Il n'y a aucune preuve dans l'acte d'accusation de Müller contre 12 Russes (Moon of Alabama)

Aucune preuve dans l'acte d'accusation de Müller contre 12 Russes
Article originel : No Evidence In Mueller's Indictment Of 12 Russians - Release Now May Sabotage Upcoming Summit
Moon of Alabama, 14.07.18

(c) Paul J. Richard / AFP

Le conseiller spécial Robert Mueller a publié un acte d'accusation (pdf, 29 pages) contre 12 personnes soupçonnées d'être des officiers ou des personnes appartenant au service de renseignement militaire russe GRU. Ces gens, affirment l'acte d'accusation, travaillent pour une sous-unité opérationnelle (26165) et une sous-unité technique (74455) de la GRU.

Un grand jury à Washington DC a émis 11 chefs d'accusation qui sont décrits et annotés ci-dessous. Une brève évaluation suit.

Le premier chef d'accusation est un "complot en vue de commettre une infraction contre les États-Unis" en volant des courriels et en les divulguant. L'acte d'accusation affirme que les unités du GRU ont envoyé des courriels de fishing sur la campagne d'Hillary Clinton et aux organisations du Parti démocrate CND et DCCC. Ils les ont utilisés pour avoir accès aux boîtes mails de John Podesta et d'autres personnes. Ils sont également accusés d'avoir installé des logiciels espions (X-agent) sur des ordinateurs du Congrès national démocrate (CND) et d'avoir exfiltré des courriels et d'autres données provenant d'eux. Les courriels ont été distribués et publiés par les personnes en ligne DCLeaks, Guccifer II et plus tard par Wikileaks. L'acte d'accusation affirme que DCLeaks et Guccifer II étaient des supplétifs du GRU. Wikileaks, "organisation 1" dans l'acte d'accusation, est impliqué mais pas encore accusé.

Note : Il y a un Grand Jury complètement différent pour la longue affaire contre Julian Assange et Wikileaks. Assange a nié que les courriels qu'il a publiés provenaient d'une source russe. Craig Murray, un ancien ambassadeur britannique, a déclaré qu'il a reçu les courriels lors d'un voyage à Washington DC et les a transportés à Wikileaks.

L'acte d'accusation décrit en détail comment divers ordinateurs loués et plusieurs noms de domaine ont été utilisés pour accéder aux ordinateurs du CND et du DCCC. La description est globalement plausible, mais il y a peu ou pas de preuves à l'appui.

Les chefs d'accusation 2 à 9 de l'acte d'accusation portent sur le "vol d'identité aggravé" pour l'utilisation de noms d'utilisateur et de mots de passe pour les comptes de courriel personnels d'autres personnes.

L'accusation 10 concerne un "complot pour blanchir de l'argent". Cela aurait été fait "par le biais d'un réseau de transactions structurées pour capitaliser sur l'anonymat perçu de crypto-monnaies telles que le bitcoin". Il est allégué que les accusés ont extrait des bitcoins, les ont acheminés par le biais de douzaines de comptes et de transactions et les ont ensuite utilisés pour louer des serveurs, l'accès à un réseau privé virtuel et les noms de domaine utilisés dans l'opération.

Note : L'acte d'accusation renforce l'intuition de l'auteur que bitcoin et autres crypto-monnaies sont des créations et des terrains de jeu des services secrets tout comme Tor et d'autres trucs 'cool' sur Internet et la 'vie privée'. C'est la raison pour laquelle il faut éviter de les utiliser.

Le chef d'accusation 11 de l'acte d'accusation est un "complot en vue de commettre une infraction contre les États-Unis". Elle affirme que certains des accusés ont piraté les bureaux de vote des États et les entreprises étatsuniennes qui fournissent des logiciels liés aux élections.

Note : D'après d'autres rapports, l'attaque présumée n'a entraîné aucun changement dans les résultats des élections ou d'autres dommages.

Les États-Unis demanderont la confiscation des objets de valeur que les accusés peuvent avoir aux États-Unis dans le cadre de toute condamnation des accusés.

Évaluation :

•  Ce n'est pas un hasard si cet acte d'accusation a été publié aujourd'hui, quelques jours avant le premier sommet entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine et peu avant la fin du championnat du monde de football en Russie. Le communiqué a l'intention de saboter les pourparlers.
   
• L'acte d'accusation décrit une vaste opération, mais ne contient aucune preuve de ce qu'il allègue.
   
• Mueller espère probablement que l'acte d'accusation ne sera jamais porté devant un tribunal. Les choses alléguées seraient extrêmement difficiles à prouver. N'importe quel avocat décent demanderait comment l'information alléguée a été obtenue et dans quelle mesure elle était basée sur l'espionnage illégal par la NSA. Quelque chose que les États-Unis détestent révéler.
   
• Il est peu probable que ces affaires fassent l'objet d'un procès. Les personnes inculpées sont toutes des Russes en Russie et aucune d'entre elles n'est susceptible d'être assez stupide pour suivre une invitation à Las Vegas ou à Disney World.

Mais qui sait ?

En février, Mueller a inculpé l'Agence russe de recherche sur Internet, un appât à clics exploité à des fins commerciales, d'avoir influencé les élections étatsuniennes. À l'époque, on s'attendait à ce qu'il n'y ait jamais de procès. A la surprise générale, l'une des sociétés russes accusées, Concord Management, a relevé le défi et exigé la communication préalable. Mueller a ensuite tenté de retarder la remise de la preuve (ce qu'il n'a probablement pas.) Un juge a rejeté la tentative. L'affaire est en cours.

Le sous-procureur général Rosenstein, qui a annoncé l'acte d'accusation, a également fait valoir trois points qui seront probablement peu couverts. Il a déclaré (vidéo) qu'il n'y a pas d'allégations dans l'acte d'accusation qu' :

•  un  Etatsunien savait qu'il était en contact avec des Russes ou avec une opération russe
• un Etatsunien a commis un crime en relation avec cela.
• que l'opération a changé ou influencé l'élection.

L'acte d'accusation, qui pourrait bien être inventé et qui ne sera probablement jamais mis à l'épreuve devant les tribunaux, renforcera la campagne "La Russie est un ennemi" qui a été lancée bien avant les élections de 2016. Cela renforcera la conviction de certains démocrates que la Russie, et non le choix par les électeurs d'un candidat révoltant, a coûté à Hillary Clinton la présidence.

La détente avec la Russie que le président étatsunien Donald Trump tente de réaliser sera maintenant plus difficile à mettre en œuvre et à maintenir.

Traduction SLT
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