unis et leurs partenaires de l'OTAN en 2011. Aujourd'hui, avec une vindicte écœurante, les Etats-Unis semblent vouloir empêcher la Syrie d'utiliser ses propres ressources pétrolières vitales pour se rétablir, en planifiant une occupation militaire étatsunienne illégale de la Syrie orientale pour une durée indéfinie.
De nombreux observateurs astucieux des huit années passées en Syrie ont toujours su que le programme de Washington était un changement de régime et que ses prétentions antiterroristes étaient un prétexte frauduleux. Aujourd'hui, le président étatsunien et le principal journal étatsunien reconnaissent l'occupation criminelle sur le territoire syrien et l'accaparement des terres pour le pétrole.
* Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les affaires internationales, avec des articles publiés en plusieurs langues. Il est titulaire d'une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique pour la Royal Society of Chemistry de Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière en journalisme de presse. Il est également musicien et auteur-compositeur. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur en chef et rédacteur dans d'importants médias, dont The Mirror, Irish Times et Independent.
Traduction SLT
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