Le riz mutant et les rats de laboratoire de Bill Gates : de grandes expériences dans les champs indiens
Article originel : Mutant Rice and Bill Gates’s Lab Rats: Grand Experiments in India’s Fields
Par Colin Todhunter
Off Guardian, 11.05.25
À la fin de 2024, Bill Gates a déclenché l’indignation en Inde après avoir décrit le pays comme « une sorte de laboratoire pour essayer des choses » lors d’un podcast avec Reid Hoffman. Gates a souligné que la stabilité du pays était un « terrain d’essai » pour les initiatives mondiales.
Ses propos ont été largement condamnés. Les médias sociaux ont explosé, de nombreux Indiens accusant Gates de réduire leur nation à un simple terrain expérimental pour les intérêts occidentaux. Les utilisateurs des médias sociaux ont qualifié les Indiens de « cobayes » dans le laboratoire de Gates et se sont interrogés sur l’éthique et les motifs qui sous-tendent ces expériences.
Une réponse largement rapportée sur X a capté l'attention :
« L’Inde est un laboratoire, et nous, les Indiens, sommes des cobayes pour Bill Gates. Cette personne a dirigé tout le monde, du gouvernement aux partis d’opposition aux médias. Son bureau fonctionne ici sans FCRA, et notre système d’éducation a fait de lui un héros! Je ne sais pas quand nous allons nous réveiller!»
(FCRA fait référence à la Foreign Contribution (Regulation) Act, qui réglemente les contributions étrangères pour s’assurer qu’elles ne nuisent pas à l’intérêt national.)
La controverse a refait surface avec l’annonce, le 5 mai 2025, que l’Inde est devenue le premier pays à publier officiellement deux variétés de riz modifiées par génome : Kamala (DRR Dhan 100 Kamala) et Pusa DST Rice 1. Ces cultures ne sont pas classées comme génétiquement modifiées (GM). Contrairement aux cultures transgéniques traditionnelles, qui introduisent de l’ADN étranger, ces variétés modifiées par les gènes utilisent les technologies CRISPR-Cas SDN-1 et SDN-2 pour modifier les gènes existants.
Cette distinction est fortement encouragée par l’industrie agro-biotechnologique dans le but de s’assurer que les cultures génétiquement modifiées contournent les réglementations strictes en matière de biosécurité et les essais sur le terrain pluriannuels requis pour les cultures GM. En 2022, le gouvernement indien a exempté ces usines des règles sur les substances dangereuses en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement.
Le fait d’exempter les cultures génétiquement modifiées des évaluations rigoureuses de la biosécurité soulève des préoccupations quant aux risques potentiels pour la santé et l’environnement. Bien que cette technologie soit louée par l’industrie pour sa « précision », cela a plus à voir avec les relations publiques qu’avec la science. Même de petits changements génétiques peuvent avoir des effets imprévisibles. En effet, le biotechnologue de Harvard George Church a décrit CRISPR comme une « hache émoussée »., mise en garde contre des conséquences et des risques graves et imprévus.
Les critiques soutiennent que des tests transparents et indépendants sont essentiels avant l’adoption généralisée de cultures modifiées par des gènes. L’exemption réglementaire actuelle en Inde est considérée comme prématurée et potentiellement illégale, d’autant plus que la Cour suprême continue de contrôler les modifications génétiques agricoles. Les militants affirment que les organismes de réglementation sont sous la pression des intérêts de la biotechnologie pour contourner les protocoles de sécurité et marginaliser le contrôle public et scientifique.... Lire la suite