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« Nous devons faire de sorte que le Soudan soit constamment préoccupé par ses problèmes intérieurs ... il est important que le Soudan n’arrive pas à se stabiliser durablement. Important qu’Israël ait maintenu le conflit au Sud-Soudan, pendant trois décennies, et qu’il le maintienne maintenant à l’Ouest du Soudan. Il faut éviter que le Soudan devienne une puissance régionale exerçant une influence en Afrique et dans le monde arabe … il y a aux USA des forces importantes qui, pour obtenir l’indépendance du Sud-Soudan, seraient favorables à une ingérence appuyée au Soudan et au Darfour, sur le modèle du Kosovo … » Avi Ditcher, ministre israélien de la sécurité intérieure, cité par Péan, Carnages : les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2011, p.281.
Les réserves non prospectées de pétrole au Soudan sont estimées à 5 milliards de tonnes. La majeure partie des investissements dans la production de pétrole et de gaz est fournie par la China National Petroleum Corporation (CNPC), par le consortium énergétique malaisien Petronas et le groupe indien Oil and Natural Gas Corporation Limited (ONGC). Mais la Russie entend bien rentrer dans la danse à la demande des autorités de Khartoum et obtenir quelques concessions pour les compagnies pétrolières et gazières russes, dont Lukoil et Gazprom. (RIA Novosti Pétrole: la Russie veut exploiter des gisements au Soudan). Tandis que les puissances transatlantiques qui ont participé à la création du Sud Soudan entendent bien bénéficier de la manne.
La course n'en finit donc pas pour le pétrole au Soudan. Ce pays riche en réserves pétrolières et gazières a été au centre des appétits féroces des grandes puissances et de leurs multinationales notamment atlantistes et chinoises. La partition de ce pays a été organisée en sous-main par les Etats-Unis et Israël afin de faire main basse sur le pétrole détenu en majorité (à 75%) dans le sud et pour éviter que le plus grand pays d'Afrique devienne une puissance de premier ordre dans la sous-région et au moyen-orient. Une terrible guerre civile instrumentalisée par les grandes puissances a éclaté. D'un côté Omar el-Béchir était soutenu par la Chine qui dépend pour grande part dans ses approvisionnements en hydrocarbures du Soudan tandis que de l'autre les rebelles de John Garange était soutenu par les USA et Israël. Le gouvernement états-unien va apporter, tout d’abord, un soutien multiforme au SPLA de John Garang. A cet effet, le colonel américain Richard Orth joua un rôle clé dans l’approvisionnement en armes du SPLA.(Soudan : la guerre secrète américano-chinoise).
Cette posture a permis à Washington d’affaiblir le Soudan, un des plus importants partenaires africains de la Chine, en suscitant sa dislocation. La Chine est entrée dans une certaine dépendance à l'égard des forces atlantistes qui ont participé à la création du Sud Soudan qui détient 75% du pétrole. Néanmoins, à l’issue de la visite de Madame H. Clinton, le 3 août 2012, à Juba au Soudan du Sud, un accord a été signé entre le Nord et le Sud. L’accord prévoit le payement par Juba à Khartoum de 9.48 dollars par baril exporté pendant trois ans et demi.
La déstabilisation du Soudan organisée dans les coulisses par les grandes puissances n'est sans doute pas terminée tant les enjeux énergétiques et géopolitiques sont majeurs.