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La dérive violente et dictatoriale de l’Ukraine (France Soir)

par France Soir 29 Mars 2023, 18:54 Néonazi Ukraine Guerre Propagande Russie Articles de Sam La Touch

TRIBUNE/OPINION - Selon le narratif en vogue en Occident, la guerre en Ukraine opposerait un régime dictatorial et impérialiste, la Russie de Vladimir Poutine, à une Ukraine libre et démocratique, qui serait le rempart du monde éclairé face à la barbarie. Voici une série de faits qui démontre pourquoi l’image fabriquée de l’Ukraine semble bien loin de la réalité, une réalité parfois aussi effrayante qu’elle est savamment ignorée par les grands médias occidentaux. 

 

Le 10 octobre 2022, une vidéo a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, notamment sur Telegram. Elle montre un homme ukrainien en uniforme, dans un bureau avec le drapeau ukrainien en arrière-plan. Interviewé par une femme, celui-ci se vante d’avoir fait disparaître des civils qui auraient fait des repérages pour les Russes. “Nous n’avons pas eu le temps de les mettre en prison”, dit-il, froidement.  

Une énorme masse hérissée de pics trône sur son bureau, ce qui semble être un indicateur de la psychologie du personnage. Les commentaires évoquent “un ogre”. En riant, l’homme ajoute qu’il faudrait faire un nouveau recensement pour connaître le nombre de personnes ainsi disparues… En face de lui, l’intervieweuse reste de marbre. 

Sur Twitter, le 11 octobre 2022, le journaliste américain Wyatt Reed, qui travaille entre autres pour Sputnik - un des médias russes brutalement interdits de diffusion par l’Union Européenne - a partagé cette vidéo. Reed se demande combien d’aveux de ce type faudra-t-il avant que les Occidentaux ne se mettent à les prendre au sérieux.  

L’homme qui plaisante sur les disparus s’appelle Oleksandr Povoroznyuk. Il serait Conseiller de district, soit l’équivalent de Conseiller départemental en France, dans la région de Kirovohrad, à Petrivka, près du centre de l’Ukraine. Les forces russes ne se sont jamais approchées à moins de 60 kilomètres de cette zone géographique… Pourtant, Povoroznyuk s’affiche comme un chef de guerre, en tenue, avec sa massue.  

Dans la vie civile, il est aussi patron d’une entreprise agricole et président d’un club de football, le FC Ingulets, qu’il a créé en 2013. Comme une sorte de Guy Roux local, il est parvenu à hisser cette équipe jusqu’à la première division du championnat ukrainien.  

 

Personnage haut en couleur, l’attention médiatique ne lui déplaît pas, puisqu'il est devenu un invité récurrent de cette émission de télévision Pravo na vlady (“Le Droit au pouvoir”) diffusée par une chaîne majeure en Ukraine, 1+1. Il est à noter que cette dernière est possédée par l’oligarque Igor Kolomoïsky, celui qui a lancé Volodymyr Zelensky dans la sphère médiatique et politique.  

La vidéo citée ci-dessus est en fait un extrait d’une de ces émissions entièrement consacrées à Oleksandr Povoroznyuk. La version intégrale dure 1h47 et a été mise en ligne sur la plateforme YouTube le 5 octobre 2022. Elle comptabilisait plus de deux millions de vues à la fin de ce mois, mais curieusement, fin décembre, elle n’affichait plus que 1,5 millions de vues, et en mars 2023, 1,4 million. L’animatrice de l’émission s’appelle quant à elle Natalia Mosseïtchouk, et elle compterait parmi les 20 journalistes les plus connues en Ukraine. Kolomoïsky la verrait bien devenir présidente. 

 

Les propos de l’homme qui se vante de faire disparaître des “pro-russes”, sans procès et sans même être capable de les compter, sont donc tenus dans le cadre d’une émission très suivie. Cela n’est pas anecdotique. Cela en dit long sur une dérive qui semble aujourd’hui concerner l’Ukraine.  

Voudraient-ils normaliser le fait de trucider sans procès des citoyens ukrainiens qui n’auraient pas le même avis que leur gouvernement en place ou qui seraient soupçonnés d’aider les Russes ? Est-il question de rendre plus acceptable l’intolérable ? Et en Occident, on appellerait cela la “défense de la démocratie” et de ses fameuses “valeurs”, comme tous les dirigeants occidentaux le répètent depuis plus d’un an ?!  

Appels publics au génocide des Russes 

Dans le même registre, le 14 novembre 2022, la chaîne Telegram “UKR_LEAKS_eng” a publié l’extrait d'une émission de la chaîne de télévision ukrainienne NTA. Il reprenait une interview d’Olga Lakounova, une femme qui s'est engagée dans l'armée ukrainienne et qui a été faite prisonnière, puis libérée par les Russes.  

Malgré sa libération, la haine pour ses anciens geôliers demeure. Et lorsqu’elle évoque la population russe face à la caméra, avec un visage impassible, la charge est terriblement violente : "Je pense qu'ils (les Russes) doivent tous mourir, même les petits enfants. Ils ne devraient pas exister." La commentatrice de la chaîne, loin de condamner ou de tenter de relativiser ces propos, lui répond : "Propos dur, mais juste". 

La chaîne YouTube de NTA n'a certes que 210 000 abonnés, mais elle cumule 83 millions de vues à la fin mars 2023. Elle est basée à Lviv, place forte bien connue du nationalisme ukrainien où l'on voue un culte au criminel de guerre ultra-nationaliste nazi Stepan Bandera. Ses portraits et ses statues sont visibles dans toutes les administrations locales de la région. 

 

Sur la page de présentation de NTA, on peut lire un programme éducatif intitulé : “Accents et gènes des Ukrainiens”, par Iryna Farion, une ancienne députée du parti néo-nazi Svoboda. Cette vision génétique de la nation ne manque pas de rappeler le nazisme, ou plus précisément le “bandérisme”, sa version ukrainienne. Il est en tout cas parfaitement cohérent par rapport aux discours qui appellent à l’extermination des Russes.  

À l’époque de Bandera, on liquidait surtout les Polonais et les Juifs, car il y avait très peu de Russes dans l’ouest de l’Ukraine, région d’origine du nationalisme ukrainien. Le bandérisme étant maintenant idéologie quasi-officielle du gouvernement (le chef d’état-major de l’armée ukrainienne, le général Zaloujny, s’est même photographié récemment, posant fièrement devant un portrait de Bandera), ses adeptes semblent tentés de mettre au pas, voire de chasser ou d’éradiquer à l’échelle du pays entier, tous les mauvais Ukrainiens, à commencer par les millions de Russes ethniques qui peuplent l’est et le sud de l’Ukraine.

Même Oleksei Arestovitch, le conseiller récemment déchu de Zelensky, a dénoncé cette tendance, le 14 janvier. Cet appel au génocide de la part de Lakounova (on ne peut nommer autrement ses propos) n'est pas isolé. Il rappelle celui d'un journaliste ukrainien, Fakhruddin Sharafmal. Diffusé le 12 mars 2022 sur la chaîne ukrainienne Canal 24 (un média aux 4,6 millions d’abonnés au 26 mars 2023), un appel au génocide était aussi exprimé de manière explicite :   

Puisque vous me qualifiez de nazi, je vais adhérer à la doctrine d'Adolf Eichmann et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vos enfants ne vivent jamais sur Terre (...) Mais vous devez comprendre qu'il s'agit de la victoire du peuple ukrainien. Il ne s'agit pas de paix. Nous avons besoin de victoire. Et si nous devons massacrer toutes vos familles pour le faire, je serai le premier à le faire. Gloire à la nation ! Et espérons qu'il n'y aura pas de nouveau une nation telle que la Russie et les Russes sur cette terre. Parce qu'ils ne sont que des rebuts qui polluent cette terre. Si les Ukrainiens ont la possibilité, ce qu'ils font essentiellement en ce moment, de détruire, de massacrer, de tuer, d'étrangler les Moscovites, j'espère que chacun y prendra sa part et frappera au moins un Moscovite”. 

Sharafmal, sous pression de la Commission d'Éthique du journalisme d’Ukraine, se serait excusé le lendemain. Et son employeur a condamné ses propos, de même que le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU.  Les grands médias occidentaux ont-ils relayé ces appels au meurtre des enfants russes ou les condamnations de l’ONU ? Non. Ils préfèrent seulement relayer des propos similaires d’Anton Krasovsky, un journaliste russe de la chaîne RT, tout aussi impardonnables, exprimés le 24 octobre dernier. 

 

Un “deux poids, deux mesures” qui traduit le parti-pris d’une certaine presse aux ordres, peu soucieuse d’équilibrer les sources et les débats. Ce journaliste russe, par exemple, a été démis de ses fonctions par RT le jour même pour de tels propos. Il a de plus été placé sous enquête de la part de l’autorité régulatrice des médias en Russie, malgré ses excuses. 

Une condamnation officielle, en Ukraine, des propos de Sharafmal a bien eu lieu en mars 2022 via la Commission d’éthique du journalisme d’Ukraine.  

Mais sept à huit mois plus tard, il n’y a cette fois aucun signe de désapprobation envers les propos de Povoroznyuk. Et ceux de Lakounova sont approuvés en direct. Voilà ce que l’on peut appeler une dérive. 

Le dernier appel en date au génocide des Russes émane de la blogueuse ukrainienne Melanie Podolyak, qui anime une chaine YouTube. Sur son compte Instagram, elle se fait prendre en photos en train de tirer au fusil ou en train de poser fièrement sur un véhicule où l’on voit l'inscription “Orcs must die” (Les Orcs doivent mourir). “Orcs” est le surnom donné aux Russes en Ukraine. Voici ce qu’elle a publié sur son compte Twitter, qui avait alors près de 54 000 abonnés, suite à la destruction d’un immeuble à Dnipro par un missile le 14 janvier (l’analyse de ce drame sujet à controverse fait l’objet d’un autre article) :  

“Il est tout à fait juste pour moi de souhaiter que tous les Russes et la Russie disparaissent de la surface de la Terre. Ce n'est pas un discours de haine, ce n'est pas horrible de ma part, c'est juste JUSTE.” 

Le Tweet a depuis été retiré pour “violations des règles de Twitter”. Il avait été signalé par de nombreux internautes.

Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas des exécutions de prisonniers russes, en avril 2022, en novembre 2022 et en février 2023. 25 cas auraient été identifiés par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, contre 15 cas de prisonniers ukrainiens exécutés .
 

Le massacre d’au moins six activistes pro-russes de Severodonetsk 

Wyatt Reed a aussi publié une vidéo plus ancienne, datant elle aussi du mois de mars 2022, partagée par l’opposant ukrainien en exil Anatolii Sharii. Ce dernier précisait: “les meurtres dans l’Ukraine moderne ne sont pas cachés. C’est quelque chose dont on est fier”. Cette vidéo montrait un Ukrainien qui exprimait sa satisfaction en racontant que six Ukrainiens pro-russes avaient été retrouvés exécutés, sans procès, dans un bois aux alentours de Kiev.

Maksym Zhorin, un des leaders d’Azov, la fameuse unité ukrainienne considérée comme néo-nazie depuis ses origines (non sans raison, voir photo d'illustration), est aussi cité dans la même vidéo pour avoir partagé les images affreuses des victimes, dont les crânes auraient été défoncés à coups de marteaux. Sur ce tweet, on peut voir la traduction du commentaire de Zhorin, dans lequel il se moquait ouvertement de ces opposants martyrisés...

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