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Israël utilise les Juifs de la diaspora comme boucliers humains (Haaretz)

par Yossi Klein 3 Juin 2018, 16:03 Israël Juifs Instrumentalisation Diaspora Netanyahu Colonialisme Articles de Sam La Touch

Israël utilise les Juifs de la diaspora comme boucliers humains
Article originel : Israel Uses Diaspora Jews as Human Shields
Par Yossi Klein
Haaretz

Israël est heureux d'instrumentaliser les Juifs du monde, mais ne se soucie pas que ses actions les mettent en danger.

Netanyahu (c) Sergei Guneev Sputniknews

Netanyahu (c) Sergei Guneev Sputniknews

Israël est un danger pour les Juifs du monde entier. Il se dit leur protecteur, mais ne se soucie pas des conséquences de ses actions pour eux. Les Juifs à l'étranger paient le prix de l'hostilité envers Israël, mais l'État insiste pour les enrouler autour de lui comme un gilet de kamikaze. Tu veux me faire du mal ? D'accord, mais sachez qu'ils vont exploser en premier.

Les conséquences sur les Juifs d'outre-mer ne font pas partie des calculs militaires d'Israël. Il fera ce qu'il fait, même s'il leur fait mal. Mais cela ne l'empêchera pas de prétendre les représenter, de parler en leur nom et de les utiliser comme otages. Ils sont des boucliers humains. Votre loyauté envers votre judaïsme, dit-il, passe avant votre loyauté envers votre patrie.

Le judaïsme au nom duquel l'État parle n'est pas celui de la plupart des Juifs de la diaspora. Israël limite ou exclut leur judaïsme. Le judaïsme d'Israël est celui d'une minorité qui a pris le contrôle du pays, et aux États-Unis, il est plus attentif aux chrétiens évangéliques qu'aux Juifs réformés ou conservateurs. L'État les combat, mais les utilise.

Les gouvernements israéliens ont toujours eu recours aux Juifs de la diaspora. L'israélité se cachait derrière le judaïsme. Les dangers auxquels Israël a exposé les Juifs de la diaspora ne l'ont jamais découragé. En 1956, il a utilisé les Juifs égyptiens pour saboter leur État. Il a envoyé Jonathan Pollard pour espionner son propre pays. Elle s'impose aux Juifs du monde entier, les obligeant à débattre de leur loyauté tout en insistant pour assimiler la critique d'Israël à une attaque contre le judaïsme et tous les Juifs - c'est-à-dire l'antisémitisme. Nous avons beaucoup de ce genre d'antisémitisme ici. Selon cette formule, la moitié d'Israël est antisémite parce qu'elle ne supporte pas le gouvernement. Mais l'efficacité d'accuser le monde d'antisémitisme s'estompe. Cette surutilisation a usé le mécanisme de la culpabilisation et a avancé sa date de péremption. Fini le temps où nous pouvions justifier une frappe sur Gaza avec ce qui nous a été fait à Auschwitz.

Israël ne l'admettra pas, mais de son point de vue, il y a un côté positif à l'antisémitisme : il "prouve" l'échec des pays étrangers à protéger leurs Juifs. Leur négligence souligne notre excellence. Le chef de l'Etat, qui est aussi le chef des Juifs du monde, est fier de la sécurité qu'il donne à ses Juifs. Il y a trois ans, après les attaques terroristes contre les Juifs français, il a appelé la communauté à venir en Israël parce que leur pays ne pouvait pas les protéger. (Pourtant quelque 5 000 Juifs sont morts dans des attentats terroristes en Israël).

Israël rejette les condamnations de ses actions à Gaza. Il abandonne les Juifs et écarte les non-Juifs, mais ferait n'importe quoi pour un peu d'affection de leur part ! Il a faim de chaque miette de reconnaissance. Notre État privatisé expropriera et nationalisera et embrassera et s'emparera de toute réalisation, d'une médaille de judo jusqu'à la création d'une startup.

Nous l'avons vu la semaine dernière. Deux des questions nationales les plus sensibles ont été agressées aux Pays-Bas : La victoire d'Israël à l'Eurovision et les meurtres à Gaza, toutes les deux chers dans nos coeurs. La parodie néerlandaise de "Toy", qui incluait la critique des actions d'Israël à la frontière de Gaza, a été immédiatement dénoncée comme "antisémite", et l'ambassade d'Israël a déposé une protestation. L'ambassade savait très bien que la chanson n'était pas antisémite, mais le désir de confondre les positions anti-Israéliennes et l'antisémitisme a triomphé.

Quiconque critique la chanteuse Neta Barzilai critique également le premier ministre, son épouse, son parti et le gouvernement, et cherche à le faire tomber. Pourquoi ? Parce que nous le disons et que nous tirons notre autorité pour définir l'antisémitisme à partir des 6 millions de Juifs qui sont morts pendant l'Holocauste.

Nous avons amené Benjamin Netanyahu au pouvoir, mais pourquoi les Juifs du monde entier sont-ils à blâmer ? Pourquoi doivent-ils payer le prix de la démission du roi des Juifs quant aux enquêtes criminelles le concernant ? Si je vivais à l'étranger, je suivrais ses actions récentes avec crainte et suspicion. Le bunker souterrain (déplacement du cabinet de sécurité de Netanyahu dans un bunker près de Jerusalem, NdT) et le véhicule blindé pour Sara augure mal pour les Juifs d'Israël et d'outre-mer.

Quand on entend dire qu'il est appelé agent immobilier en Toscane ou qu'il a ouvert un compte en banque dans les Caraïbes, il est temps de descendre la grande valise du grenier. Le courageux défenseur des Juifs est prêt à sacrifier chacun d'entre nous en échange de l'abandon d'une seule charge dans l'affaire des sous-marins.

Traduction SLT

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