Les États-Unis envisagent une guerre hybride contre Wagner en Afrique
Article originel : US Plans Hybrid War vs Wagner In Africa
The Automatic Earth, 12.05.23
Politico a publié dimanche un article très détaillé sur la manière dont "Pour contrer la Russie en Afrique, Biden déploie une stratégie privilégiée", qui cite quatre fonctionnaires étatsuniens anonymes ayant connaissance du plan de leur pays pour mener une guerre hybride contre Wagner en Afrique. Tout comme la stratégie française rapportée par Axios en octobre dernier et analysée à l'époque ici, la stratégie étatsunienne est également très axée sur la guerre de l'information. Pris ensemble, ils prouvent que l'Occident a l'intention de faire de l'Afrique un champ de bataille majeur dans la nouvelle guerre froide.
Selon les sources de Politico, "l'objectif (de ce dernier effort) est de montrer aux responsables africains comment la collaboration avec Wagner est susceptible de semer le chaos à long terme malgré ses promesses d'apporter la paix et la sécurité aux pays confrontés à des troubles politiques et à la violence... Cela souligne à quel point l'administration Biden pense que Wagner - et le Kremlin - représentent une menace à long terme pour les intérêts américains sur le continent".
En d'autres termes, il s'appuie sur les propos alarmistes des Français concernant les services de "sécurité démocratique" de Wagner (des tactiques et stratégies de lutte contre la guerre hybride qui ont été élaborées précédemment ici), mais il reconnaît ouvertement que ces récits sont diffusés dans la poursuite des propres intérêts des États-Unis. Cette admission candide discrédite involontairement l'affirmation d'un fonctionnaire selon laquelle "ils créent plus de terroristes qu'ils n'en éliminent", alors que la République centrafricaine (RCA) et le Mali savent pertinemment que ce n'est pas vrai.
Les seuls terroristes "créés" dans ces pays après leur coopération avec Wagner sont ceux qui sont armés clandestinement par les Etats-Unis et la France sous le prétexte qu'ils sont censés être des "combattants de la liberté", mais qui fonctionnent en réalité comme les mandataires anti-russes de l'Occident dans ces pays. Une fois de plus, les autorités centrafricaines le savent pertinemment, ce qui amène à se demander pourquoi les États-Unis perdraient leur temps à leur transmettre ce récit de guerre de l'information, comme Politico a rapporté qu'ils avaient déjà tenté de le faire.
Cette curieuse question trouve sa réponse lorsqu'il est révélé plus loin dans l'article que "l'idée est que si Wagner est perçu comme perturbant le flux du commerce et de l'investissement, cela pourrait creuser un fossé entre Pékin, un investisseur de longue date en Afrique, et Moscou - une alliance qui n'a fait que se renforcer au cours des derniers mois et qui continue d'inquiéter Washington". Il est intéressant de noter que l'Occident a ridiculement affirmé fin mars que Wagner aurait massacré des mineurs chinois en République centrafricaine, ce qui a été analysé ici dès que l'information a commencé à circuler...
Traduction SLT