Coronomie : Les remèdes ordinaires ne suffiront pas pour un crash surréaliste. L'avenir économique n'a jamais paru aussi sombre (The Spectator)

Coronomie : Les remèdes ordinaires ne suffiront pas pour un crash surréaliste
Article originel : Coronomics: Ordinary remedies won’t be enough for a surreal crash
Par Kate Andrew
The Spectator, 4.04.20

La boule de cristal économique n'a jamais paru aussi sombre.

Nous avons déjà vu des crashs, des récessions et des dépressions, mais rien de tel. Notre peur des coronavirus a entravé et stoppé tous les aspects de la vie quotidienne. Nous regardons par la fenêtre et reconnaissons à peine le pays dans lequel nous sommes : la police filme les promeneurs de chiens et verse de la teinture noire dans les lagons pour dissuader les nageurs. Nous faisons la queue pour les supermarchés aux rayons vides. La bourse s'effondre, monte en flèche, puis s'effondre à nouveau. Aucune des anciennes règles n'a de sens. Bienvenue dans le monde de la coronomie.

S'il s'agissait d'une récession normale, le remède serait simple : encourager les gens à sortir, à dépenser de l'argent et à relancer l'économie. Mais les préoccupations actuelles en matière de santé publique exigent que le gouvernement réprime l'économie, tout en essayant de la maintenir à flot. Les rues sont calmes, les hôtels sont vides, les restaurants, les pubs et les magasins de grande surface sont fermés. Pour lutter contre le virus, l'économie doit hiberner.

Comme l'a fait remarquer Mervyn King, l'économie est excellente pour expliquer ce qui s'est passé - mais elle a du mal à expliquer ce qui pourrait se passer maintenant. Jamais sa boule de cristal n'a semblé aussi trouble. Toutes les analyses et projections économiques faites pour cette année et les suivantes ont été mises en pièces. Les prévisions économiques ressemblent davantage à des espoirs aveugles ou à des suppositions ouvertes.

Les nouvelles tentatives de renversement des prévisions sont pertinentes pendant des heures, voire des jours, avant qu'une nouvelle épidémie ou un plan de relance de plusieurs milliards de livres ne viennent bouleverser les calculs les plus récents. La nouvelle réalité a détruit notre capacité déjà limitée à faire des prévisions économiques. Maintenant, nous sommes tous aveugles.

Il est presque impossible de suivre le rythme de cette catastrophe mondiale que personne n'a vu venir. Le débat fait rage sur la question de savoir si notre réponse au Covid-19 pourrait être une gigantesque fausse alerte, ou si le confinement ne va pas assez loin. Mais d'un point de vue économique, les deux scénarios - ou quelque chose entre les deux - ne changent rien à ce que nous avons appris : face à un nouveau virus, la réaction est de se replier, au cas où il s'avérerait être un tueur. Le capitalisme mondial a développé un tic nerveux, qui s'agite chaque fois qu'un nouveau virus se présente. L'enfermement deviendra un état que nous craignons de retrouver presque sans préavis. Nous devrons organiser notre vie en conséquence.

Tout indique que nous sommes à mi-chemin de la plus forte contraction économique de l'histoire. Les choses vont empirer avant de s'améliorer. Et si les économistes espèrent une reprise en forme de V - c'est-à-dire un ralentissement rapide, suivi d'une hausse rapide de la croissance une fois que l'économie pourra reprendre une activité normale - personne ne sait quand la "normalité" sera à nouveau possible. Les nations les plus avancées et les plus libérales du monde donnent aujourd'hui des directives sérieuses sur la limitation des interactions personnelles, mais aussi des mesures de verrouillage total qui interdisent aux gens de quitter leur domicile sans autorisation. Aucun dirigeant mondial n'est en mesure de donner un coup de pied au cul-de-sac et de fixer une date de fin pour ce mode de vie.

Mais l'histoire économique de Covid-19 ne se résume pas à des fermetures, des verrouillages et des ralentissements. Là où l'économie est encore autorisée à fonctionner, nous assistons à une adaptation spectaculaire du marché : la réaffectation des travailleurs, des ressources et du peu d'argent que nous dépensons actuellement. Ce bouleversement est sans précédent ; rien n'est comparable. Il n'est pas étonnant que le Trésor de Sa Majesté n'ait pas publié le coût estimé de tout cela - il n'a rien pour continuer...

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Traduction SLT

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