La politique de Biden à l'égard de l'Iran n'est rien d'autre que la politique de l'Iran de Trump avec un drapeau arc-en-ciel en Emoji (Consortium News)

La politique de Biden à l'égard de l'Iran n'est rien d'autre que la politique de l'Iran de Trump avec un drapeau arc-en-ciel en Emoji
Article originel : Biden’s Iran Policy Is Just Trump’s Iran Policy With A Rainbow Flag Emoji
Par Caitlin Johnston, CaitlinJohnstone.com
Consortium News, 8.02.21

Selon Caitlin Johnstone, l'argument de Téhéran selon lequel il est de la responsabilité de Washington de revenir d'abord à la conformité est incontestable.

Le président Joe Biden, au centre, avec la vice-présidente Kamala Harris et le secrétaire d'État Antony Blinken lors d'une réunion au département d'État, le 4 février 2021. (Département d'État, Ron Przysucha)

Dans une nouvelle interview accordée à CBS Evening News, le président Biden a confirmé que son administration ne lèvera pas les sanctions imposées à l'Iran afin d'amener Téhéran à la table des négociations pour le rétablissement du Plan d'action global conjoint (JCPOA), communément appelé l'accord nucléaire iranien.

"Les Etats-Unis lèveront-ils d'abord les sanctions afin de ramener l'Iran à la table des négociations ?" C'est la question posée à Biden par Norah O'Donnell, de CBS.

"Non", a répondu le président.

"Ils doivent d'abord arrêter d'enrichir l'uranium", a demandé O'Donnell.

Biden a acquiescé en faisant un signe de la tête en réponse.

With Iran resuming its enrichment of uranium, we asked Pres. Biden if the U.S. will lift sanctions first in order to get Iran back to the negotiating table on a nuclear deal.

“No,” Pres. Biden says, affirming that Iran will have to stop its enrichment program first pic.twitter.com/OPszf15Q1o

— Norah O'Donnell ?? (@NorahODonnell) February 7, 2021

https://twitter.com/NorahODonnell/status/1358441977474334721

Il y a plusieurs choses qui sont ridicules à ce sujet, la première étant que le JCPOA n'exige pas du tout que l'Iran "cesse d'enrichir de l'uranium". Comme l'explique Arash Karami, d'Al-Monitor, l'accord prévoit seulement que l'Iran "maintienne son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 3,67 %", un niveau qu'il n'a commencé à dépasser que lorsque l'administration Trump s'est retirée de l'accord et a imposé des sanctions. L'administration a ensuite précisé que Biden signifiait que l'Iran devrait revenir à ses niveaux de JCPOA avant que les négociations puissent commencer, mais le fait que ni le président des États-Unis ni la journaliste de haut niveau qui l'a interviewé ne semblent avoir été clairs à ce sujet en dit long sur la nature insipide de la classe politique/médiatique étatsunienne.

Plus important encore, cela confirme que Biden poursuit en fait la politique iranienne de Trump. Trump a commencé à étrangler l'Iran avec des sanctions écrasantes dans le but de le forcer à obéir aux diktats étatsuniens, et Biden poursuit cette même strangulation tout en continuant à exiger le respect de ses diktats. Les exigences sont peut-être un peu différentes, mais l'effet est identique puisque Téhéran ne s'inclinerait jamais devant l'une ou l'autre d'entre elles.

Le gouvernement iranien a clairement indiqué à plusieurs reprises qu'il ne rejoindra pas le JCPOA tant que les États-Unis ne se seront pas conformés à nouveau, puisque ce sont les États-Unis qui l'ont abandonné en premier.

Il prétend, à juste titre, qu'il était en pleine conformité avec l'accord lorsque l'administration Trump s'est retirée unilatéralement en mai 2018. L'argument selon lequel il est donc de la responsabilité de Washington de se conformer à nouveau en premier lieu est incontestable. Pourquoi voudrait-il revenir à un accord avec un gouvernement qui agit clairement de mauvaise foi et qui pourrait simplement faire marche arrière et imposer à nouveau des sanctions visant à tuer des civils ?

Biden's foreign policy team is entranced by the belief it can repeat what it thinks was a big victory over Iran in the JCPOA by exploiting the sanctions inherited from Trump to force #Iran to accept new US demands. But It isn't going to worth that way. https://t.co/frtlshpsPV

— Gareth Porter (@GarethPorter) January 26, 2021

    L'équipe de politique étrangère de Biden est confortée par la conviction qu'elle peut répéter ce qu'elle pense être une grande victoire sur l'Iran dans le cadre du JCPOA en exploitant les sanctions héritées de Trump pour forcer #Iran à accepter de nouvelles exigences des Etats-Unis. Mais cela ne servira à rien de cette façon. https://t.co/frtlshpsPV

    - Gareth Porter (@GarethPorter) 26 janvier 2021

Et il s'agit juste de revenir à la table des négociations pour réintroduire l'accord tel qu'il est écrit. Gareth Porter a rapporté le mois dernier que l'administration Biden pourrait utiliser le régime de sanctions hérité de la présidence précédente comme un "atout" pour tenter de contraindre Téhéran à accepter une version modifiée de l'accord.

Les États-Unis ne sont pas pressés

Aucune de ces choses ne se produira. L'Iran ne modifiera pas l'accord, et il ne reviendra pas en conformité avant que le gouvernement qui a abandonné l'accord ne revienne en conformité. Et l'administration Biden semble être parfaitement d'accord avec cela, jouant apparemment avec l'idée d'attendre jusqu'après les élections présidentielles iraniennes de juin pour même commencer à s'approcher de l'accord.

Le résultat final est que nous avons toujours une présidence étatsunienne qui mène une guerre économique contre l'Iran exactement de la même manière qu'elle le faisait avant le 20 janvier.

Les civils sont encore en train de se faire éliminer par une nation bien plus puissante qui ne les considère pas comme des êtres humains, et ce n'est qu'une question de temps avant que cette administration ou une autre ne provoque une nouvelle flambée qui pousse les choses au bord d'une guerre chaude comme nous l'avons vu il y a un an.

La politique iranienne de Biden n'est en fait qu'une continuation de la politique iranienne de Trump dont les libéraux peuvent se réjouir. C'est la politique de Trump en Iran avec des différences de genre.

Choisir de poursuivre une ligne de conduite immorale est tout aussi immoral que de choisir d'engager une ligne de conduite immorale. Si vous battez quelqu'un et que vous partez quand j'arrive, et que je choisis de continuer à l'agresser, je suis aussi coupable que vous de cette agression. Les présidents qui choisissent de perpétuer les politiques dépravées les uns des autres sont tout aussi coupables de cette dépravation que leurs prédécesseurs.

Les sanctions de famine sont le seul type de guerre dans lequel il est considéré comme normal et acceptable de viser délibérément une population civile avec une force mortelle. Mais ce n'est ni normal, ni acceptable. Biden et son équipe de ventriloques s'approprient pleinement les effets de leur bellicisme. Ils ne se contentent pas de gribouiller "TRUMP'S FAULT" au crayon et d'agir comme s'ils étaient innocents.

Les médias grand public se focalisent sur les différences entre l'administration Biden et l'administration Trump, tout comme ils se focalisaient sur les différences entre l'administration Trump et l'administration Obama il y a quatre ans. Si vous pouvez mettre en sourdine cette bande sonore insipide et regarder plutôt les similitudes entre les administrations, indépendamment de l'affiliation politique et des programmes de campagne, vous en apprendrez beaucoup plus sur ce qui se passe réellement dans le monde.

Traduction SLT

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