Un document secret révèle la domination du lobby israélien sur le parti travailliste.
Article originel : Secret document reveals Israel lobby’s dominance of Labour
The Electronic Intifada, 5.11.22
Le travailliste Steve Reed (à droite) a rencontré secrètement le donateur du lobby israélien Trevor Chinn. (UJIA/Matt Crossick/PA Wire)
Des minutes secrètes obtenues par The Electronic Intifada montrent à quel point le principal parti d'opposition du Royaume-Uni a été capturé par le lobby pro-israélien.
Le ministre fantôme Steve Reed a fait une série de promesses extraordinaires lors d'une réunion le 2 décembre 2020 avec Trevor Chinn, éminent donateur du lobby israélien.
Chinn et cinq autres représentants du lobby israélien ont pris part à cette réunion secrète, aux côtés de Reed et de deux de ses collaborateurs. Le procès-verbal conclut que les lobbyistes avaient établi "un canal de communication régulier" avec Reed et son bureau.
Le procès-verbal a été rédigé par Owain Mumford, assistant de Steve Reed, qui l'a envoyé par courriel à Ellie Robinson, assistante du leader travailliste Keir Starmer, ainsi qu'à Andrew Whyte et Alex Barros-Curtis, hauts responsables du parti.
Ni le parti travailliste, ni Steve Reed, ni aucun des groupes de pression israéliens impliqués n'ont répondu aux demandes de commentaires.
Vous pouvez lire le document complet à la fin de cet article.
Le multimillionnaire Chinn a secrètement financé la campagne de leadership de Starmer plus tôt en 2020 et a une longue histoire de financement de groupes pro-Israël dans les deux principaux partis du gouvernement.
Les promesses de Reed comprenaient l'engagement du Labour à s'opposer au BDS, le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions dirigé par les Palestiniens, ainsi que la promotion de la "définition de travail" de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste sur l'antisémitisme.
"Un très bon ami"
Pourtant, quelques mois seulement avant la réunion, Reed avait été mêlé à un scandale d'antisémitisme, après un tweet décrivant Richard Desmond - un donateur juif du parti conservateur au pouvoir - comme le "marionnettiste" du cabinet.
Le procès-verbal montre que la réunion a débuté par une discussion sur l'incident. Chinn a rassuré le groupe en affirmant que "Steve a été pendant de nombreuses années un très bon ami de la communauté juive et a fait remarquer qu'ils n'auraient pas pu travailler avec lui s'ils n'étaient pas d'accord", indique le procès-verbal.
La réunion comprenait des représentants du Board of Deputies of British Jews, du Jewish Leadership Council (ou JLC ; le groupe de Chinn) et du Community Security Trust.
Mumford a décrit la réunion comme "la première des réunions régulières que nous tiendrons avec" les trois groupes pour discuter du travail de ministre fantôme de Reed, "mais inévitablement, elle abordera des questions plus larges de gestion interne du parti".
Les trois groupes prétendent représenter la communauté juive de Grande-Bretagne, mais leurs agendas politiques sont dominés par Israël et ses intérêts. Le Conseil admet même dans des documents internes avoir une "relation de travail étroite avec l'ambassade d'Israël" et des liens étroits avec le ministère israélien semi-couvert (mais fermé depuis) des affaires stratégiques, ainsi qu'avec le bureau du porte-parole de l'armée israélienne.
Le procès-verbal montre que la réunion de 2020 entre Reed, Chinn et les autres lobbyistes a été dominée par la question d'Israël.
Promouvoir l'IHRA, s'opposer au BDS
Amanda Bowman, du Board of Deputies, a "remercié Steve et l'équipe des communautés et du gouvernement local pour notre travail de promotion de la définition de l'IHRA de [l'antisémitisme] et [d'opposition] au BDS dans le [gouvernement] local", révèle le procès-verbal.
Depuis 2016, l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste a promu sa définition hautement politisée de l'antisémitisme, qui a été rejetée par les Palestiniens et leurs partisans comme nuisible aux droits des Palestiniens.
Le procès-verbal montre que Reed a souligné qu'il avait "travaillé avec [le secrétaire national du Mouvement travailliste juif] Adam Langleben pour encourager les conseils travaillistes à adopter la définition." Reed est également "intervenu auprès du conseil municipal de Hastings", selon le procès-verbal. L'organe du gouvernement local du sud de l'Angleterre avait adopté la définition moins de deux mois avant la réunion.
Le Jewish Leadership Council semble avoir été satisfait des efforts de Reed, tout en soulignant qu'ils n'étaient pas suffisants. Le groupe de pression israélien a "encouragé" Reed à "pousser" ce qu'il a décrit comme des "conseils travaillistes résistants" à soutenir la définition de l'IHRA, selon le procès-verbal. Ils ont donné les exemples de Nottingham et de Coventry.
Le procès-verbal raconte que Russell Langer, du JLC, a recommandé Luke Akehurst, un autre lobbyiste israélien, comme "un bon point de contact ... pour amener plus de conseillers à aller en Israël", ainsi que les Amis travaillistes d'Israël.
LFI est un groupe de façade pour l'ambassade d'Israël à Londres, qui emmène les législateurs en voyage en Israël. Akehurst est un lobbyiste israélien à plein temps ainsi qu'un militant travailliste de droite. Il siège actuellement au sein de l'influent Comité exécutif national du Labour.
"Steve n'acceptera jamais le BDS
Le procès-verbal suggère également fortement que Reed a engagé les travaillistes à soutenir tacitement la loi anti-BDS promise de longue date par le gouvernement conservateur.
Bowman, du Conseil des députés, a insisté sur le fait que les travaillistes "seraient mal avisés de faire quoi que ce soit pour s'opposer" aux démarches du Parti conservateur visant à interdire le mouvement BDS, selon le procès-verbal. Ce conseil semble s'accompagner d'une menace voilée.
Le conseil "tient à contrer les suppositions des députés travaillistes selon lesquelles le fait de s'engager nominalement dans la lutte contre l'antisémitisme leur donne carte blanche pour dire ce qu'ils veulent sur Israël", indique le procès-verbal...
Traduction SLT