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Algérie. Les enfumades du Dahra, des Oradour-sur-Glane occultés (Orient XXI)

par SLT 16 Mars 2025, 16:45 Algérie Oradour-sur-Glane Enfumade Crimes contre l'humanité France Armée française Colonialisme Articles de Sam La Touch

 L'image présente une toile aux teintes majoritairement blanches, avec un cercle noir au centre révélant une figure stylisée. En bas, des blocs de couleurs terreuses et sombres contrastent avec le fond clair, créant une atmosphère calme et minimaliste. Abdelkader Guermaz, sans titre, 1973 DR

L'image présente une toile aux teintes majoritairement blanches, avec un cercle noir au centre révélant une figure stylisée. En bas, des blocs de couleurs terreuses et sombres contrastent avec le fond clair, créant une atmosphère calme et minimaliste. Abdelkader Guermaz, sans titre, 1973 DR

Contrairement à une idée reçue, les enfumades pratiquées par l’armée française durant la conquête de l’Algérie, entre 1844 et 1845, étaient largement connues et débattues à l’époque. Si ces Oradour-sur-Glane sont occultés aujourd’hui en métropole, ils témoignent de la nécessité de déconstruire l’historiographie algérienne comme française.

 

Les enfumades sont une technique meurtrière consistant à asphyxier par un feu allumé à l’entrée des grottes les populations civiles qui s’y sont réfugiées. Elles sont spécifiquement employées en 1844 et 1845 pour réprimer les tribus identifiées comme soutien de la résistance à l’invasion française de l’Algérie menée par l’émir Abd El-Kader et cheikh Boumaaza. Des tribus entières sont décimées — les Bani Sabih (orthographié « Sbéahs » dans les écrits coloniaux, « Sbeha » par l’historien Hosni Kitouni) ou les Ouled Riah — dans le massif montagneux du Dahra, dans le Nord-Ouest algérien.

Dès 1845, les enfumades sont dénoncées par la presse en métropole, et provoquent une grande indignation. Classe politique, intellectuels et artistes expriment publiquement et bruyamment leur colère. Nourrie de témoignages, de documents d’archives, des travaux d’historiens contemporains de ces massacres, cette sombre page de l’histoire a été volontairement oubliée en France. Elle contrevient en effet à ce qui a longtemps été présenté comme une colonisation douce de l’Algérie.

À travers son dernier livre Histoire, mémoire et colonisation, Hosni Kitouni déconstruit ce qu’il présente comme le « mythe » des enfumades du Dahra. En s’appuyant sur des archives militaires du début d’une colonisation de peuplement brutale — une époque où la France questionnait encore son propre modèle colonial —, il montre que la classification des enfumades du Dahra comme événements exceptionnels et fortuits s’inscrit, en réalité, dans les luttes intestines de pouvoir durant la colonisation française...


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