Le défi de la France en Afrique
Article originel : France's Challenge in Africa
Par Sylvie Kauffmann
New York Times
La révolution libyenne de 2011 a provoqué un chaos terroriste durable dans de nombreuses anciennes colonies françaises d'Afrique. Aujourd'hui, la France a besoin de ses alliés pour aider à pacifier la région - si cela peut être fait.
PARIS - C'est une guerre qui échappe à la plupart des écrans radar. Les Français, dont les troupes combattent au Sahel depuis sept ans, ne se posent guère de questions sur leur implication. Ils devraient. Dans ce creuset où l'insurrection islamiste, les conflits locaux anciens, les États fragiles, les hésitations européennes et une stratégie étatsunienne en pleine évolution font un mélange explosif, c'est une guerre qu'ils pourraient bien perdre - ou, dans le meilleur des cas, une guerre qu'ils pourraient ne jamais gagner.
C'est le sombre avertissement que le chef d'état-major des forces armées françaises, le général François Lecointre, a lancé le 27 novembre, un jour après que ses troupes aient subi 13 pertes dans un accident d'hélicoptère au Mali lors d'opérations de combat. "Nous n'obtiendrons jamais la victoire finale", a-t-il déclaré à la radio publique France Inter. "Eviter le pire doit apporter une satisfaction suffisante à un soldat. Aujourd'hui, grâce à notre action constante, nous faisons en sorte que le pire soit évité".
Bienvenue dans le combat impitoyable et ingrat contre les djihadistes du Sahel, une région africaine au sud du Sahara aussi vaste que l'Europe, où 4 500 soldats français ont été déployés en janvier 2013 pour empêcher la capitale du Mali, Bamako, de tomber aux mains d'Al-Qaïda. C'est aujourd'hui l'épicentre de l'insurrection islamiste qui connaît la plus forte croissance au monde. Il y a deux semaines, le gouvernement français a décidé d'envoyer 600 soldats supplémentaires au Sahel. Ce n'est pas une augmentation, mais un signe clair que "éviter le pire" s'avère de plus en plus difficile.
Bamako a été sauvée, mais depuis lors, les groupes islamistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique se sont étendus aux pays voisins, le Niger et le Burkina Faso. Après avoir tué plus de 4 000 personnes l'année dernière et en avoir déplacé plus d'un million, ces groupes menacent désormais quatre pays côtiers d'Afrique de l'Ouest au sud du Burkina Faso, un État qui, comme l'a récemment mis en garde l'International Crisis Group, pourrait constituer "une parfaite rampe de lancement" pour des opérations au Bénin, au Togo, au Ghana et en Côte d'Ivoire.
Comment la France a-t-elle fini par intervenir dans une région qu'elle a quittée il y a environ 60 ans en tant que colonisateur ? Tout a commencé avec l'intervention occidentale franco-britannique en Libye, en 2011. Les troubles qui ont suivi l'insurrection contre le colonel Mouammar el-Kadhafi et sa mort ont attiré des quantités importantes d'hommes et d'armes de la Libye vers le Mali. En 2012, des groupes djihadistes ont conquis Tombouctou et d'autres villes du nord du Mali, imposant un régime de terreur à la population. La France s'est précipitée en troupes, et les forces françaises et locales ont libéré ces villes, suivies par une force de stabilisation des Nations Unies. Mais les insurgés, qui se répandaient comme le désert, se sont dispersés, se déplaçant vers le centre du Mali et plus au sud. Le Niger a été la cible suivante, puis, en 2015, le Burkina Faso...
Traduction SLT
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