Bolivie : un coup d’État pour Israël aussi
Middle East Eye
La droite cherche à reconquérir la Bolivie, à démanteler la solidarité avec la Palestine et à faire appel à des conseillers israéliens pour aider à écraser les manifestations.
Des gens manifestent en soutien au président bolivien renversé, Evo Morales, à Buenos Aires, le 22 novembre (AFP)
Peu de temps après que le président bolivien de gauche Evo Morales a été évincé lors d’un coup d’État soutenu par les États-Unis en novembre – déguisé en noble réaction à une présumée fraude électorale – l’autoproclamé gouvernement bolivien « par intérim » et on ne peut plus à droite a annoncé le renouvellement des relations diplomatiques avec Israël.
Celles-ci avaient été rompues par Morales en 2009 lors de l’opération israélienne Plomb durci dans la bande de Gaza, qui avait tué quelque 1 400 Palestiniens, dont plus de 300 enfants. Bien qu’Israël se soit naturellement présenté comme la seule victime de l’affaire, le ratio entre les morts civiles palestiniennes et les civils israéliens était de 400 contre 1.
Lors d’un bain de sang ultérieur perpétré par les Israéliens à Gaza en 2014, celui-ci baptisé opération Bordure protectrice et entraînant le massacre de 2 251 Palestiniens (dont 299 femmes et 551 enfants), Morales a dénoncé Israël comme un « État terroriste » – une évaluation parfaitement exacte, compte tenu des circonstances et des antécédents d’Israël.
Reprise des relations
Il n’est donc pas surprenant qu’Israël ait été prompt à accueillir ce rapprochement avec le gouvernement nouvellement purgé de la Bolivie après le coup d’État de novembre, le site d’information israélien Ynet rapportant que « la reprise des relations entre la Bolivie et Israël a été rendue possible par la fin du règne de l’ancien président hostile Abou Morales ».
Quant à l’expérience présumée d’Israël dans la « gestion des terroristes », qui mieux qu’un État terroriste pour offrir une formation antiterroriste ?
D’autres possibilités de rapprochement se sont rapidement concrétisées, alors que la Bolivie s’est mise à demander l’aide d’Israël pour former des unités de police aux opérations antiterroristes. Le 6 décembre, le ministre bolivien de l’Intérieur par intérim, Arturo Murillo, a déclaré à Reuters : « Nous les avons invités à nous aider. Ils ont l’habitude de gérer des terroristes. Ils savent comment les gérer. La seule chose que nous voulons, c’est apporter la paix. »
Les « terroristes » censés faire des ravages en Bolivie sont, selon l’article de Reuters, « des gauchistes radicaux qui seraient liés [au président vénézuélien Nicolás] Maduro et des trafiquants de drogue qui, selon le gouvernement [par intérim bolivien], ont provoqué des troubles meurtriers dans le pays ». En d’autres termes, le méli-mélo habituel d’épouvantails locaux a été ressorti pour justifier toute entreprise de droite nécessitant une justification – et peu importe que ce soit l’armée et la police boliviennes qui aient perpétré des massacres.
Quant à l’expérience présumée d’Israël dans la « gestion des terroristes », qui mieux qu’un État terroriste pour offrir une formation antiterroriste ? Il est certain que les plus de sept décennies de nettoyage ethnique des Palestiniens et d’entrave à la paix à chaque tournant en font un candidat solide pour assister la Bolivie en tant qu’artisan de paix.
Mais c’est précisément la vaste expérience d’Israël dans la répression brutale – et souvent mortelle – qui rend ses tactiques si faciles à vendre aux régimes de droite dans le monde entier. En Amérique latine en particulier, Israël a été complice de tout, de l’armement et la formation d’escadrons de la mort au Guatemala et au Salvador, allant jusqu’à alimenter le comportement meurtrier de l’ancien dictateur chilien notoire Augusto Pinochet et celui de l’actuel régime chilien.
Est-ce une pure coïncidence, se demande-t-on, si les forces de sécurité israéliennes et chiliennes ont récemment montré un penchant pour viser les yeux ? ...
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