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Le dictateur Sassou Nguesso porté au pouvoir par l'Elysée, Elf et l'Etat-major en 1997 dans une terrible guerre civile, et qui se maintient en place grâce à des élections truquées plébiscitées par la France depuis 16 ans, entend se représenter aux élections présidentielles de 2016 pour la ènème fois en modifiant à sa guise la constitution.
Rappelons qu'en mars 2002, lors de l'élection présidentielle, le seul des candidats qu'il devait affronter, André Milongo, s'est retiré du scrutin, arguant que les jeux étaient faits d'avance. Le scrutin de 2009 a tout été contesté et de nombreux indices montre qu'il a été aussi truqué. En 2009, le dictateur Sassou forme un nouveau gouvernement, au sein duquel le poste de Premier ministre est de nouveau supprimé.
A lire cet article sur Mwinda : « Sassou, Patientia nostra »
Tribune libre
Au Congo-Brazzaville, à l’école publique avant l’instauration de « l’école du peuple » par le PCT, Marien Ngouabi, Henri Lopès, François Okobo et l’INRAP, au Collège public donc, les élèves ont tous, un jour ou l'autre, « planché » sur les discours de Cicéron, que l'on appelle les Catilinaires. Quatre superbes textes dénonçant la fameuse conspiration de Catilina, ce militaire accusé d'avoir bafoué la Constitution romaine. Au Congo-Brazzaville, le militaire Denis Sassou Nguesso s’apprête, lui aussi, à bafouer, comme Catilina, la Constitution pourtant taillée à sa mesure en 2002. C'est au sein du premier de ces textes que l'on trouve la fameuse accusation qui va bien à Sassou Nguesso comme un gant, lancée par Cicéron : « Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? » qui signifie « Jusqu'à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? ». D’où le parallélisme des formes entre Sassou Nguesso et Catilina. Au Congo-Brazzaville, on s’écrira : « Jusqu’à quand, Sassou, abuseras-tu de notre confiance ? ».
Triomphe du cynisme
Les populations du Congo-Brazzaville, dans le noir ou sous le bruit assourdissant des groupes électrogènes, ploient régulièrement sous les trombes d’eau. Ainsi, à la tombée de la pluie, Brazzaville et Pointe-Noire sont victimes d’inondations à cause de l’absence d’assainissement urbain et du manque de services de voirie. Et, pourtant, les équipes de la DGGT de Jean-Jacques Bouya, de Hugues Ngouélondélé le maire de Brazzaville (2008-2010) et de Roland Bouity Viaudo le maire de Pointe-Noire (2004) y ont exercé leur talent et démontré leur expertise acquise dans les pays de l’Est dans le cadre de la municipalisation accélérée. Pour quel résultat ? Les eaux de pluie s’infiltrent dans les habitations emportant tout sur leur passage infligeant la mort, les maladies et la désolation. Les poubelles s’amoncellent aux abords des marchés et des avenues des grandes villes. Les ordures ménagères charriées par les eaux de pluie s’accumulent et bouchent les rares canalisations construites sous la colonisation et au lendemain de l’indépendance sous la présidence de Fulbert Youlou et Alphonse Massamba Débat avec le concours de la régie nationale des travaux publics (RNTP).
L’insuffisance de réseaux de drainage et d'évacuation des eaux de ruissellement accroît les difficultés des populations. Dans les grands centres urbains, et encore davantage dans les agglomérations rurales, la pauvreté est la chose la mieux partagée par les Congolais sous le regard indifférent de Sassou Nguesso, du PCT et des épigones du « chemin d’avenir ». La misère s’affiche comme un fonds de commerce auprès des institutions monétaires internationales. Un fonds de commerce qui a permis à Sassou Nguesso de décrocher le statut de PPTE qu’il exhibe comme un trophée. Le film documentaire de Yann Arthus Bertrand sur l’orphelinat de la sœur Marie Thérèse diffusé sur France2 le 26 Septembre 2013 en est la parfaite illustration. Rarement, sans doute, le " système " congolais du chemin d’avenir aura paru aussi violent et aussi virulent. Rarement l’avenir n’aura semblé à la population du Congo-Brazzaville aussi incertain. Et, dans cette contradiction économique et sociale : un budget de 4000 milliards de francs CFA, 3000 milliards de francs CFA de réserves stockés à la BEAC et un taux de croissance de 5,3 %, une minorité de nouveaux riches côtoie une masse grandissante de pauvres qui ont, à jamais, perdu confiance en eux.
Paradoxes
Le Congo-Brazzaville est perclus de paradoxes. Le produit intérieur brut (PIB) du Congo a accru de 2000 milliards de francs CFA en 2002 à plus de 7500 milliards de francs CFA en 2012, alors que le PIB par habitant est passé de 886 dollars US à plus de 3500 dollars durant la même période. La Banque mondiale a classé en 2012 l’économie du Congo-Brazzaville parmi les dix premières de l’Afrique et le pays parmi les dix du continent appelés à l’émergence. La situation financière contraste avec la réalité sociale.
Le Congo-Brazzaville est un pays traversé par des tendances contradictoires. La manne pétrolière a rendu l’économie du Congo-Brazzaville paradoxale et contribué à répandre l’idée que le pays était riche, mais, en réalité, sa population vit dans la pauvreté. Sur la foi des seuls agrégats monétaires et financiers, l’administration Sassou Nguesso se voit décerner de nombreux satisfecit tant par les experts internationaux que sous régionaux. Le dernier satisfecit en date est celui décerné par le Directeur régional de l’Unicef pour la région Afrique du Centre et de l’Ouest. Manuel Fontaine a souligné au cours d’un point de presse le 27 septembre 2013 à Brazzaville que le Congo-Brazzaville présente de bons indicateurs pouvant lui permettre d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en2015. Les populations du Congo-Brazzaville continuent de s’éclairer à la bougie et à la lampe tempête. Le barrage d’Imbouilou ne produisant pas assez d’électricité en dépit d’énormes sommes englouties dans la réalisation de cet édifice. Les transformateurs électriques prennent feu l’un après l’autre, conséquence d’un défaut d’entretien. Les denrées alimentaires sont hors de prix. La hausse des prix alimentaires conjuguée au bas salaire contraint les congolais à sauter les repas. Les résultats de l'école publique n'ont jamais été aussi médiocres. « Ebonga, ébonga té, toujours meilleur ».
Ces mauvais résultats qui devraient sonner le tocsin, n’émeuvent et n’interpellent personne, conformément au slogan « pécétiste ». 15 % de taux de succès au baccalauréat et 48 % de taux de réussite au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) pour l’année scolaire 2012-2013 : où sont donc passés les cerveaux du Congo-Brazzaville qui , autrefois, entraient en ébullition effrayés à l’idée de la baisse du niveau ? « Elite intellectuelle mé kouénda wapi ô Africa mama » chantaient Les Cols bleus de Rigadin Mavoungou et Rifi Kitouka. Les fins limiers de la pédagogie du système éducatif du Congo-Brazzaville (Otoungabéa, Kinfounsia, Pondo, Moulounda Raoul, Emile Oboa, Kina, Vouvou, François Ngatsé, Mbizi, Ndala, Alphonse Diafouana, Kibodi, Ernest Abandzounou, Matondo Jean Baptiste, Itoua, Kiyindou Auguste, Mouatinga, Madiénguela Théophile, Abbé Ngatsongo, Tchinianga Bernard, Gaston Bikouta Guy Menga, Matongo…), adeptes de la méthode syllabique, ont été écartés du milieu au profit des idéologues de l’INRAP, partisans de la méthode globale. Les salles de classe surchargées sont dépourvues d’infrastructures scolaires : table-bancs, bureaux, tableau noir n’ayant plus reçu de coup de pinceau de l’ardoisine ( le seul adhésif qui permet l'écriture à la craie) depuis plusieurs années.
A dos d’homme
L'eau potable se fait toujours rare au robinet. La S.N.D.E ayant déclaré forfait, le Congolais lambda est obligé de faire une corvée d'eau pour prendre une douche. L'importation des bidons jaunes ne cesse de croître ; les forages se multiplient, comme si le Congo était frappé de sécheresse. La plume de Denis Sassou-Nguesso devrait changer de main, à moins que l'auteur de ses discours mensongers ne soit ambidextre (Mwinda.org, 15 Septembre 2013).
Au Congo-Brazzaville, par manque d’ambulances, les malades sont quotidiennement transportés à l'aide de brouette dans les hôpitaux et à dos d’homme d’un étage à un autre, à raison de 1000 francs CFA par étage. Les médecins, les infirmiers et les divers agent de santé ont oublié le serment d’Hippocrate et ont épousé le métier de racketteurs des malades. Le personnel médical du Congo-Brazzaville a transformé les salles de soins en officines. Ils ont troqué la blouse blanche contre le costume de « bana manganga ». Les produits pharmaceutiques se vendent à la sauvette aussi bien dans les marchés que dans l’enceinte des hôpitaux. Les leaders politiques ont déserté les structures sanitaires du pays et se font traiter dans les hôpitaux occidentaux les plus chics à l’image d’Isidore Mvouba et Jean Claude Ibovi. La foireuse tentative de renouvellement de la carte de séjour du général Norbert Dabira en vue de l’obtention de la CMU participe de cette logique. Ce général Dabira, tout comme le général Pierre Oba, ministre de l’intérieur à l’époque des faits, un peu écervelé et trop sûr de lui, il faut le dire, se croyait lavé de tout crime de sang partout dans le monde depuis le non-lieu sur l’affaire des disparus du Beach prononcé en 2005 lors d’une parodie de procès au Congo-Brazzaville. Etait-ce une stratégie du général Norbert Dabira et du général Pierre Oba pour « passer à table » ? En avaient-ils trop gros sur la « patate » ? Les monuments, les châteaux et les lumières de Paris manquaient-ils autant à ces généraux d’opérette pour aller se jeter dans la gueule du loup ? Les morgues de Brazzaville, Pointe-Noire et Loubomo, si tant est qu’elles sont toujours alimentées en électricité de la SNE, sont submergées de cadavres à tel point que, ajoutant la cruauté au cynisme, les croque-morts exigent un pourboire pour le transport des dépouilles mortelles vers leurs dernières demeures. Et, ceci, au vu et au su de toutes les autorités politiques et municipales. Des autorités qui n’ont, d’ailleurs, pitié ni des morts ni des vivants. Les pompes funèbres du Congo-Brazzaville dégagent des bénéfices tellement mirobolants qu’elles aiguisent des convoitises. Les épigones du « chemin d’avenir », originaires de l’axe Oyo-Boundji-Ollombo, se battent comme des chiffonniers pour prendre la direction des sociétés de pompes funèbres devenues le nouveau « fromage de la République », à l’instar de la délégation générale des grands travaux et de la SNPC. Pendant ce temps, à Pointe Noire, le bateau hôpital de l’ONG américaine Mercy-Ships accueille des milliers de patients congolais, les démunis et laissés pour compte du régime kleptocrate qui n’ont aucun accès au moindre soin. «J’ai marché le long de cette queue, j’ai vu des gens avec de très larges tumeurs, les aveugles, les petits avec les becs de lièvre et la palatine. C’est impressionnant» commentait incrédule le président fondateur de Mercy Ships, Don Stephens (congo-liberty.com, 15 Septembre 2013).
Par la pratique du pouvoir et la gestion des ressources financières du Congo-Brazzaville, Sassou Nguesso et ses amis ont instauré l’approfondissement de la pauvreté et de la famine comme arme de destruction massive de la population. Aujourd’hui, le Congo-Brazzaville a pris des allures d’une pyramide dont la base formée de l’essentiel de la population est souffrance, maladies et famine et la pointe, constituée de la famille régnante et ses courtisans du « Chemin d’avenir », est aisance, gaspillage et gabegie. Les détournements des deniers publics et les malversations financières sont légion et se sont banalisés. Le directeur général du Trésor, Albert Ngondo (qui a largement dépassé l’âge de la retraite) et Nicolas Okandzi, le directeur du budget (et assassin du jardinier Bambélo) ferment les yeux sur les sorties d’argent public moyennant une commission. Le procès de l’explosion du 4 mars 2012, qui a pondu une monstruosité judiciaire en lieu et place d’un verdict, a laissé sans voix les populations du Congo-Brazzaville sur les méthodes de décaissement du Trésor Public. Sous d’autres cieux, ces deux directeurs seraient limogés illico presto. *
Détournement de haut vol
Le ministère public et Aimé Emmanuel Yoka, le juriste conseil du « Chemin d’avenir », n’ont pas estimé nécessaire d’ouvrir une information judiciaire contre le colonel Germain Ickonga Akindou et Madame Henriette Clarisse Mbochi Kouyaté pour détournement de 483 millions de francs CFA et mise en danger d’autrui. Une mise en examen qui viserait le démantèlement de toute la filière partant du Trésor à la délégation générale des grands travaux en passant par l’armée. L’impunité a été érigée en mode de gouvernement. Les gendarmes, les policiers et les différentes forces publiques s’adonnent au rançonnage de la population sans être inquiétés. Les péages routiers se sont multipliés sur toutes les artères du pays. Ils ont poussé comme des champignons au nez et à la barbe des autorités publiques. Les sanctions disciplinaires ont disparu depuis belle lurette. Brazzaville est devenue une marque déposée d'Oyo. La ville pue le scandale de l'enrichissement illicite du clan Nguesso. La misère populaire est ambiante. La police, féroce, est partout. Ce sont les « ouestafs » qui en font les frais (notamment le menu fretin) car les gros bonnets libanais, sénégalais et maliens sont en connivence avec la ploutocratie locale. Ceux-là, Jean-François Ndenguet leur fiche la paix. La peur des Congolais c'est d'avoir affaire à la police politique des généraux Ndenguet, Ebouéndé et Obara. Elle opère de nuit, instaurant une véritable « peur sur la ville ».
Folie
Après son fameux « Quousque tandem (...) », Cicéron avait été plus loin en demandant à Catilina : « Quamdiu etiam furor iste tuus nos eludet ? Quem ad finem sese effrenata iactabit audacia ? » Ce qui signifie : « Combien de temps ta folie nous défiera-t-elle ? Jusqu'où ton audace effrontée se déchaînera-t-elle ? » Autant de questions que les populations du Congo-Brazzaville devraient poser à Sassou Nguesso et seraient bien inspirées d'avoir en tête lorsqu'ils désigneront, bientôt, le successeur de Denis Sassou Nguesso aux présidentielles de 2016. Par petits morceaux, comme de vieux bâtiments s’effritent, le Congo-Brazzaville se délite et se disloque. Le paquebot prend l’eau de toute part. Le bon sens commande de l’extraire des griffes de Denis Sassou Nguesso.
Parodions Cicéron : « Jusqu’à quand, le Congo supportera-t-il l’abus de confiance du Caligula d’Edou Penda ? ».
Si le châtiment au pied boiteux de Horace vient clopin-clopant, celui qui frappera le tyran congolais, le peuple le veut rapide, efficace, décisif et, cette fois-ci, définitif.
Benjamin BILOMBOT BITADYS