Vente d’armes à Israël : Thales équipe des drones de combat depuis 2018
Disclose, 22.03.25
Le groupe d’armement français a vendu, entre 2018 et 2023, pour au moins 2 millions d’euros de composants électroniques et de systèmes de communication destinés à équiper des drones israéliens, révèle Disclose, documents commerciaux à l’appui. Le matériel fabriqué par Thales est susceptible de servir dans des bombardements contre des civils palestiniens.
À en croire sa communication, Thales serait une entreprise modèle. Une multinationale de l’armement soucieuse d’élever « année après année [son] niveau d’intégrité, de responsabilité et de pratiques commerciales éthiques », comme le proclame son dernier rapport d’activité. Un souci qui expliquerait aussi sa présence parmi les signataires du Pacte mondial des Nations Unies, qui s’engagent notamment « à ne pas se rendre complices de violations des droits de l’Homme ».
Cette règle, Thales, dont l’État français est l’un des principaux actionnaires, semble la piétiner dans les grandes largeurs. C’est ce que révèle l’enquête de Disclose, basée sur douze factures émises entre 2018 et 2023 et destinées à deux poids lourds de l’industrie de l’armement israélien : Israel Aerospace Industries et Elbit Systems. D’après ces documents commerciaux, Thales leur a vendu pour au moins 2 millions d’euros de systèmes d’aide au pilotage pour des drones armés. Et pas n’importe lesquels, puisqu’il s’agit des drones de surveillance et d’attaque Heron TP et Hermes. Deux modèles accusés de servir contre la population palestinienne depuis près de quinze ans.
Facture de Thales émise le 29 novembre 2019 pour la vente de radars anticollision destinés à équiper des drones Heron TP produits par Israel Aerospace Industries.
Contactée par Disclose, l’entreprise confirme la vente de composants à des « entités israéliennes ». Tout en relativisant l’impact de ces « systèmes aéroportés de communication », car, écrit-elle, ils sont « non létaux ». Ces transpondeurs et autres radars « altimètre » et anticollision n’en demeurent pas moins indispensables au fonctionnement d’engins qui, eux, peuvent bel et bien servir à tuer. « Une radio ou un radar altimètre sont des outils vitaux pour un drone militaire afin de déterminer sa position dans le ciel. Leur excellente précision est très utile pour savoir où le drone regarde », rappelle Chris Lincoln Johnson, un ancien officier de l’armée britannique devenu consultant sur l’usage des drones.
Exactions contre des civils palestiniens
Le 16 juillet 2014, quatre enfants âgés de 10 à 11 ans jouent au football sur une plage dans la bande de Gaza. Une explosion retentit : l’un d’eux s’effondre, frappé par un missile tiré par l’armée israélienne au cours d’une offensive de deux mois baptisée « Bordure protectrice ». Moins d’une minute plus tard, ses trois cousins sont abattus dans leur fuite. Ce jour-là, des dizaines de journalistes sont témoins du drame, dont une équipe de TF1 qui filme les corps frêles et ensanglantés ; les images déclenchent un émoi international. Ce n’est que quatre ans plus tard, en 2018, que The Intercept, un média d’investigation américain, dévoile un rapport de la police israélienne attestant que les tirs provenaient d’un drone... Lire la suite