OPEP : Les Saoudiens n'ont plus peur des États-Unis
Article originel : OPEC: Saudis aren’t afraid of US anymore
Par M.K. Bhadrakumar
IHC, 15,04,23
La réduction de la production de pétrole à partir du mois de mai annoncée dimanche par l'OPEP+ signifie essentiellement que huit pays clés de l'OPEP ont décidé de s'associer à la Russie pour réduire la production de pétrole, signalant ainsi que l'OPEP et l'OPEP+ ont repris le contrôle du marché pétrolier.
Aucun pays producteur de pétrole ne joue ici le rôle de joueur de flûte. Le plus beau, c'est que l'Arabie saoudite et sept autres grands pays de l'OPEP ont décidé, contre toute attente, de soutenir les efforts de la Russie et de réduire unilatéralement la production.
Alors que les huit pays de l'OPEP parlent d'une réduction d'un million de barils par jour de mai à la fin de l'année, la Russie prolongera pour la même période son ajustement volontaire, qui a déjà commencé en mars, de 500 000 barils.
Si l'on ajoute à cela les ajustements de production déjà décidés précédemment par l'OPEP+, le total des ajustements volontaires de production supplémentaires atteint le chiffre impressionnant de 1,6 million de barils par jour.
Comment en est-on arrivé là ? Fondamentalement, comme de nombreux analystes l'avaient prévu, les sanctions occidentales contre le pétrole russe ont créé des distorsions et des anomalies sur le marché pétrolier et ont perturbé le délicat écosystème de l'offre et de la demande, ce qui a été aggravé par la décision incroyablement risquée du G7, à la demande du Trésor étatsunien, d'imposer un plafonnement des prix sur les ventes de pétrole de la Russie à l'étranger.
En outre, les mesures provocatrices prises par l'administration Biden pour libérer régulièrement du pétrole de la réserve stratégique de pétrole des États-Unis dans le but de microgérer les prix du pétrole et de les maintenir à un niveau anormalement bas dans l'intérêt du consommateur étatsunien et pour contenir les pressions inflationnistes se sont révélées être un affront pour les pays producteurs de pétrole dont les économies dépendent de manière critique des revenus provenant des exportations pétrolières.
L'OPEP+ qualifie les réductions de production de "mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier". En aval de la décision de l'OPEP+, les analystes s'attendent à ce que les prix du pétrole augmentent à court terme et à ce que la pression sur les banques centrales occidentales s'accroisse en raison d'une éventuelle flambée de l'inflation.
Ce qui ressort de la décision de l'OPEP+, c'est que la décision de la Russie de réduire sa production de pétrole d'ici la fin de l'année a été unanimement soutenue par les principaux producteurs arabes. Des déclarations indépendantes mais coordonnées dans le temps ont été faites par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït, l'Irak, l'Algérie, Oman et le Kazakhstan, tandis que la Russie a confirmé son intention de prolonger jusqu'à la fin de l'année sa propre réduction de production de 500 000 barils par jour, entamée en mars.
Il est significatif que ces déclarations aient été faites précisément par les plus grands producteurs de pétrole de l'OPEP, qui ont l'habitude d'utiliser pleinement leur quota existant. En d'autres termes, la réduction de la production sera réelle, et pas seulement sur le papier.
La crise bancaire aux États-Unis et en Europe a incité l'OPEP+ à intervenir, du moins en partie. Bien que Washington le minimise, en mars, les prix du pétrole Brent sont tombés à 70 dollars le baril pour la première fois depuis 2 ans...
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Traduction SLT