Le Bénin, "base arrière… d’une agression française" du Niger, la junte dénonce l'accord militaire avec Porto-Novo
Cameroon Voice, 16.09.23
La junte nigérienne est officiellement à couteaux tirés avec le Bénin voisin qu’elle a accusé mardi soir de servir de base arrière à la préparation d’une “agression” dirigée par la France, qui serait soutenue dans cette démarche par des pays membres de la Cédéao. Une position qui, si elle était avérée, serait perçue par Niamey comme tranchant avec la situation qui prévalait entre les deux pays depuis un peu plus d’un an, notamment lorsque les armées des deux pays ont établi une base decoopération dans leur lutte commune contre le terrorisme : opérations conjointes, échanges des renseignements, assistance mutuelle en matière de défense aérienne pour la neutralisation des mouvements jihadistes.
La junte nigérienne est officiellement à couteaux tirés avec le Bénin voisin qu’elle a accusé mardi soir de servir de base arrière à la préparation d’une “agression” dirigée par la France, qui serait soutenue dans cette démarche par des pays membres de la Cédéao. Une position qui, si elle était avérée, serait perçue par Niamey comme tranchant avec la situation qui prévalait entre les deux pays depuis un peu plus d’un an, notamment lorsque les armées des deux pays ont établi une base decoopération dans leur lutte commune contre le terrorisme : opérations conjointes, échanges des renseignements, assistance mutuelle en matière de défense aérienne pour la neutralisation des mouvements jihadistes.
Après avoir informé l’opinion nigérienne et internationale samedi de la préparation par la France d’une opération militaire contre le Niger via d’autres pays de la CEDEAO, le Colonel-Major Amadou Abdramane, porte-parole du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP, dénomination que s’est attribuée la junte issue du putsch du 26 juillet 2023), est remontée au créneau le 12 septembre pour dénoncer à travers un communiqué lu à la télévision nationale nigérienne, l’accord militaire du 11 juillet 2022 entre le Niger et le Bénin.
Un accord de coopération militaire entre les deux pays facilité en son temps par « les liens ancestraux – “devenus institutionnels” – qui lient le peuple du Niger au peuple frère du Bénin avec lequel nous avons les mêmes populations et des intérêts communs », a affirmé l’officier supérieur nigérien qui déplore cependant le fait que « ce pays (le Bénin, ndlr), face à la situation sécuritaire, politique et économique, a décidé d’envisager une agression contre le Niger au lieu de le soutenir ». Selon le Niger, ce positionnement, serait tout à fait antinomique avec l’idée à l’origine de l’accord en question, même s’il faut souligner qu’il avait pour but de faire face sur le plan militaireaux menaces terroristes à la frontière commune entre les deux pays, plus particulièrement dans la zone dénommée “parc du «W»”.
Les raisons de la colère
Sans faire dans la langue de bois, le Colonel-Major nigérien dénonce une posture du pays voisin qui justifie la dénonciation de l’accord militaire : «la République du Bénin a autorisé le stationnement de militaires, mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France, en collaboration avec certains pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) contre notre pays, malgré l’accord de coopération militaire du 11 juillet 2022 liant nos deux Etats ».
Résultat des courses, quoique soucieux d’éviter l’escalade, le CNSP qui aurait itérativement rappelé à son partenaire les obligations de l’accord de coopération militaire nigéro-béninois a décidé de dénoncer l’accord de coopération militaire du 11 juillet 2022 conformément, à son article 23 et au préavis de six (06) mois. « En ce sens, une correspondance diplomatique sera adressée aux autorités béninoises, conformément à la procédure en la matière », a prévenu le Colonel Abdramane.
Le Bénin, la Côte d’Ivoire, et le Sénégal deux pays de la CEDEAO dans la ligne de mire de Niamey
Si le Bénin est le deuxième pays avec lequel les autorités ayant pris le pouvoir par la force à Niamey veulent rompre un accord militaire après la dénonciation début août de celui avec la France – laquelle France y a opposé une fin de non-recevoir, prétexte pris de ce que les demandeurs n’étaient pas les détenteurs légitimes du pouvoir au Niger -, le pays de Patrice talon fait partie, aux côtés de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, des membres de la CEDEAO nommément accusés par le CNSP de servir de bras armé à la France contre… le Niger.
Récemment, le CNSP a fait valoir que deux aéronefs de transport militaire A400M, un Dornier 328 et deux hélicoptères multi-rôle type Super Puma, ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire début septembre, tandis que Kandi et Malanville au Bénin recevaient quelque quarante véhicules blindés. Un navire militaire français avec à son bord du personnel et des moyens militaires ayant accosté à Cotonou (deuxième ville du Bénin) viendrait renforcer (pour l’instant ?, ndlr) ce dispositif de guerre. Le Sénégal ne serait pas en reste, Niamey évoquant une centaine de rotations d’avions militaires cargos qui auraient donné lieu au débarquement de quantités considérables de matériels et d’équipements de guerre.
Le Niger soutenu aussi par des voisins militairement importants
A ces pays, il faut ajouter la Guinée du non moins putschiste Lieutenant-Colonel Mamadi Doumbouya ou encore l’Algérie et la Mauritanie qui s’inscrivent en faux contre toute intervention militaire au Niger en vue de déloger les auteurs du coup d’Etat ayant renversé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. And last but not the least, les mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, ou encore la Russie, qui soutient dernièrement, et avec un certain succès, tous les régimes africains en froid avec la France ou dénonçant bruyamment le néocolonialisme hexagonal.