Le phénomène des anticorps facilitants est-il responsable des cas et des décès observés dans les pays à taux de vaccination élevé?
Par Jean-François Lesgards, docteur en biochimie, et Annelise Bocquet, docteur en biologie santé
France Soir, 31.05.22
Le phénomène des anticorps facilitants est-il responsable des cas et des décès observés dans les pays à taux de vaccination élevée ? Pixabay
ANALYSE — Le système immunitaire a pour objectif principal de protéger l’organisme des agents pathogènes. Quand un micro-organisme ou un élément potentiellement nocif est détecté, le système immunitaire s’active pour l’éliminer. Les cellules et les molécules de l’immunité, dont les anticorps, reconnaissent le pathogène et enclenchent des mécanismes potentiellement dangereux. En effet, le système immunitaire est complexe et son équilibre fragile. Si cet équilibre est perturbé, alors ce système peut se retourner contre l’individu et le détruire à petit feu. De plus, les pathogènes cherchent à le contourner afin de survivre et de se multiplier. Ainsi, des éléments immunitaires « bénéfiques » peuvent devenir des armes contre l’individu et servir les intérêts des micro-organismes. C’est exactement ce qui se passe avec les anticorps… Ils peuvent être impliqués dans des pathologies auto-immunes comme le lupus érythémateux. Ils peuvent également être « détournés » par les pathogènes, notamment les virus, à leur profit. C’est ce que l'on appelle le phénomène « ADE ».
L'ADE (Antibody-Dependent Enhancement) peut être traduit littéralement par « facilitation par les anticorps » en français. Ce phénomène est induit lorsque l’interaction anticorps/antigène faiblit, soit à la suite d’une perte d’affinité et/ou de spécificité des anticorps pour l’antigène, sorte de signature moléculaire des organismes et microorganismes, soit à la suite d’une diminution de leur concentration.
C'est un principe observé dans la réponse immunitaire médiée par certains virus, environ 40, et à la suite de certains vaccins. Plusieurs mécanismes sont possibles et tous ne sont pas encore totalement compris. Mais, globalement, le phénomène d’ADE surgit dans deux grands cas de figure (Wen et al., 2020) :
1. Quand les anticorps promeuvent l’entrée du virus dans des cellules immunitaires comme les monocytes, les macrophages ou les polynucléaires de l’individu contaminé,
2. Quand les mécanismes immunitaires sont paralysés au profit du virus qui a, alors, toute latitude pour se reproduire et se propager dans l’organisme.
Un anticorps est une glycoprotéine constituée d’une partie fixe, appelée Fc, en charge de certaines fonctions biologiques des anticorps et d’une partie variable appelée Fab. Sans trop entrer dans les détails, le Fab contient le paratope qui reconnaît l’antigène par « complémentarité de forme ». Plus cette complémentarité est forte, plus l’anticorps est spécifique de l’antigène. Quant à l’affinité, elle caractérise la force de liaison entre l’anticorps et l’antigène...