"Le président du palais Bourbon, François de Rugy, a annoncé que les parlementaires débattraient de l'opération «Hamilton» lancée dans la nuit de vendredi à samedi par Washington, Paris et Londres... Aucun vote ne ponctuera cette séance exceptionnelle." (Le Figaro).
Alors que le chef de guerre Macron ne s'est toujours pas exprimé à la télévision concernant sa décision de faire bombarder des cibles spécifiques en Syrie le 14.04.18 (envoyant les ministres de l'Armée et des Affaires étrangères faire le boulot en conférence de presse) avec ses alliés britanniques et étatsuniens, un débat doit se tenir demain à l'Assemblée nationale. Un débat pour rien puisque dans la Constitution du régime de la Vème République, l'Assemblée n'a aucun contrôle sur le pouvoir exécutif détenu par le chef de guerre qui dispose de plus d'une immunité constitutionnelle. Donc demain, on aura un semblant de débat où les Parlementaires infantilisés par un régime autoritaire et paternaliste vont s'exprimer en vain sans pouvoir voter. L'opposition est soit disant remontée contre les frappes illégales de la France en Syrie mais le pedigree de cette opposition en dit long. Entre le leader de LREM LFI qui a voté la guerre en Libye et en a fait l'apologie (en tout bon ancien trotkyste pro-impérialiste) dont l'argumentaire anti-impérialiste sent la naphtaline, entre le parti LR qui est l'héritier de la guerre impérialiste criminelle franco-britannique contre la Libye de Kadhafi sur des fake news diffusées par des médias aux ordres, le Front national qui est profondément attaché au régime de la Vème République, le parti impérial-socialiste favorable aux interventions impérialistes en Syrie, en Françafrique et ailleurs, et le Parti communiste qui semble avoir oublié les valeurs de l'international socialisme, on aura sans doute un débat en trompe l'oeil, histoire de faire croire que la France est une démocratie.
Une bouffonnerie annoncée dans la presse à grand renfort de publicité. Pitoyable ! Le chef de guerre français élu tous les 5 ans peut emmener son pays dans une guerre (nucléaire) et les représentants du peuple au Parlement n'ont aucun réel pouvoir de contrôle et de veto. Au point qu'on se demande qui est derrière les décisions du chef de guerre et utilise l'argent du contribuable à des fins guerrières et géopolitiques.
François de Rugy, interviewé par France info, a déjà annoncé que ceux qui critiqueraient trop le gouvernement pourraient se voir reprocher par l'opinion leur proximité avec la Russie de Poutine ou la Syrie d'Assad :
"Les Français pourront voir qui est avec qui. Qui fait preuve d'une grande mansuétude à l'égard de la Syrie de Bachar El Assad mais aussi à l'égard de la Russie".
On voit le niveau zéro du débat que nous prépare le gouvernement. Autre élément comique et grotesque : "Si l'intervention française en Syrie devait excéder les quatre mois, le gouvernement se verrait contraint de demander l'autorisation du Parlement. À ceci près que si ce dernier n'est pas en session à cette échéance (ce qui sera le cas, pause estivale oblige), il faudra attendre la session suivante, qui démarre en octobre" (Le Figaro).
Des questions essentielles néanmoins se posent :
- pourquoi une frappe illégale au regard du droit international ?
- Pourquoi ne pas avoir attendu les conclusions de l'enquête de l'OIAC ?
- Pourquoi le gouvernement administre-t-il des soit disant "preuves" de l'attaque chimique après les bombardements ? Quelles sont ses sources précisément ? Et pourquoi ces "preuves" sont basées uniquement sur l'interprétation de vidéos et de photographies ?
Devant la gravité des faits et du risque de reproductibilité de ceux-ci, si le débat pouvait déboucher sur une commission d'enquête cela serait la moindre des choses dans une démocratie, mais vu le caractère non démocratique du régime et le caractère peu combattif des protagonistes dans le domaine ainsi que leur passé récent sur les interventions militaires françaises récentes en la matière, cela sera sans doute un débat pour la pure forme.
A suivre tout de même...
Lire :
- Reuters Débat sans vote sur la Syrie lundi à l'Assemblée
Définition de Bouffon : - Grotesque. Synonymes : caricatural, burlesque, ridicule, risible, grotesque, extravagant.