Les graves dérives des ambassades françaises en Afrique
Mondafrique
Dans les années 1960, les colonies françaises d’Afrique subsaharienne accédaient officiellement à leur indépendance. Les palais des gouverneurs étaient investis par les nouveaux présidents et la France construisait des ambassades. Histoire pour Paris de normaliser ses relations avec des pays souverains, d’égal à égal. Or, soixante ans plus tard, le faste des résidences de France, les frasques des diplomates et l’inertie de nombreux diplomates qui songent avant tout à une reconversion lucrative dansle privé donnent une tout autre image des relations entre la France et l’Afrique. L’auteur de cet excellent ouvrage évoque « l’héritage colonial » à l’origine de bon nombre des dérives. Les ambassadeurs auraient-ils oublié de tourner la page de la Françafrique? Ce livre bourré de témoignages et d’anecdotes le démontre avec brio.
Sexe et trafics à Bangui
Un des passages les plus convaincants du livre concerne la Centrafrique, ce pays qui sous l’emprise d’un Président médiocre sombre dans la corruption, la violence et une coopération avec les mercenaires russes de la société privée Wagner. Autant dire que les conditions de l’intervention armée de la France en 2013 sous la présidence de François Hollande et les frasques des diplomates français qui n’ont jamais cessé expliquent en partie ces dérives dans un pays qui fut longtemps sous influence française.
Ainsi peut-on lire ce témoignage dans « les Ambassades de la Françafrique ». « C’est le premier conseiller de l’ambassade de France à Bangui, en Centrafrique. Sur une photo prise en soirée, il est entouré de trois jeunes femmes habillées de robes noires. Lui porte une chemise à carreaux bleus et blancs. Tous tirent la langue face à l’objectif: c’est la fête. Autre soirée, autre cliché: il pose, un gros cigare entre les dents, avec une jeune femme vêtue d’une petite brassière rose. Il est manifestement fatigué. Sur une troisième image, assis à une table couverte de verres à moitié vides et de bouteilles de bière, il embrasse le ventre nu d’une femme. Ce diplomate en poste dans la capitale centrafricaine au milieu des années 2010 était un habitué de ces soirées, toujours entouré de ses «tigresses» ou de ses «panthères», comme il appelait ses «amies» banguissoises, selon l’un de ses collègues. Il vit aujourd’hui en région parisienne »...