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Le Monde prend-il parti pour les autorités ukrainiennes et couvre-t-il les néonazis du bataillon d'Azov en Ukraine ?

par SLT 20 Mars 2022, 04:49 Le Monde Ukraine Médias Guerre Propagande Allégations Azov Néo-nazi Russie Articles de Sam La Touch

MAJ au 26.03.22 voir fin d'article.

Le Monde, comme bon nombre de médias atlantistes, reprend souvent mots pour mots le discours et les déclarations des autorités ukrainiennes. Ils ont pris parti pour l'agressé et on ne veut pas les blâmer sauf que l'exercice et la déontologie journalistiques voudraient qu'il y ait une once de critique de ces mêmes autorités pour ne pas être contaminé par la propagande d'un camp en temps de guerre.

Pour exemple, Le Monde ainsi qu'une grande majorité de médias français atlantistes avaient repris la fausse information ukrainienne de l'île aux serpents selon laquelle les soldats ukrainiens seraient morts en martyr face aux bombardements russes en leur criant "allez vous faire foutre" pour défendre leur île le 24.02.22. Il s'agissait d'une pure intox dénoncée par les médias pro-russes en son temps. Dès le 25.02.22, nous avions fait oeuvre de vérification des sources d'information et mis en perspective la propagande russe ou information russe et la propagande atlantiste ou information, c'est selon.
L'article du Monde s'intitulait Offensive russe sur l’île des Serpents… et ses gisements de gaz.


Cet article en date du 26.02.22 bien que critique évoquait comme un fait  le bombardement de 13 soldats ukrainiens par l'armée russe sur l'Île des Serpents qui contrôle l'accès à des gisements de gaz : "Le 24 février, un navire de l’armée russe a bombardé ce petit confetti de 17 hectares, laissant à terre treize soldats ukrainiens pulvérisés par les bombes, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce n’était pas le fait d’une armée qui tire sur tout ce qui bouge, mais un calcul très précis. Celui qui contrôle cette île minuscule met la main sur les énormes gisements de gaz cachés dans les tréfonds de la mer Noire."
Pourtant, dès le 26.02.22, les autorités ukrainiennes ont commencé à revenir sur leurs dires: Voir la déclaration des service national des gardes-frontières ukrainiens (SBGSU) en date du 26.02.22
(Traduction française à la fin de cet article : cliquez ici).
Il a fallu attendre le 2.03.22 pour que Le Monde publie un démenti : "En deux temps, samedi tout d’abord, puis lundi, les autorités ukrainiennes ont changé de version, indiquant que « les défenseurs » de l’île aux Serpents pourraient être en vie et captifs des forces russes, affirmation que Le Monde n’est pas parvenu à se faire confirmer à cette heure."

Pourtant l'info était disponible dès le 25.02.22 en consultant les médias pro-russes ou russes et le 26.02.22 en consultant la déclaration des gardes-frontières ukrainiens. Comme ces médias ont été censurés par l'UE en la date du 27.02.22, il n'est sans doute pas facile pour les journalistes de s'informer sur ce sujet mais pour l'île aux Serpents, les informations étaient disponible avant que l'UE bannisse les médias russes et disponible via la déclaration des gardes-frontières ukrainiens non censurées ultérieurement.


Voici un nouvel exemple du travail de copier-coller du Monde sur les autorités ukrainiennes. Cette fois-ci à propos de Mariupol. Dans leur "live" du 19.03.22 sur la guerre en Ukraine, que nous suivons allègrement et dont nous rapportons certaines infos ainsi que celles d'autres médias atlantistes, pro-russes ou autres pour donner une vision plus complète et réel du conflit en nous intéressant aux différents points de vue,  Le Monde rapporte que l'usine d'Azovstov a été détruite.

- 20.03.22 05h05 Azovstal, une des plus grandes usines sidérurgiques d’Europe endommagée à Marioupol. La députée ukrainienne Lesia Vasylenko a publié sur Twitter une vidéo de l’usine métallurgique Azovstal en flamme après un bombardement qui l’a fortement endommagée samedi. « Une des plus grandes usines métallurgiques d’Europe est détruite. Les pertes économiques pour l’Ukraine sont immenses », s’est-elle lamenté.

 

Pourtant Le Monde ne publie pas de contre-points pour éclairer le  contexte de ce bombardement en ne révélant pas que cette usine sert de base aux néonazis ukrainiens du bataillon d'Azov qui s'y sont réfugiés. Ils ont toutefois évoqué antérieurement dans le même live à 21h31 les combats autour de l'usine d'Azovstal sams y préciser la présence du sinistre bataillon Azov : 
Le Monde 19.03.22 21h31 Le point sur la situation samedi soir

  • L’armée russe est entrée samedi dans la ville de Marioupol, assiégée depuis presque trois semaines. De violents combats ont eu lieu toute la journée, notamment autour de l’usine sidérurgique Azovstal, et Kiev a admis avoir perdu l’accès à la mer d’Azov. « Des enfants, des personnes âgées sont en train de mourir. La ville est détruite, elle est rayée de la surface de la Terre », a déclaré un officier de police de la ville, dans une vidéo adressée aux dirigeants occidentaux dans laquelle il implore leur aide.

 

Pour cela il faut se référer aux médias pro-russes notamment South Front ou Donbass Insider qui donnent des précisions qui éclairent le bombardement de cette usine sidérurgique :
- SF 19.03.22 Guerre en Ukraine - 23e jour : les forces russes sont en passe d'atteindre leurs objectifs stratégiques. Le 18 mars, les forces conjointes de la Fédération de Russie et de la RPD et RPL ont obtenu quelques résultats tactiques dans des zones stratégiquement importantes. De violents combats de rue se poursuivent dans la ville de Marioupol. Les forces de la RPD continuent d'avancer, signalant des succès significatifs dans le district de Levoberezhny. L'administration locale du district est maintenant sous le contrôle de la RPD. L'aéroport de Mariupol, situé à la périphérie ouest de la ville, est passé sous le contrôle de la RPD. Les affrontements ont atteint l'usine Azovstal, où les bataillons nationalistes ont établi d'importantes fortifications. La zone industrielle d'Azovstal reste actuellement l'un des derniers véritables bastions des forces de Kiev à Mariupol. Des frappes aériennes massives ont touché l'usine aujourd'hui.
 

En reprenent souvent les déclarations des autorités ukrainiennes sans les mettre en perspective avec les déclarations russes, Le Monde donne-t-il une version tronquée de la situation en Ukraine au risque de couvrir les exactions des néo-nazis du bataillon d'Azov qui est accusé de prendre en otage des civils selon des médias pro-russes tels que Donbass Insider ou South Front ? Ainsi dans  leur direct du 19.03.22 lorsqu'il est question de Mariupol, le bataillon d'Azov n'est quasiment pas mentionné. Entre 17h36 (19.03.22) et 05h01 (20.03.22), le bataillon d'Azov n'est pas cité une seule fois quand la situation à Mariupol est évoquée alors qu'il s'agit de la principale force défensive de la ville.  

 

Autre exemple, Le Monde a dénoncé comme complotiste les allégations russes de laboratoire biologique ukrainien financé par les Etats-Unis. Il s'agit d'un article des décodeurs du Monde.
Le Monde 19.03.22
- Laboratoires américains en Ukraine : aux origines d’une théorie du complot Moscou accuse Washington de mener des programmes biologiques dangereux à ses frontières. Entre traités décontextualisés, paranoïa d’Etat et guerre d’intox, parcours d’une rumeur...

Pourtant de nombreuses informations sourcées vont dans ce sens notamment le travail remarquable de la journaliste d'investigation Dilyana Gaytandzhieva :
- [Vidéo] Les États-Unis admettent financer des laboratoires biologiques en Ukraine, interview de Dilyana Gaytandzhieva par Dan Cohen (MintPress News)
- [Vidéo] L'unité A1266 du Pentagone étudie des agents de bioterrorisme au Kazakhstan (Armswatch)
[Vidéo] Projet G-2101 : le biolab du Pentagone a découvert des coronavirus de type MERS et SRAS chez les chauves-souris (Armswatch)
- Projet R01AI110964. Le NIH étatsunien a déboursé 3,7 millions de dollars pour la recherche sur les Coronavirus en Chine (Armswatch)

Lire également :
-
EXCLUSIF. L'OMS déclare qu’elle a conseillé à l’Ukraine de détruire les pathogènes dans les laboratoires de santé pour prévenir la propagation de maladies (Reuters)

Il est à noter que dans le direct du Monde du 20.03.22 à 04h33, l'équipe du Monde répond à un internaute à la question sur l'information en Russie :

04:33 Vos questions
Bonjour, Où en est l information des habitants russes ? Est ce qu ils commencent à comprendre qu il y a une guerre où sont ils toujours persuadés de “l opération spéciale “? Voient ils des différences sur leur quotidien ? Avez vous un envoyé spécial à Moscou ? Merci,
Mathilde

Bonjour Mathilde,

Notre correspondant à Moscou, Benoît Vitkine, a écrit un article sur le sujet le 15 mars. Son constat n’est pas optimiste quant à la possibilité (et l’envie) des Russes de s’informer sur cette guerre :

Il y a là aussi une attitude très pragmatique, qui consiste à fermer les écoutilles pour se mettre à l’abri d’un monde extérieur menaçant, se concentrer sur la sécurité et la sérénité de son entourage. Ce réflexe est universel, mais il touche en Russie à des ressorts profonds, à un rejet très ancré de la chose publique, qui s’étend à toute discussion sur ce que fait l’Etat. La politique est un domaine sale, voire dangereux, auquel seuls les idiots, les malhonnêtes ou les inconscients voudraient se frotter. Le pacte social est clair en Russie : l’Etat et la société vivent dans des univers séparés qui, pour le bien des deux parties, doivent se rencontrer le moins possible. L’apparence du soutien populaire suffit au pouvoir.

Nonobstant le fait que l'information du Monde sur la guerre en Ukraine soit tronquée en adoptant le plus souvent le point de vue de l'agressé ukrainien ou des autorités de soutien étatsunienne et française, on pourra aussi se demander où en est l'information des citoyens français sur la guerre génocidaire menée par les Saoudiens avec l'aide des autorités françaises et étatsuniennes au Yémen ? Il y a effectivement des articles dans le Monde mais ceux-ci sont relativement peu nombreux eu égard au battage médiatique autour de la guerre en Ukraine. Enfin, on pourra se demander de manière plus générale où en est l'înformation dans l'UE quand les médias russes et pro-russes sont censurés.
- "Nous couperons la tête du serpent" ! L'UE va fermer l'espace aérien de l'UE à tous les avions russes, livrer et financer des armes létales à l'Ukraine, des sanctions seront déployées contre la Biélorussie. Censure de RT et Sputnik dans l'UE pour lutter contre la désinformation.
- Guerre en Ukraine. L'UE va stopper la diffusion de RT et Sputniknews pour lutter contre la désinformation

Est-il possible de couvrir un conflit en Europe lorsque l'on exclue tout contre-point provenant de la partie adverse. Est-ce la fin de l'espace démocratique européen ? La censure va-t-elle se banaliser et s'étendre à d'autres secteurs et champs médiatiques ?

MAJ 17h : voici un témoignage que vous ne lirez sans doute pas dans Le Monde et dans les médias atlantistes sur les FAU à Mariupol constituées principalement du bataillon nazi Azov :

Témoignage d'un rescapé de Marioupol : Azov retient la population en otage (Anne-Laure Bonnel)

Les civils évacuent Marioupol grâce à l'avancée de l'armée russe et de la RPD - 18 mars 2022

MAJ le 26.03.22 Voici la version des faits donnés par le journal Le Monde en date du 26.03.22 dans son live  à 21h38. Réponse de la rédaction du monde à une lectrice :

21:38
Prune
Lire aussi : Guerre en Ukraine : dans le théâtre bombardé de Marioupol : « Ce que nous avons vu autour de nous, c’était du sang et le chaos »

Après dix jours d’incertitude et d’angoisse, la municipalité de Marioupol a évoqué vendredi, pour la première fois, un sombre bilan du bombardement le 16 mars du théâtre de la ville, où s’étaient réfugiés de nombreux habitants. « Des témoins ont des informations selon lesquelles environ 300 personnes sont mortes (…). Jusqu’au bout, on ne veut pas croire à cette horreur. Jusqu’au bout, on veut croire que tout le monde est sauf. Mais les témoignages de ceux qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment au moment de cet acte terroriste disent le contraire », écrit la mairie sur son compte Telegram. Si ce bilan est confirmé, ce serait le pire massacre de civils depuis le début de l’offensive russe, le 24 février.

La rédactrice en chef du site indépendant 0629.com.ua, Anna Romanenko, a publié le récit d’une survivante de ce bombardement, qui a pu sortir de Marioupol le 17 mars. « A côté de nous gisait au sous-sol un garçon aux cheveux bouclés, très jeune. Je ne me souviens pas de son nom. Son père était dans la cuisine, où tout le monde est mort. Le gamin a été pris d’une crise d’hystérie. J’ai dû le saisir par le buste, le secouer et crier : « Ton père est mort, alors tu dois vivre ! Tu es obligé de vivre ! Pour lui ! » J’étais en transe. »

Les bombardements incessants et l’isolement total de Marioupol, martyrisée, rendent difficile un bilan précis du nombre de victimes. Selon une carte détaillée, mise à jour par un expert et cartographe militaire sur Twitter sous le pseudo « Jomini of the West », des combats se déroulent actuellement précisément au niveau du théâtre. Il est probable que le véritable bilan de la tragédie ne soit jamais connu.

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