Cet été, Arte a diffusé le reportage de Hans Pool, réalisé en 2019, faisant l'apologie de Bellingcat : "Bellingcat, les combattants de la vérité". Le reportage commence par une citation de Michel Foucaud à doublement méditer :
"La vérité n'appartient pas à l'ordre du pouvoir, mais elle est dans une parenté originaire avec la liberté"
À travers leurs enquêtes sur des sujets ultrasensibles, les journalistes et citoyens bénévoles du redoutable réseau international Bellingcat font trembler médias et gouvernements.
Arte
L’irruption d’Internet et des réseaux sociaux a profondément changé le paysage médiatique, avec ces vidéos non sourcées, ces témoignages en pagaille, mais aussi ces vrais complots ou faux grossiers destinés à déstabiliser l’opinion. Face à des sources d’information aussi pléthoriques que difficiles à décrypter, le Britannique Eliot Higgins crée en 2014 Bellingcat, un site de journalisme participatif et citoyen qui regroupe vite une petite équipe de geeks passionnés. Venus du monde entier, ces fins limiers bénévoles enquêtent sur des sujets ultrasensibles à partir de données libres d’accès sur le Net, en déployant une expertise technologique qui fait souvent défaut aux médias traditionnels. Exécutions par l’État islamique, crash de l’avion de la Malaysia Airlines, bombardements en Syrie ou empoisonnements commandités par la Russie : par son travail sur d’innombrables documents vidéo ou audio, le réseau Bellingcat est devenu une aide précieuse pour la justice internationale. De l’Allemagne aux États-Unis en passant par la Syrie ou l’Ukraine, cette passionnante enquête part à la rencontre de ces experts autodidactes, qui n’hésitent pas à prendre des risques au nom de la liberté d’informer.
Réalisation
Hans Pool
Pays
-
Russie
-
Royaume-Uni
-
Etats-Unis
Année
2019
Bellingcat est l'équivalent outre-atlantique de Conspiracy Watch (autoproclamé observatoire du conspirationnisme) en beaucoup plus organisé, plus encadré et soutenu financièrement. Bellingcat déclare "publier les résultats des enquêtes de journalistes professionnels et citoyens sur les zones de guerre, les violations des droits de l'homme et la criminalité financière". Le souci pour Bellingcat est que nombre de leurs enquêtes sont loin d'être impartiales et parfois nettement orientées et influencées. Le reportage diffusé sur Arte fait état d'une organisation fondée par Eliot Higgins en 2014 et qui selon la Professeure Clare Wardle (directrice de First Draft) relève du travail presque exclusif de bénévoles sans subventions institutionnelles :
"Belliongcat ne bénéficie d'aucunes subventions institutionnelles. Ses membres ne travaillent pas dans des bureaux d'un grand bâtiment à La Haye ou à Bruxelles. Ils publient des analyses très fouillés et beaucoup d'entre eux sont des bénévoles qui travaillent depuis chez eux sans aucune protection. Ils prennent donc beaucoup de risques pour découvrir la vérité dans des dossiers forts complexes qui impliquent des acteurs majeurs de la scène internationale".
Or, selon certaines sources ce collectif d'investigation est notamment financé par les services secrets atlantistes, certains GAFA, des organismes privés ayant certaines parentés avec le complexe militaro-industriel atlantiste. Alors qui croire ? Le reportage apologétique de Hans Pool diffusé sur Arte cet été ou bien les articles de médias alternatifs dont nous en citons quelques uns ci-dessous. Qui est du côté de la fake news et de la propagande ?
Bellingcat has received money from the following:
OSF
Meedan
NED
Adessium
Crowdfunding— Eliot Higgins (@EliotHiggins) February 6, 2017
NED : National Endowment for Democracy
- The GrayZone 24.10.2021 Bellingcat est financé par des entreprises de renseignement étatsuniennes et britanniques qui ont aidé les extrémistes en Syrie (The Gray Zone)
... Pour explorer la relation entre Bellingcat et les centres du pouvoir impérial, il suffit de regarder ses comptes financiers officiellement publiés de 2019 à 2020. D'après ces documents, Bellingcat a accepté des sommes énormes de la part d'entrepreneurs du renseignement occidentaux. Ces entreprises profiteurs de guerre ont à leur tour apporté un soutien direct aux groupes djihadistes alliés d'Al-Qaïda en Syrie - les mêmes éléments qui ont fourni à Bellingcat des "preuves" pour condamner Damas par contumace sur toutes sortes d'accusations douteuses.
La liste des financeurs de Bellingcat liés aux services de renseignement occidentaux n'est que la dernière indication que son fondateur Eliot Higgins reçoit des informations privilégiées et biaisées de sources extrémistes en Syrie, et que les opérations médiatiques de son organisation ont été menées de concert avec ces éléments.
Les récents antécédents de Higgins en matière de promotion du principal propagandiste de l'EI sur Twitter soulèvent de sérieuses questions quant à la dépendance de Bellingcat vis-à-vis des éléments salafistes et djihadistes en Syrie...Lire la suite
Selon Alan Mc Leod, journaliste et universitaire, le collectif d'investigation Bellingcat, supposé indépendant, est en réalité financé par une organisation affiliée à la CIA et composé d'anciens espions et agents des services secrets.
- MintPress News 09.04.21 How Bellingcat Launders National Security State Talking Points into the Press (Comment Bellingcat diffuse les arguments de l'État sécuritaire dans la presse).
Selon Alan Mc Leod, un aspect de l'histoire qui n'avait pas encore été dévoilé jusqu'à présent concerne les liens étroits entre Bellingcat et le département d'études sur la guerre du King's College de Londres, une institution étroitement liée aux services de sécurité britanniques qui forme un grand nombre d'agents et d'analystes de la défense britanniques, étatsuniens et européens.
-MintPress News, 16.04.21 A School for Spooks: The London University Department Churning Out NATO Spies ("La célèbre école d'espionnage londonienne qui forme bon nombre des meilleurs journalistes au monde")
...Les Bellingcat Boys
Si les journalistes cités ci-dessus ne sont pas des barbouzes, d'autres personnalités du département d'études sur la guerre travaillant dans le journalisme pourraient être décrites comme telles, notamment celles qui travaillent pour le site d'investigation influent et de plus en plus célèbre Bellingcat.
Cameron Colquhoun, par exemple, a passé près de dix ans au GCHQ, la version britannique de la NSA, où il était analyste principal chargé des opérations cybernétiques et antiterroristes. Il est diplômé du King's College de Londres et du département d'État. Ce parcours n'est pas révélé dans son profil Bellingcat, qui le décrit simplement comme le directeur général d'une société de renseignement privée qui "mène des enquêtes éthiques" pour des clients du monde entier.
Nick Waters, l'enquêteur principal de Bellingcat, a passé quatre ans comme officier dans l'armée britannique, notamment en Afghanistan, où il a contribué à la réalisation des objectifs de l'État britannique dans la région. Après cela, il a rejoint le département des études sur la guerre et Bellingcat.
Pendant longtemps, le fondateur de Bellingcat, Eliot Higgings, a rejeté les accusations selon lesquelles son organisation était financée par le National Endowment for Democracy (NED) du gouvernement étatsunien- une organisation de la CIA - comme une "conspiration" ridicule. Pourtant, en 2017, il admettait que c'était vrai. Un an plus tard, Higgins a rejoint le département des études sur la guerre en tant que chercheur associé invité. Entre 2016 et 2019, il a également été senior fellow à l'Atlantic Council, le cerveau de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
Bellingcat has received money from the following:
OSF
Meedan
NED
Adessium
Crowdfunding— Eliot Higgins (@EliotHiggins) February 6, 2017
Il semble que Higgins ait utilisé le département universitaire comme un terrain de recrutement, en chargeant d'autres diplômés en études sur la guerre, tels que Jacob Beeders, Christiaan Triebert et Aliaume Leroy, d'écrire pour son site.
Bellingcat est tenu en très haute estime par la CIA. "Je ne veux pas être trop excessif, mais nous aimons [Bellingcat]", a déclaré Marc Polymeropoulos, ancien chef adjoint des opérations de l'agence pour l'Europe et l'Eurasie. D'autres officiers ont expliqué que Bellingcat pourrait être utilisé pour externaliser et légitimer des sujets de discussion anti-russes. La plus grande valeur de Bellingcat est que nous pouvons ensuite aller voir les Russes et leur dire "voilà" [lorsqu'ils demandent des preuves]", a ajouté Daniel Hoffman, ancien chef de poste de la CIA... Lire la suite
- The GrayZone 30.11.2023 Une demande d'accès à l'information révèle la collusion de Bellingcat avec les services de renseignement occidentaux (The GrayZone)
- Craig Murray 2018 Bellingcat’s Very Obviously Fake Chepiga Photo [Le caractère faux de la photo de Chepiga publiée par Bellingcat est particulièrement évident]
- The GrayZone 28.03.2022 Reuters, BBC et Bellingcat ont participé à des programmes secrets financés par le ministère britannique des Affaires étrangères pour "affaiblir la Russie", selon des documents divulgués (The Grayzone)
... Dans plusieurs propositions faites au ministère britannique des Affaires étrangères, Reuters s’est vanté de disposer d’un réseau d’influence mondial de 15 000 journalistes et collaborateurs, dont 400 en Russie. Les projets du ministère britannique des Affaires étrangères ont été menés à bien de manière secrète et en partenariat avec des médias en ligne prétendument indépendants et très médiatisés, dont Bellingcat, Meduza et Mediazona, fondé par les Pussy Riot. La participation de Bellingcat entrait apparemment dans le cadre une intervention du ministère britannique des Affaires étrangères dans les élections de 2019 en Macédoine du Nord, au nom du candidat pro-OTAN...
Bellingcat rejoint Zinc Network, et se serait immiscé dans les élections en Macédoine du Nord
Après « l’empoisonnement » d’Alexeï Navalny, ce dernier a collaboré avec la société de journalisme « open source » Bellingcat, basée au Royaume-Uni, pour faire porter le chapeau aux services de renseignements russes du FSB. Bien qu’il soit bien établi que Bellingcat est financé par le National Endowment for Democracy (NED), une entité du gouvernement américain qui soutient les opérations de changement de régime dans le monde entier, le fait n’est jamais apparu dans la multitude de profils flatteurs que les médias, dont Reuters, ont publiés sur l’organisation.
Le rôle de Bellingcat en tant que partenaire du consortium EXPOSE, de Zinc Network, financé par le ministère britannique des Affaires étrangères, pourrait ajouter une couche supplémentaire de suspicion quant à la prétention d’indépendance du média.
En effet, Bellingcat a été cité dans des documents ayant fuité en 2018 comme un membre clé du « Réseau d’ONG » de Zinc. Parmi les membres de ce réseau figurait l’Institut pour l’Habileté politique, le paravent d’Integrity Initiative.
Le fondateur de Bellingcat, Eliot Higgins, a nié avec véhémence avoir accepté un financement du ministère britannique des Affaires étrangères ou avoir collaboré avec lui. Mais après la fuite de documents de Zinc début 2019, Higgins a révélé qu’une version de la proposition de Zinc avait reçu le feu vert du ministère des Affaires étrangères.
Christian Triebbert, un membre de Bellingcat qui a été désigné comme formateur potentiel par les documents de Zinc, et qui dirige maintenant l’unité d’enquêtes vidéo du New York Times, a affirmé que le programme consistait en des ateliers inoffensifs sur « les compétences de recherche et de vérification numériques ».
Ce que lui et Higgins n’ont cependant pas mentionné, c’est que Bellingcat avait apparemment été dépêché par Zinc Network pour « intervenir » lors des élections parlementaires de 2019 en Macédoine du Nord. Les enjeux étaient importants car les élections allaient probablement déterminer si le petit pays allait entrer dans l’OTAN et rejoindre l’UE. Le candidat pro-OTAN a triomphé, non sans un peu d’aide du ministère britannique des Affaires étrangères et de ses alliés.
Selon la proposition de Zinc, Bellingcat a fourni une formation au réseau Most, un média macédonien. Il a été rejoint par le DFR Lab, un projet d’Atlantic Council, financé par l’OTAN et le gouvernement américain.
Après avoir apparemment participé à l’intervention secrète financée par le ministère britannique des Affaires étrangères en Macédoine du Nord, Bellingcat a publié un article à l’approche des élections parlementaires de 2020 dans le pays, intitulé « L’ingérence de la Russie en Macédoine du Nord ».
Plusieurs documents de Zinc Network citent Reuters comme membre du consortium d’intervention médiatique financé par le ministère britannique des Affaires étrangères dans les pays baltes.
Interrogée par The Grayzone sur la conformité de la participation de Reuters aux programmes financés par le ministère britannique des Affaires étrangères pour contrer la Russie avec les principes de confiance de l’organisation, la porte-parole Jenny Vereker a déclaré : « Ce financement soutient notre travail indépendant d’aide aux journalistes et au journalisme dans le monde entier, dans le cadre de notre mission de renforcement d’un écosystème médiatique mondial libre et dynamique pour soutenir une pluralité de voix et préserver la circulation d’informations exactes et indépendantes. En effet, une couverture de l’actualité précise et équilibrée est un pilier essentiel de toute société libre, équitable et informée »... Lire la suite
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