Après le Pr. Luc Montagnier, biologiste virologue, prix nobel 2008 pour sa découverte du VIH, c'est au tour d'une virologue chinoise d'alléguer d'une origine artificielle du Covid-19.
Installée aux États-Unis, où elle a fui en avril 2020, Li-Meng Yan, virologue chinoise et dissidente du régime de Pékin, a donné une interview au journal espagnol El Mundo, le 30 juillet 2020, et y a déclaré que le coronavirus actuel, contrairement à ce que l'on croit, n'est pas d'origine naturelle. Elle dit avoir découvert ces faits et les avoir transmis à un contractant à l'OMS qui lui aurait dit de se taire pour la protéger. Jusqu'à présent, l'OMS a démenti l'information et affirme qu'elle n'a pas de contractant du nom de Leo Poon et qu'il n'y a aucune trace de quelqu'un du nom de Li-Meng Yang travaillant dans un laboratoire de Hong Kong selon El Mundo.
Dans une interview sur une chaîne étatsunienne (ci-dessous), en date du 29.07.20, elle déclare que ce virus a été créé dans le laboratoire de Wuhan à partir de virus de chauve-souris et est "la propriété du Parti communiste chinois" (sic).
Nous n'allons pas entrer dans un délire complotiste mais nous voudrions revenir sur deux éléments importants à partir de sources solides:
1. L'hypothèse d'une origine artificielle du virus
2. La particularité du laboratoire de Wuhan construit par la France avec des programmes chinois et étatsuniens sur l'étude des "gains de fonctions" sur les Coronavirus (augmentation de leur virulence et de leur contagiosité chez l'humain par manipulation génétique).
1. L'hypothèse d'une origine artificielle du Coronavirus
Selon Swiss Policy Research (SPR) : "À la mi-mars, certains chercheurs ont fait valoir dans une lettre adressée à la revue Nature Medicine que le virus Covid19 devait être d'origine naturelle et non "issu d'un laboratoire". Ils ont cité la structure du virus et le fait que la liaison au récepteur des cellules ACE2 humaines ne correspondait pas au maximum théorique. Entre-temps, cependant, de nombreux virologistes renommés ont contredit cet argument. Une origine artificielle dans le cadre de la recherche fonctionnelle virologique est "au moins aussi plausible" qu'une origine naturelle. En fait, les coronavirus de ce type font l'objet de recherches intensives dans plusieurs laboratoires depuis près de 20 ans (l'épidémie de SRAS en 2003), disent-ils.
En particulier, les arguments en faveur d'une origine artificielle sont que la liaison au récepteur cellulaire ACE2 humain est nettement plus forte que chez tous les animaux d'origine courants et qu'aucun animal d'origine n'a encore été identifié à ce jour. En outre, le virus contient des séquences de gènes frappantes qui renforcent sa transmissibilité et qui auraient pu être insérées artificiellement (c'est l'hypothèse du Professeur Montagnier, prix nobel de médecine en 2008).
La théorie initiale du marché des animaux à Wuhan a depuis été rejetée parce qu'aucun animal n'y a été testé positif et qu'un tiers des tous premiers patients n'avait aucun lien avec le marché des animaux. Le marché des animaux est maintenant considéré comme un lieu de transmission secondaire.
Entre-temps, d'autres preuves de cette hypothèse sont apparues, d'une part la découverte par la Chine d'un virus assez proche du Covid 19 appartenant à la famille du SRAS en 2013 lors de la survenue de plusieurs morts chez des mineurs qui avaient séjourné dans une mine infestée de chauve-souris. Enfin la notion de découverte par le Pentagone de coronavirus de type MERS et SRAS chez les chauve-souris :
- Révélation : Sept ans de recherche sur le coronavirus, de la survenue de morts dans les mines au laboratoire de Wuhan (The Times)
Le plus proche parent connu du virus Covid-19 a été découvert en 2013 par des scientifiques chinois dans une mine abandonnée où il a été associé à des décès causés par une maladie respiratoire de type coronavirus.
- Pentagon biolab discovered MERS and SARS-like coronaviruses in bats (DG)
Le laboratoire biologique du Pentagone a découvert des coronavirus de type MERS et SRAS chez les chauves-souris.
Néanmoins, outre une éventuelle origine de laboratoire, une origine naturelle reste une possibilité réaliste, même si l'hypothèse du "marché humide de Wuhan" et, plus récemment, celle du pangolin ont entre-temps été écartées par les experts. Selon SPR, "l'observateur impartial doit donc continuer à envisager plusieurs options réalistes : une origine naturelle du virus (comme on le suppose avec le SRAS 2003), un accident de laboratoire dans le cadre de la recherche fonctionnelle (probablement à Wuhan), ou même une libération ciblée par un acteur géopolitiquement intéressé en Orient ou en Occident".
2. La particularité du laboratoire de Wuhan en Chine.
La complexité du laboratoire chinois de Wuhan est qu'il a été construit par la France et que des études expérimentales sur les Coronavirus y étaient financées par les Etats-Unis.
- Coronavirus : après le SRAS, l'énigmatique laboratoire livré par la France à Wuhan (Marianne.net)
D'ailleurs la Chine a accusé les Etats-Unis d'avoir été à l'origine de la dissémination du virus à Wuhan après que la Maison Blanche ait reproché à la Chine de n'avoir rien fait au départ pour endiguer l'épidémie, un argument repris par la virologiste dissidente réfugiée aux Etats-Unis depuis avril 2020 après un transit par Hong-Kong.
"Le jeudi 12.03.20, un porte-parole du ministère des affaires étrangères de la chine, Zhao Lijian a évoqué la responsabilité de l'armée étatsunienne dans la propagation du Covid-19 dans la région de Wuhan en Chine". - La Chine accuse l'armée étatsunienne de l'épidémie de coronavirus. Le lendemain, selon l'AFP, Washington a convoqué l'ambassadeur de Chine après que le "responsable chinois ait relayé une théorie du complot" sur le coronavirus.
On sait à présent de source sûre que le laboratoire virologique de Wuhan, en collaboration avec les États-Unis, a fait des recherches sur les coronavirus et a ainsi généré des "agents pathogènes potentiellement pandémiques" (PPP) particulièrement faciles à transmettre et/ou particulièrement dangereux. En outre, plusieurs accidents de laboratoire avec libération de virus ont eu lieu en Chine et aux États-Unis. La journaliste d'investigation , a révélé récemment, documents à l'appui ( Projet G-2101 : le biolab du Pentagone a découvert des coronavirus de type MERS et SRAS chez les chauves-souris (Armswatch)" , que les Instituts nationaux de la santé des États-Unis (NIH) ont dépensé 3,7 millions de dollars pour des études sur les chauves-souris en Chine (2014-2019) (source : Système de suivi de la responsabilité dans les subventions gouvernementales (TAGGS) du ministère étatsunien de la santé et des services sociaux (HHS).
Une information qui avait été révélée également par Newsweek, "le Dr Fauci a financé le laboratoire controversé de Wuhan avec des millions de dollars US pour réaliser des recherches risquées sur les coronavirus" :
"En 2019, avec le soutien du NIAID, les National Institutes of Health ont engagé 3,7 millions de dollars sur six ans pour la recherche qui comprenait des travaux de gain-de-fonction (Note de SLT : "L'objectif manifeste de ces recherches –dans lesquelles des scientifiques manipulent des pathogènes déjà dangereux afin de créer ou d'augmenter leur contagiosité parmi les humains– est le développement d'outils visant à surveiller l'émergence naturelle de souches pandémiques. Du côté de leurs détracteurs, qui s'expriment dans une série de récentes publications scientifiques, le temps est aux mises en garde: les menaces que font planer ces pathogènes à haut-risque dépasseraient, et de loin, tous les bénéfices qu'il est possible d'en tirer" Source : Slate.fr). Le programme a fait suite à un autre projet de 3,7 millions de dollars sur cinq ans pour la collecte et l'étude des coronavirus des chauves-souris, qui s'est terminé en 2019, portant le total à 7,4 millions de dollars.
De nombreux scientifiques ont critiqué la recherche de gain-de-fonction, qui consiste à manipuler des virus en laboratoire pour explorer leur potentiel d'infection chez l'homme, car elle crée un risque de déclenchement d'une pandémie à partir d'une libération accidentelle.
Le SRAS-CoV-2 , le virus qui provoque actuellement une pandémie mondiale, serait originaire des chauves-souris. Les services de renseignement étatsuniens, après avoir affirmé que le coronavirus était d'origine naturelle, ont concédé le mois dernier que la pandémie pouvait avoir pour origine une fuite du laboratoire de Wuhan. (À ce stade, la plupart des scientifiques disent qu'il est possible - mais peu probable - que le virus pandémique ait été fabriqué ou manipulé).
Le Dr Fauci n'a pas répondu aux demandes de commentaires de Newsweek. Le NIH a répondu par une déclaration selon laquelle "La plupart des virus humains émergents proviennent d'animaux sauvages, et ceux-ci représentent une menace importante pour la santé publique et la biosécurité aux États-Unis et dans le monde, comme l'a démontré l'épidémie de SRAS de 2002-2003, et la pandémie actuelle de COVID-19.... la recherche scientifique indique qu'il n'y a pas de preuve que le virus a été créé en laboratoire.
Les recherches du NIH se sont déroulées en deux temps. La première partie a débuté en 2014 et concernait la surveillance des coronavirus des chauves-souris, et disposait d'un budget de 3,7 millions de dollars. Le programme a financé Shi Zheng-Li, un virologue du laboratoire de Wuhan, et d'autres chercheurs pour étudier et cataloguer les coronavirus des chauves-souris dans la nature. Cette partie du projet a été achevée en 2019."
Ce projet étatsunien sur les coronavirus R01AI110964 en Chine comprenait les activités suivantes : dépistage des CoV chez des chauves-souris sauvages et des chauves-souris commercialisées de 30 espèces ou plus à l'aide de tests moléculaires ; caractérisation génomique et isolement de nouveaux CoV ; expériences d'infection virale sur une série de cultures cellulaires de différentes espèces et de souris humanisées. La proposition de projet précise : "Nous utiliserons les données sur les séquences de la protéine S, la technologie des clones infectieux, les expériences d'infection in vitro et in vivo et l'analyse de la liaison des récepteurs pour tester l'hypothèse selon laquelle les seuils de divergence en pourcentage des séquences de la protéine S prédisent le potentiel de débordement." En termes simples, le "potentiel de débordement" fait référence à la capacité d'un virus à passer des animaux aux humains, ce qui nécessite que le virus soit capable de se fixer aux récepteurs dans les cellules des humains. Le SRAS-CoV-2, par exemple, est capable de se fixer au récepteur ACE2 dans les poumons et autres organes humains.
Selon Richard Ebright, expert en maladies infectieuses à l'université Rutgers, cité par Newsweek, "la description du projet fait référence à des expériences qui permettraient d'améliorer la capacité du coronavirus des chauves-souris à infecter des cellules humaines et des animaux de laboratoire en utilisant des techniques de génie génétique. Dans le sillage de la pandémie, c'est un détail qui mérite d'être souligné".
Ce n'est que tout récemment que Trump a coupé les vivres à ce type de recherche selon Politico.
- Trump cuts U.S. research on bat-human virus transmission over China ties
Peter Daszak, président de Eco Health Alliance, a déclaré à Democracy Now qu'il avait recueilli des échantillons de chauves-souris avec des collègues chinois mais que le laboratoire de Wuhan n'abritait pas la culture des virus de chauves-souris mais plutôt leur séquençage génétique. Si les virus n'étaient pas stockés dans le laboratoire de Wuhan en Chine, alors où étaient-ils alors transportés et stockés ?
Ce n'est pas le seul projet financé par les États-Unis dans le cadre duquel Eco Health Alliance a collecté des chauves-souris et des coronavirus en Chine. Les scientifiques étatsuniens ont étudié les chauves-souris en Asie de l'Est (principalement en Chine) et en Afrique de 2009 à 2019 dans le cadre du programme Predict de l'USAID, doté de 200 millions de dollars, dont l'objectif premier était de prévoir avec précision les pandémies.
L'Eco Health Alliance s'est vu attribuer des contrats civils et militaires par le gouvernement étatsunien pour une seule et même activité : la recherche de nouveaux coronavirus chez les chauves-souris dans le monde entier. On peut donc se demander pourquoi le gouvernement étatsunien a financé à la fois des programmes civils et militaires sur les virus chez les chauves-souris à l'étranger.
En 2016, l'Eco Health Alliance, des scientifiques étatsuniens et l'USAID ont lancé le projet "The Global Virome Project". Ce projet ambitieux était estimé à au moins 1,6 milliard de dollars pour 10 ans. Son principal objectif est d'identifier les maladies émergentes qui se cachent dans la nature et qui pourraient se propager à l'homme et devenir pandémiques...".
Sources :
- Projet R01AI110964. Le NIH étatsunien a déboursé 3,7 millions de dollars pour la recherche sur les Coronavirus en Chine (Armswatch)
- [Vidéo] L'unité A1266 du Pentagone étudie des agents de bioterrorisme au Kazakhstan (Armswatch)
- [Vidéo] Projet G-2101 : le biolab du Pentagone a découvert des coronavirus de type MERS et SRAS chez les chauves-souris (Armswatch)
Néanmoins, le virus Covid19 n'est pas une "arme biologique" au sens classique du terme : le virus est très facilement transférable, mais pas particulièrement dangereux pour la population en général. Des études sur les animaux ont montré que des coronavirus beaucoup plus mortels peuvent être générés.
Alors la question d'un accident de laboratoire à l'origine du Covid-19 ne peut être aussi aisément dissipé. Mais contrairement à ce qu'affirme la dissidente chinoise qui charge le régime de Pékin, les responsabilités pourraient être toutes aussi bien, à y regarder de plus près, dans le camps étatsunien.
Voici un extrait d'un article de The Independent Science News, écrit le 3.06.20 par deux scientifiques, Johnathan Latham et Allison Wilson, tous deux PhD, qui mérite l'attention :
"The Case Is Building That COVID-19 Had a Lab Origin"
("L'origine laborantine du COVID-19 s'étoffe")
Traduction SLT
...L'idée, telle qu'elle s'est appliquée à l'épidémie initiale (2002) de SRAS, est que le virus original de la chauve-souris a infecté une civette. Le virus a ensuite évolué brièvement chez cette espèce animale, mais pas suffisamment pour provoquer une pandémie chez la civette, puis a été capté par un humain avant de s'éteindre chez les civettes. Chez ce premier humain (le patient zéro), le virus a survécu, peut-être à peine, mais il a été transmis, marquant le premier cas de transmission d'homme à homme. Comme il a été transmis successivement à ses premiers hôtes humains, le virus a rapidement évolué, s'adaptant pour mieux infecter ses nouveaux hôtes. Après quelques tentatives de transmission de ce type, la pandémie proprement dite a commencé.
Ce scénario est peut-être à peu près la façon dont l'actuelle pandémie COVID-19 a débuté.
Mais une autre possibilité troublante doit être écartée. Elle découle du fait que la ville de Wuhan (11 millions d'habitants) se trouve être l'épicentre mondial de la recherche sur le coronavirus des chauves-souris ( Hu et al., 2017).
Encouragés par cette proximité, divers chercheurs et médias, notamment le Washington Post, et avec beaucoup plus de données Newsweek, ont établi qu'une origine en laboratoire est une forte possibilité (Zhan et al., 2020 ; Piplani et al., 2020). En d'autres termes, l'un des deux laboratoires de Wuhan qui a travaillé sur les coronavirus a accidentellement laissé échapper un virus naturel ; ou bien le laboratoire a manipulé génétiquement (ou autrement) un virus de type Sars-CoV-2 qui s'est ensuite échappé.
Malheureusement, aux États-Unis du moins, la question de l'origine de la pandémie est devenue un ballon politique ; soit une occasion pour la sinophobie, soit un "jeu de blâme" partisan.
Mais le potentiel d'une libération catastrophique de laboratoires n'est pas un jeu et les problèmes systémiques de compétence et d'opacité ne se limitent certainement pas à la Chine (Lipsitch, 2018). Le ministère étatsunien de la sécurité intérieure (DHS) construit actuellement une nouvelle installation nationale de bio et d'agro-défense à Manhattan, au Kansas. Le DHS a estimé à 70 % le risque sur 50 ans (défini comme ayant un impact économique de 9 à 50 milliards de dollars) d'une libération de son laboratoire.
Lorsqu'un comité du Conseil national de la recherche a inspecté ces estimations du DHS, il a conclu que "le comité constate que les risques et les coûts pourraient bien être sensiblement plus élevés que cela".
Un rapport ultérieur du comité (NAP, 2012) a poursuivi :
"Le comité a été chargé de juger l'adéquation et la validité de l'évaluation des risques spécifiques au site (USSRA). Le comité a identifié de sérieuses préoccupations concernant (1) la mauvaise application des méthodes utilisées pour évaluer les risques, (2) l'incapacité à préciser si et comment les preuves utilisées pour étayer les hypothèses d'évaluation des risques ont été examinées de manière approfondie et évaluées de manière adéquate, (3) l'étendue limitée de la littérature citée et la mauvaise interprétation de certaines des publications importantes, (4) l'incapacité à expliquer les critères utilisés pour sélectionner les hypothèses lorsque les publications sont contradictoires, (5) l'incapacité à prendre en compte les principales voies de risque et (6) le traitement inadéquat de l'incertitude. Ces déficiences ne sont pas aussi problématiques, mais elles se produisent suffisamment fréquemment pour susciter des doutes sur l'adéquation et la validité des résultats de risque présentés. Dans la plupart des cas (par exemple, les activités opérationnelles du NBAF), les problèmes identifiés conduisent à une sous-estimation du risque ; dans d'autres cas (par exemple, les catastrophes naturelles), les risques peuvent être surestimés. En conséquence, le comité conclut que l'USSRA est techniquement inadéquate sur des points critiques et constitue une base insuffisante pour juger des risques associés au NBAF proposé à Manhattan, au Kansas".
La Chine, quant à elle, ayant ouvert son premier laboratoire à Wuhan en 2018, prévoit de déployer un réseau national de laboratoires BSL-4 (Yuan, 2019). Comme de nombreux autres pays, elle investit considérablement dans la surveillance des maladies et la collecte de virus provenant de populations animales sauvages, ainsi que dans la recherche de virus recombinants à haut risque avec des agents pathogènes pandémiques potentiels (PPP).
Le 4 mai, les nations et les organisations philanthropiques mondiales, réunies à Bruxelles, ont engagé 7,4 milliards de dollars pour la préparation aux futures pandémies. Mais la question qui plane sur tous ces investissements est la suivante : le laboratoire de Wuhan, au centre des allégations de libération accidentelle, est chargé de la préparation aux pandémies. Si la pandémie COVID-19 a commencé là, alors nous devons repenser radicalement les idées actuelles de préparation à la pandémie au niveau mondial. De nombreux chercheurs pensent déjà que nous devrions le faire, tant pour des raisons de sécurité que d'efficacité ( Lipsitch et Galvani, 2014; Weiss et al., 2015; Lipsitch, 2018) ). Le pire résultat possible serait que ceux qui ont donné des milliards accélèrent l'arrivée de la prochaine pandémie...
...
La thèse d'évasion du COVID-19 du laboratoire de Wuhan
L'essence de la théorie de l'évasion du laboratoire est que Wuhan est le site de l'Institut de virologie de Wuhan (WIV), la première et la seule installation chinoise de niveau de biosécurité 4 (BSL-4). (BSL-4 est le niveau de sécurité le plus élevé pour les agents pathogènes). Le WIV, qui n'a ajouté un laboratoire de niveau de sécurité biologique 4 qu'en 2018, a collecté un grand nombre de coronavirus à partir d'échantillons de chauves-souris depuis l'apparition du SRAS en 2002-2003, et en a collecté d'autres en 2016 ( Hu, et al., 2017; Zhou et al., 2018).
Sous la direction du chercheur Zheng-Li Shi, les scientifiques du WIV ont également publié des expériences dans lesquelles des coronavirus de chauves-souris vivants ont été introduits dans des cellules humaines (Hu et al., 2017). En outre, selon un article du 14 avril paru dans le Washington Post, le personnel de l'ambassade étatsunienne a visité le WIV en 2018 et "a eu de graves préoccupations en matière de sécurité biologique" dans cet établissement. Le WIV se trouve à seulement huit miles du marché d'animaux vivants de Huanan, qui a été initialement considéré comme le site d'origine de la pandémie COVID-19.
Wuhan abrite également un laboratoire appelé Wuhan Centers for Disease Prevention and Control (WCDPC). Il s'agit d'un laboratoire BSL-2 qui se trouve à 250 mètres seulement du marché de Huanan. Les coronavirus des chauves-souris ont été conservés dans le passé au laboratoire du WCDPC de Wuhan.
La théorie de l'évasion du laboratoire est donc que les chercheurs de l'un ou des deux laboratoires ont peut-être détecté un coronavirus de chauve-souris de type Sars-CoV-2 lors de l'un de leurs nombreux voyages de collecte (aussi appelé "surveillance du virus"). Ou alors, un virus qu'ils étudiaient, transmettaient, manipulaient ou manipulaient d'une autre manière s'est échappé.
Évaluations scientifiques de la théorie de l'évasion en laboratoire
Le 17 avril, le Centre australien des médias scientifiques a interrogé quatre virologues australiens : "Le COVID-19 provient-il d'un laboratoire de Wuhan ?"
Trois d'entre eux (Edward Holmes, Nigel McMillan et Hassan Vally) ont rejeté la suggestion d'évasion du laboratoire et Vally l'a simplement qualifiée, sans plus de précisions, de "conspiration".
Le quatrième virologue interrogé était Nikolai Petrovsky de l'université Flinders. Petrovsky a d'abord abordé la question de savoir si la voie naturelle des zoonoses était viable. Il a déclaré au Centre des médias :
"aucun virus naturel correspondant au COVID-19 n'a été trouvé dans la nature malgré une recherche intensive pour en trouver les origines".
Autrement dit, l'idée d'un intermédiaire animal est une spéculation. En effet, aucun intermédiaire viral ou animal hôte crédible, que ce soit sous la forme d'un hôte animal confirmé ou d'un intermédiaire viral plausible, n'est apparu à ce jour pour expliquer le transfert zoonotique naturel de Sars-CoV-2 à l'homme (cf. Zhan et al., 2020).
Outre l'argument de Petrovsky, la thèse du transfert zoonotique naturel présente deux autres difficultés (outre la faible association épidémiologique entre les premiers cas et le marché "humide" de Huanan).
La première est que des chercheurs du laboratoire de Wuhan se sont rendus dans des grottes du Yunnan (à 1 500 km de là) pour trouver des chauves-souris contenant des coronavirus semblables au SRAS. À ce jour, le parent vivant le plus proche du Sars-CoV-2 jamais trouvé vient du Yunnan (Ge et al., 2016). Pourquoi une épidémie de virus des chauves-souris se produirait-elle donc à Wuhan ?
De plus, la Chine compte une population de 1,3 milliard d'habitants. Si les retombées du commerce des espèces sauvages étaient l'explication, alors, toutes choses égales par ailleurs, la probabilité qu'une pandémie débute à Wuhan (11 millions d'habitants) est inférieure à 1%.
Zheng-Li Shi, responsable de la recherche sur les coronavirus des chauves-souris au WIV, l'a déclaré à Scientific American :
"Je ne m'attendais pas à ce que ce genre de chose se produise à Wuhan, en Chine centrale." Ses études ont montré que les provinces subtropicales du sud, le Guangdong, le Guangxi et le Yunnan, présentent le plus grand risque de voir les coronavirus passer des animaux aux humains, en particulier les chauves-souris, un réservoir connu. Si les coronavirus étaient les coupables, elle se souvient avoir pensé : "Pourraient-ils venir de notre laboratoire ?"
Wuhan, en bref, est un épicentre assez improbable pour un transfert zoonotique naturel. En revanche, suspecter que le Sars-CoV-2 puisse provenir du WIV est à la fois raisonnable et évident.
Le Sars-CoV-2 a-t-il été créé dans un laboratoire ?
Dans sa déclaration, Petrovsky poursuit en décrivant le type d'expérience qui, en principe, si elle était réalisée en laboratoire, permettrait d'obtenir le même résultat que l'adaptation rapide d'un coronavirus de chauve-souris à un hôte humain par transfert zoonotique naturel.
"Prenez un coronavirus de chauve-souris qui n'est pas infectieux pour l'homme, et forcez sa sélection en le cultivant avec des cellules qui expriment le récepteur ACE2 humain, de telles cellules ayant été créées il y a de nombreuses années pour cultiver les coronavirus du SRAS et vous pouvez forcer le virus de la chauve-souris à s'adapter pour infecter des cellules humaines via des mutations dans sa protéine de pointe, ce qui aurait pour effet d'augmenter la force de sa liaison à l'ACE2 humain, et inévitablement de réduire la force de sa liaison à l'ACE2 de la chauve-souris.
Les virus en culture prolongée développeront également d'autres mutations aléatoires qui n'affecteront pas sa fonction. Le résultat de ces expériences est un virus très virulent chez l'homme mais suffisamment différent pour ne plus ressembler au virus originel de la chauve-souris. Comme les mutations sont acquises au hasard par sélection, il n'y a pas de signature d'un jockey de gènes humains, mais il s'agit clairement d'un virus encore créé par l'intervention humaine".
En d'autres termes, Petrovsky pense que les méthodes expérimentales actuelles pourraient avoir conduit à un virus modifié qui s'est échappé.
Passage, recherche GOF et évasions d'un laboratoire
L'expérience mentionnée par Petrovsky représente une classe d'expériences appelée "passage". Le passage consiste à placer un virus vivant dans un animal ou une culture cellulaire à laquelle il n'est pas adapté, puis, avant que le virus ne s'éteigne, à le transférer à un autre animal ou à une autre cellule du même type. Le passage se fait souvent de manière itérative. La théorie veut que le virus évolue rapidement (car les virus ont un taux de mutation élevé) et s'adapte au nouveau type d'animal ou de cellule. Le passage d'un virus, en lui permettant de s'adapter à sa nouvelle situation, crée un nouvel agent pathogène.
La plus célèbre expérience de ce type a été menée dans le laboratoire du chercheur néerlandais Ron Fouchier. Fouchier a pris un virus de la grippe aviaire (H5N1) qui n'infectait pas les furets (ou d'autres mammifères) et l'a transmis en série à des furets. L'objectif de l'expérience était précisément de mettre au point un PPP. Après dix passages, les chercheurs ont constaté que le virus avait effectivement évolué, non seulement pour infecter les furets mais aussi pour se transmettre à d'autres dans des cages voisines (Herfst et al., 2012). Ils avaient créé un virus de furet aéroporté, un agent pathogène pandémique potentiel et une tempête dans la communauté scientifique internationale.
La deuxième catégorie d'expériences qui ont souvent fait l'objet de critiques est celle des expériences GOF. Dans la recherche sur les GOF, un nouveau virus est délibérément créé, soit par mutation in vitro, soit en coupant et collant ensemble deux (ou plusieurs) virus. L'objectif de ces reconfigurations est de rendre les virus plus infectieux en ajoutant de nouvelles fonctions telles qu'une infectivité ou une pathogénicité accrue. Ces nouveaux virus sont ensuite expérimentés, soit dans des cultures cellulaires, soit sur des animaux entiers. Il s'agit de la catégorie d'expériences interdites aux États-Unis de 2014 à 2017.
Certains chercheurs ont même combiné les expériences sur le GOF et le passage en utilisant des virus recombinants dans des expériences de passage (Sheahan et al., 2008).
Ces expériences nécessitent toutes des techniques d'ADN recombinant et des expériences sur des animaux ou des cultures cellulaires. Mais l'hypothèse la plus simple sur la manière dont le Sars-CoV-2 a pu être causé par la recherche est simplement de supposer qu'un chercheur du WIV ou du WCDCP a été infecté au cours d'une expédition de collecte et a transmis son virus de chauve-souris à ses collègues ou à sa famille. Le virus naturel a alors évolué, dans ces premiers cas, en Sars-CoV-2. Pour cette raison, même les voyages de collecte ont leurs détracteurs. L'épidémiologiste Richard Ebright les appelle "la définition de la folie". La manipulation d'animaux et d'échantillons expose les collectionneurs à de multiples agents pathogènes et le retour à leurs laboratoires ramène ensuite ces agents pathogènes dans des lieux très fréquentés.
Le WIV faisait-il des expériences susceptibles de déboucher sur des PPP ( "agents pathogènes potentiellement pandémiques)?
Depuis 2004, peu après la première épidémie de SRAS, des chercheurs de la WIV ont collecté des coronavirus de chauves-souris dans le cadre d'une recherche intensive de pathogènes similaires au SRAS (Li et al., 2005). Depuis le premier voyage de collecte, de nombreuses autres recherches ont été menées (Ge et al., 2013; Ge et al., 2016; Hu et al., 2017; Zhou et al., 2018).
Petrovsky ne le mentionne pas, mais le groupe de Zheng-Li Shi au WIV a déjà réalisé des expériences très similaires à celles qu'il décrit, en utilisant les virus collectés. En 2013, le laboratoire de Shi a déclaré avoir isolé un clone infectieux d'un coronavirus de chauve-souris qu'ils ont appelé WIV-1 (Ge et al., 2013). Le WIV-1 a été obtenu en introduisant un coronavirus de chauve-souris dans des cellules de singe, en le faisant passer, puis en testant son infectiosité dans des lignées cellulaires humaines (HeLa) conçues pour exprimer le récepteur ACE2 humain (Ge et al., 2013).
En 2014, juste avant l'entrée en vigueur de l'interdiction américaine de la recherche sur les coronavirus des chauves-souris, Zheng-Li Shi du WIV a co-écrit un article avec le laboratoire de Ralph Baric en Caroline du Nord qui a effectué des recherches sur les coronavirus des chauves-souris dans le cadre du GOF (Menachery et al., 2015).
Dans cette série particulière d'expériences, les chercheurs ont combiné "le pic du coronavirus de chauve-souris SHC014 dans une épine dorsale du SRAS-CoV adaptée à la souris" en un seul virus vivant conçu. Le pic a été fourni par le laboratoire de Shi. Ils ont introduit ce virus chauve-souris/homme/souris dans des cultures de cellules des voies respiratoires humaines et dans des souris vivantes. Les chercheurs ont observé une "pathogenèse notable" chez les souris infectées (Menachery et al. 2015). La partie de ce virus adaptée aux souris provient d'une expérience réalisée en 2007, au cours de laquelle le laboratoire Baric a créé un virus appelé rMA15 par passage (Roberts et al., 2007). Ce rMA15 était "hautement virulent et mortel" pour les souris. Selon cet article, les souris ont succombé à une "infection virale massive".
En 2017, toujours dans le but d'identifier les virus de chauve-souris capables de se lier à l'ACE2, le laboratoire Shi du WIV a signalé avoir réussi à infecter des lignées cellulaires humaines (HeLa) conçues pour exprimer le récepteur ACE2 humain avec quatre coronavirus de chauve-souris différents. Deux de ces coronavirus étaient des virus de chauve-souris recombinants (chimériques) fabriqués en laboratoire. Les virus sauvages et recombinants ont tous deux été brièvement transmis dans des cellules de singe (Hu et al., 2017).
Ensemble, ces articles montrent que : 1) le laboratoire de Shi a collecté de nombreux échantillons de chauves-souris en mettant l'accent sur la collecte de souches de coronavirus similaires à celles du SRAS, 2) ils ont cultivé des virus vivants et ont mené des expériences de transmission sur ceux-ci, 3) des membres du laboratoire de Zheng-Li Shi ont participé à des expériences GOF menées en Caroline du Nord sur les coronavirus de chauves-souris, 4) le laboratoire de Shi a produit des coronavirus de chauves-souris recombinants et les a placés dans des cellules humaines et des cellules de singe. Toutes ces expériences ont été menées dans des cellules contenant des récepteurs ACE2 humains ou de singe.
L'objectif principal de ces travaux était de voir si un agent pathogène amélioré pouvait émerger de la nature en en créant un en laboratoire. (Pour un résumé technique très instructif des recherches du WIV sur les coronavirus des chauves-souris et de leurs collaborateurs, nous vous recommandons ce post, écrit par l'entrepreneur en biotechnologie Yuri Deigin).
Il semble également que le laboratoire Shi de WIV avait l'intention de poursuivre ces recherches. En 2013 et de nouveau en 2017, Zheng-Li Shi (avec l'aide d'une organisation à but non lucratif appelée EcoHealth Alliance) a obtenu une subvention des National Institutes of Health (NIH) des États-Unis. C'est ce que proposait la dernière subvention de ce type :
"la gamme d'hôtes (c'est-à-dire le potentiel d'émergence) sera testée expérimentalement en utilisant la génétique inverse, des tests de liaison aux pseudovirus et aux récepteurs, et des expériences d'infection virale sur une gamme de cultures cellulaires provenant de différentes espèces et de souris humanisées" (projet NIH #5R01Al110964-04).
On ne saurait trop insister sur le fait que la logique centrale de cette subvention était de tester le potentiel pandémique des coronavirus de chauves-souris liés au SRAS en fabriquant des coronavirus à potentiel pandémique, soit par génie génétique, soit par transmission, ou les deux.
En dehors des descriptions dans leurs publications, nous ne savons pas encore exactement quels virus le WIV expérimentait, mais il est certainement intrigant de constater que de nombreuses publications depuis l'apparition du Sars-CoV-2 ont laissé perplexe sur le fait que la protéine de pic du SARS-CoV-2 se lie avec une affinité exceptionnellement élevée au récepteur ACE2 humain "au moins dix fois plus étroitement" que le SARS originel (Zhou et al., 2020; Wrapp et al., 2020; Wan et al., 2020; Walls et al., 2020; Letko et al., 2020).
Cette affinité est d'autant plus remarquable que les études de modélisation du pic du CoV-2 du SRAS ne tiennent pas compte des autres espèces, y compris les intermédiaires supposés comme les serpents, les civettes et les pangolins (Piplani et al., 2020). Dans cette prépublication, ces modélisateurs ont conclu : "Cela indique que le CoV-2 du SRAS est un agent pathogène humain hautement adapté".
Compte tenu de l'historique des recherches et des collections du laboratoire de Shi à la WIV, il est donc tout à fait plausible qu'un cornavirus de chauve-souris similaire au SRAS, ancêtre du Sars-CoV-2, ait été formé sur le récepteur humain ACE2 en le faisant passer dans des cellules exprimant ce récepteur.
[Le 4 juin, un excellent article du Bulletin of the Atomic Scientists est allé plus loin. Signalant ce que nous avions négligé, que le laboratoire de Shi amplifiait également les protéines de pointe des coronavirus collectés, ce qui les rendrait disponibles pour l'expérimentation GOF (Ge et al., 2016)].
Alors accident de laboratoire ou origine naturelle, nous attendrons, quant à nous d'avoir beaucoup plus d'éléments solides pour nous prononcer en faveur de la première hypothèse. Pour l'instant, il s'agit de spéculations.
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