La mort de l'Europe
Article originel : The Death of Europe
Par Brendan O'Neil
Spiked, 6.12.21
L'Europe est au bord du précipice. Elle a marché, aveuglément, vers quelque chose qui ressemble beaucoup à une tyrannie. L'Autriche va bientôt criminaliser ceux qui refusent le vaccin contre la Covid. L'Allemagne semble prête à suivre. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se demande à voix haute si tous les Etats membres ne devraient pas faire de même et faire des délinquants de ceux qui refusent cette forme de médication. En Italie, on est privé de son gagne-pain plutôt que de sa liberté si l'on refuse la vaccination : les non-vaccinés n'ont pas le droit de travailler. N'importe où. En Grèce, toute personne âgée de plus de 60 ans doit verser au gouvernement 100 euros pour chaque mois où elle n'est pas vaccinée. Comme si le gouvernement grec, de mèche avec ses maîtres à Bruxelles, n'avait pas déjà suffisamment paupérisé les retraités grecs.
À Rotterdam, la police a ouvert le feu sur des personnes qui protestaient contre les restrictions imposées par la Covid. Trois personnes ont été gravement blessées. Les flics autrichiens ont brandi des matraques et des boucliers contre les milliers de personnes qui sont descendues dans les rues de Vienne pour dire non au vaccin obligatoire. À Bruxelles, le cœur noir et bureaucratique du projet européen, des canons à eau et des gaz lacrymogènes ont été lâchés sur des citoyens s'agitant contre les laissez-passer vaccinaux. L'ironie est presque trop forte : dans le quartier européen de Bruxelles, la partie de l'Europe dans laquelle la sensibilité européenne moderne a été forgée par des politiciens, des experts et des technocrates, des gens ordinaires font un geste pour la liberté et les forces de ce nouveau continent prétendument libéral les écrasent. Rarement les fanfaronnades de l'Europe moderne sur les "droits de l'homme" et le "respect" n'ont été aussi sauvagement exposées.
Ce qui se passe actuellement en Europe est tout simplement terrifiant. Nous ne sommes pas simplement témoins d'une nouvelle série de restrictions contre la Covid. Il ne s'agit pas simplement de l'introduction d'une autre série de mesures d'urgence que certains croient nécessaires pour repousser la dernière vague Covid et la menace Omicron qui se profile à l'horizon. Non, nous vivons une refonte effrayante de l'ensemble de la relation entre l'État et l'individu, avec un État doté de pouvoirs si extraordinaires qu'il peut désormais donner des instructions à ses citoyens sur ce qu'ils doivent s'injecter dans leur corps, et un individu si émacié politiquement, si dépourvu de droits, qu'il ne jouit même plus de la souveraineté sur lui-même, sur cette minuscule partie du monde qu'est son corps et son esprit. Nous assistons à la mort violente du libéralisme européen et aux douleurs naissantes d'une ère nouvelle et profondément autoritaire.
Beaucoup semblent ne pas reconnaître la gravité de l'évolution de la vaccination obligatoire. Même ceux d'entre nous qui sont en faveur de la vaccination, qui ont été joyeusement vaccinés contre la Covid-19, devraient voir avec rien moins que de l'horreur la proposition selon laquelle ce devrait être un délit de ne pas être vacciné ; qu'un citoyen devrait être condamné à une amende de milliers et milliers d'euros s'il refuse ce traitement. L'une des idées discutées en Autriche avant l'introduction de la loi sur la vaccination obligatoire en février est que les citoyens qui refusent la vaccination seront convoqués devant un tribunal local. S'ils ignorent la convocation à deux reprises, ils s'exposent à une amende de 3 600 euros. S'ils continuent à ignorer la demande de l'État de recevoir un traitement médical qu'ils ne veulent pas, ils devront payer une amende de 7 200 euros. Ces amendes peuvent mettre leur vie en danger. Il n'est pas question - pour l'instant - d'emprisonner les personnes qui refusent le vaccin, mais l'État autrichien montre clairement qu'il sera heureux d'user de son pouvoir pour précipiter les non-vaccinés dans la misère...