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WCK. Le célèbre chef préféré du département d’État étatsunien construit un quai d’aide à Gaza avec des décombres volés (The GrayZone)

par Wyatt Reed et Max Blumenthal 6 Avril 2024, 06:56 WCK Andres CIA USA Israël Collaboration COlonialisme Palestine Gaza Ukraine Articles de Sam La Touch

Le célèbre chef préféré du département d’État étatsunien construit un quai d’aide à Gaza avec des décombres volés
Article originel : US State Dept’s favorite celebrity chef builds Gaza aid dock with stolen rubble
Par Wyatt Reed et Max Blumenthal
The GrayZone, 27.03.24

Jose Andres avec Samantha Power, directrice de l’USAID, 22 avril 2022

Jose Andres avec Samantha Power, directrice de l’USAID, 22 avril 2022

Après avoir accusé pendant des années la Russie d’utiliser la nourriture comme arme dans son conflit avec l’Ukraine, l’ambassadeur culinaire du département d’État José Andrés travaille avec le gouvernement israélien pour supplanter l’UNRWA en tant que principal fournisseur d’aide au nord de Gaza.

José Andrés, célèbre chef espagnol lié au département d’État, est devenu le canal privilégié par le gouvernement étatsunien pour l’aide à Gaza, suite à la décision de l’administration Biden de suspendre le financement du principal fournisseur de nourriture, d’aide et d’éducation de l’enclave, l’UNRWA.

L’opération semble être conçue comme une mesure provisoire pour fournir des quantités minimales de nourriture à la population de Gaza frappée par la famine jusqu’à ce que l’armée étatsunienne termine la construction d’un quai en mer Méditerranée, et un obscur entrepreneur dirigé par d’anciens Marines étatsuniens et des responsables de la CIA est en mesure de mettre en œuvre un programme d’aide appelé « Blue Beach Plan ».

L’organisation d’Andrés, World Central Kitchen, a déjà terminé la construction de sa propre jetée, construite à partir des décombres de Gaza – une décision qui garantissait pratiquement que les matériaux de construction contiennent des restes d’humains tués par les bombardements israéliens.

L’utilisation du biomatter génocidaire dans la construction de la jetée a été largement ignorée par les médias traditionnels, dont la couverture des plans a plutôt fait d’Andrés une sorte de « super-héros » non-conformiste se battant pour protéger les civils palestiniens face à l’indifférence internationale.
 

Le Washington Post a faussement affirmé, dans sa course à la gloire du chef louche : « Le premier navire à porter secours à Gaza depuis 2005… a été dirigé non pas par les Nations Unies ou un leader mondial, mais par un chef célèbre, José Andrés. » En 2008, les militants ont réussi à utiliser des bateaux pour acheminer de l’aide à Gaza six fois avant qu’Israël ne commence à couler les navires et à tuer des membres de leur équipage.

Étrangement, ces médias anglophones ont généralement négligé de mentionner que WCK ne peut opérer à Gaza qu’avec la permission explicite de l’armée israélienne. Le New York Times était une exception, notant dans un profil élogieux du groupe d’Andrés que « l’armée israélienne a aidé le fonctionnement de la Cuisine centrale mondiale (World Central Kitchen), assurant la sécurité et la coordination » et que « chaque étape a été effectuée avec la permission de l’armée israélienne ».

« Rien n’entre sans la permission d’Israël », a concédé Andrés dans une interview accordée à NBC News. Le chef a affirmé que l’unité COGAT d’Israël qui contrôle l’aide à l’enclave assiégée « fait tout ce qui est à sa disposition pour aider le peuple de Gaza », mais que ses « mains sont liées » par l’opération militaire.

Immédiatement avant leur récent transfert à Gaza, le WCK d’Andrés a passé plusieurs semaines à fournir des repas aux soldats israéliens après l’attaque du 7 octobre du Hamas.

Le 16 octobre, lorsque la ministre espagnole des Droits sociaux de l’époque, Ione Belarra, a condamné Israël pour avoir mené un « génocide » à Gaza, Andrés a immédiatement pris la défense de Tel Aviv et a exigé sa démission :

« En tant que ministre, vous devez d’abord reconnaître que l’attaque du Hamas contre des civils est un acte terroriste… et qu’Israël @IsraelinSpain défend ses citoyens… alors vous pouvez demander de la retenue et du respect pour la vie des civils à Gaza », a dit le chef du gouvernement étatsunien.

« Soutenez-vous également la Russie ? Qui a tué des enfants et des femmes, des personnes âgées et des civils ? » « Êtes-vous Pro @KremlinRussia_E et Pro Hamas? Vous ne me représentez pas ni l’Espagne. Elle ne mérite pas d’être ministre… La présidente [Sanchez] devrait la retirer de son poste… »

Jose Andrés compare Blinken à Thomas Jefferson

Andrés a collaboré étroitement avec le gouvernement étatsunien. Depuis le début de 2023, le célèbre chef travaille avec le département d’État étatsunien en tant que membre du soi-disant « American Culinary Corps », un nouveau partenariat entre Foggy Bottom et la James Beard Foundation.

Quand Andrés a donné une interview de softball au secrétaire d’État étatsunien Antony Blinken sur son podcast en février, leur relation chaleureuse et confortable crevait l'écran.

Le secrétaire d’État Antony Blinken se joint à José Andrés pour discuter des efforts des États-Unis pour mettre fin à la guerre en Ukraine, du rôle vital que joue l’alimentation dans de nombreux conflits internationaux et de la façon dont nous pouvons renforcer la sécurité alimentaire mondiale. De plus, ils parlent de l’enfance du secrétaire Blinken et il a partagé son repas le plus mémorable quand il était enfant à Paris !

« Vous êtes cet homme fascinant, diplômé de Harvard… vous jouez même de la guitare, vous avez trois chansons sur Spotify », a dit Andrés lors de sa première question au diplomate étatsunien. « Vous avez grandi à New York, à Paris, vous parlez couramment français… Que vous souvenez-vous de manger quand vous étiez jeune à Paris? »

Quand Blinken a répondu que « pour moi, aller au McDonald… c’était l’expérience culinaire » et a déclaré que ses aliments les plus chers en France étaient « les muffins anglais et le thon Bumblebee », le chef de renommée mondiale l’a généreusement comparé au deuxième ministre étatsunien quand il résidait en France, Thomas Jefferson, qui a fait pousser ses propres cultures et fait expédier divers aliments de sa plantation d’esclaves de Virginie alors qu’il était stationné à Paris.

Mais le but réel de la conversation s’est rapidement révélé lorsque Andrés a posé sa question de suivi : « Que peuvent faire d’autre les États-Unis et la communauté internationale pour continuer à faire pression sur la Russie pour s’assurer que le grain ne devienne pas une autre forme d’arme? »

Andrés est non seulement un émissaire semi-officiel du gouvernement étatsunien, mais aussi un représentant de l’un de ses principaux clients. En septembre 2023, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a personnellement accueilli Andrés dans le pays, décrivant le chef comme un « ambassadeur » de l’agence officielle de collecte d’aide de l’Ukraine, dont « la voix forte nous aide à maintenir le soutien mondial ».

La relation intime du chef avec les États-Unis est antérieure au conflit actuel en Ukraine. En 2020, il a été honoré lors d’un événement par le Carnegie Endowment for International Peace, où il a été chaleureusement présenté par l’actuel chef de la CIA, Bill Burns, qui a appelé « un plaisir spécial » d’amener Andrés sur la scène.

CIA shout out to Chef Jose Andres / La CIA salue le chef Jose Andres

Le résultat de cette collusion semble être une série de deux poids deux mesures qui traitent la vie des Palestiniens comme secondaire par rapport à ceux qui vivent sous les régimes préférés du gouvernement étatsunien – une disparité qui a été involontairement mise en évidence par les récents titres des médias américains qui ont entretiens avec le chef.

En avril 2022, Axios a écrit : « José Andrés : La Russie utilise « totalement » la famine comme arme de guerre. » En parlant d’Israël deux ans plus tard, il a montré un ton beaucoup plus doux. Selon Meet the Press de NBC, « José Andrés dit qu’Israël devrait « totalement » faire plus pour acheminer l’aide à Gaza ».

Traduction SLT

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