Israël s’apprête à mettre en œuvre le plan de nettoyage ethnique de Trump
Par Andre Damon
WSWS, 07.02.25
Un camp de tentes pour les Palestiniens déplacés est installé à côté de bâtiments détruits suite à l'offensive aérienne et terrestre israélienne à Jabaliya, dans la bande de Gaza, le jeudi 6 février 2025 [AP Photo/Abdel Kareem Hana]
Dans les 48 heures qui ont suivi l'appel du président américain Donald Trump au nettoyage ethnique de Gaza à travers le déplacement de toute sa population, le gouvernement israélien a pris des mesures pour mettre en œuvre la proposition du président américain.
Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a déclaré jeudi qu'il avait demandé à l'armée de se préparer à mettre en œuvre le plan de Trump. «Je salue l'initiative audacieuse du président Trump, qui peut créer de nombreuses opportunités pour les habitants de Gaza qui souhaitent partir.»
Il a ajouté: «J'ai ordonné à Tsahal de préparer un plan » qui comprendrait « des options de sortie par des points de passage terrestres, ainsi que des dispositions spéciales pour les départs par voie maritime et aérienne».
Mardi, Trump a déclaré que la bande de Gaza «ne devrait pas être soumise à une reconstruction et à une occupation par les mêmes personnes qui... y ont vécu une existence misérable». Il a appelé «d'autres pays» à «construire divers domaines qui seront finalement occupés par les 1,8 million de Palestiniens vivant à Gaza».
Les médias américains ont fait semblant d'être choqués et scandalisés par le plan de Trump, faussement présenté comme une idée peu réfléchie suggérée à l’emporte-pièce au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la dernière minute, et qui n'a pas été discutée par son administration ou par les responsables israéliens.
Cette présentation absurde est démentie par le fait que de nombreux responsables du gouvernement israélien appellent exactement au même plan, exactement dans les mêmes mots, depuis plus d'un an.
En janvier 2024, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé au nettoyage ethnique de Gaza ainsi: «Nous voulons encourager l'émigration volontaire, et nous devons trouver des pays prêts à les accueillir [les Palestiniens]», ajoutant qu'il ne refusait pas d'exclure une «colonisation de la bande de Gaza».
À peu près au même moment, le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, déclarait aux journalistes que la guerre à Gaza offrait «l'occasion de se concentrer sur l'encouragement à la migration des habitants de Gaza», qualifiant cette initiative de «solution correcte, juste, morale et humaine».
En réalité, Trump ne faisait qu'énoncer ouvertement la politique réelle du gouvernement israélien, qui a été habilité, financé et armé par l’administration Biden, et maintenant celle de Trump.
En réponse au plan de Trump, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré que «tout déplacement forcé de personnes équivaut à un nettoyage ethnique».
Human Rights Watch a réagi à la déclaration de Trump en affirmant qu'elle «ferait passer les États-Unis du statut de complice de crimes de guerre à celui d'auteur direct d'atrocités».
L’organisation note que :
«Le droit international humanitaire interdit le déplacement forcé permanent de la population d'un territoire occupé. Lorsque ce déplacement forcé est effectué avec une intention criminelle, il s'agit d'un crime de guerre. S'il est effectué dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile, reflétant la politique de l'État, il s'agit d'un crime contre l'humanité ».
Quant à Trump, il n'a fait que réaffirmer ses plans jeudi. «La bande de Gaza serait remise aux États-Unis par Israël à la fin des combats», a-t-il déclaré, ajoutant: « Les États-Unis, en collaboration avec de grandes équipes de développement du monde entier, commenceraient lentement et prudemment la construction de ce qui deviendrait l'un des plus grands et des plus spectaculaires développements de ce type sur Terre ».
De même, Netanyahou a réaffirmé son soutien à la proposition de Trump, affirmant qu'aucune troupe ne serait nécessaire parce que l'armée israélienne écraserait la résistance palestinienne. «C'est notre engagement, notre travail, et nous sommes absolument déterminés à le faire. »
Il a qualifié le plan de Trump de «remarquable», ajoutant: «Qu'y a-t-il de mal à cela? Ils peuvent partir, ils peuvent revenir, ils peuvent se réinstaller et revenir... » Il a ajouté: «C'est la première bonne idée que j'aie entendue».
Jeudi, Trump a signé un décret sanctionnant la Cour pénale internationale (CPI), l'accusant de s'être «engagée dans des actions illégitimes et sans fondement visant l'Amérique et notre proche allié Israël».
Reconnaissant le rôle de l'armée américaine dans le soutien aux crimes de guerre israéliens, ce décret déclare:
Les récentes actions de la CPI contre Israël et les États-Unis constituent un dangereux précédent, mettant directement en danger le personnel actuel et ancien des États-Unis, y compris les membres actifs des forces armées, en les exposant au harcèlement, aux abus et à une possible arrestation.
La Maison-Blanche a déclaré que le tribunal avait « abusé de son pouvoir en délivrant des mandats d'arrêt sans fondement visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant».
En mai, le procureur général de la CPI avait demandé des mandats d'arrêt contre le premier ministre israélien Netanyahou et le ministre de la défense Gallant.
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a accusé les dirigeants israéliens de présider au «meurtre» et à «l'extermination» de Palestiniens, dans le cadre d'un «plan commun visant à utiliser la famine comme méthode de guerre et d'autres actes de violence à l'encontre de la population civile de Gaza, ceci comme moyen de... punir collectivement la population civile de Gaza».
En annonçant les charges, le procureur a accusé Netanyahou et Gallant:
des crimes de guerre et crimes contre l'humanité suivants: Civils privés de nourriture comme méthode de guerre en tant que crime de guerre; le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l'intégrité physique ou à la santé ... ou d'infliger des traitements cruels en tant que crime de guerre; l'homicide volontaire... ou le meurtre en tant que crime de guerre; l'extermination et/ou le meurtre... y compris dans le contexte de morts causées par la famine.
À ce jour, 47 583 Palestiniens ont été tués par les attaques israéliennes, selon les bilans officiels, et une étude récente publiée dans The Lancet estime que le nombre de morts pourrait être de 70 000 ou plus.
(Article paru en anglais le 7 février 2025)