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L'administration Biden justifie l'assaut d'Israël sur les hôpitaux de Gaza par des "renseignements" israéliens recyclés (The GrayZone)

par Wyatt Reed 16 Novembre 2023, 18:16 Al Shifa Biden Netanyahu Collaboration Propagande Fake news Hôpital Israël Palestiniens Palestine Colonialisme Articles de Sam La Touch

L'administration Biden justifie l'assaut d'Israël sur les hôpitaux de Gaza par des "renseignements" israéliens recyclés
Article originel : Biden admin justifies Israel’s assault on Gaza hospitals with recycled Israeli ‘intelligence’
Par Wyatt Reed
The Gray Zone 15.11.23

Les forces israéliennes prennent d'assaut les alentours de l'hôpital Shifa de la ville de Gaza, 14 novembre 2023

Les forces israéliennes prennent d'assaut les alentours de l'hôpital Shifa de la ville de Gaza, 14 novembre 2023

Alors qu'Israël attaque l'hôpital Shifa de Gaza, l'administration Biden affirme que "le Hamas utilise les hôpitaux" comme bases militaires. Une fois de plus, Washington semble s'appuyer sur une propagande israélienne douteuse plutôt que sur une analyse indépendante.
 

Alors que les troupes israéliennes prennent d'assaut les hôpitaux Al-Shifa et Al-Rantisi de Gaza, les États-Unis et Israël reviennent sur les affirmations discréditées selon lesquelles le Hamas maintient des "centres de commandement" dans les sous-sols des hôpitaux de Gaza, même après que les prétendues preuves produites par Tel-Aviv aient été complètement démenties.

"Je peux vous confirmer que nous disposons d'informations selon lesquelles le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont utilisé certains hôpitaux de la bande de Gaza, dont Al-Shifa, et des tunnels situés en dessous, pour dissimuler et soutenir leurs opérations militaires et détenir des otages", a déclaré mardi à la presse le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby.

L'affirmation de Kirby fait écho à celle du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, qui a soutenu que "des rapports de sources ouvertes" montrent que "le Hamas utilise des hôpitaux, ainsi que beaucoup d'autres installations civiles, pour le commandement et le contrôle, pour stocker des armes, pour loger ses combattants".

Le 14 novembre, la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, a déclaré aux journalistes que les services de renseignement étatsuniens n'avaient pas de "troupes sur le terrain", ni de moyens de renseignement capables de recueillir de manière indépendante des informations provenant de Shifa ou concernant cette ville. Lorsqu'on lui a demandé si les informations déclassifiées diffusées par Kirby et Sullivan étaient arrivées par l'intermédiaire des "homologues israéliens" de Washington, elle a refusé de répondre. Mais elle a fortement suggéré que la divulgation des renseignements était motivée par des considérations politiques.

"Il s'agit d'informations nouvellement déclassifiées que nous avons jugé important de diffuser aujourd'hui, parce qu'il y a eu beaucoup de questions sur l'hôpital et sur le fonctionnement du Hamas, et qu'il était donc important de les diffuser", a insisté Mme Singh.

Le Hamas nie utiliser les hôpitaux à des fins militaires, ce que confirment les professionnels de santé locaux et les organisations humanitaires internationales. "J'en ai assez de ces affirmations [israéliennes] selon lesquelles il y a des centres de commandement du Hamas [dans les hôpitaux]", a déclaré le docteur Mads Gilbert, médecin norvégien, à Al-Jazeera le 12 novembre. Ayant pratiqué des interventions vitales pendant plusieurs semaines à l'intérieur de Shifa lors de l'assaut israélien de 2014 sur Gaza, Gilbert a noté : "Comme je l'ai dit 100 fois ... nous n'avons jamais vu de personnes de haut rang du Hamas à Al-Shifa", ajoutant "nous avons été en mesure de circuler librement."

'Never seen it': Norwegian doctor disputes Hamas in hospitals. "Jamais vu ça" : un médecin norvégien conteste la présence du Hamas dans les hôpitaux Le Dr Mads Gilbert, qui travaille régulièrement à Gaza, explique que la situation dans les hôpitaux, en particulier à l'hôpital Al-Shifa, est "désespérée", car le personnel et les patients sont privés d'oxygène, de nourriture et d'eau. Alors que les combats se poursuivent dans le nord, le Dr Gilbert indique que les médecins ont déclaré qu'il n'y avait "aucune possibilité d'accéder aux blessés ou aux morts".

Mais cela n'a guère empêché les troupes israéliennes de lancer un assaut généralisé contre les installations. Alors que les forces israéliennes encerclaient l'hôpital Shifa mardi, avec le soutien inconditionnel de l'administration Biden, arrêtant les journalistes à l'extérieur de l'établissement et évacuant violemment les personnes déplacées de son enceinte, les médecins à l'intérieur ont été contraints de déplacer les bébés en soins intensifs d'une aile à l'autre de l'hôpital pour sauver leur vie. Le manque de carburant avait déjà contraint un grand nombre de ces enfants à se passer d'unités vitales d'alimentation en oxygène.

Pendant ce temps, les forces israéliennes n'ont pas réussi à trouver d'otages à l'intérieur ou autour de l'hôpital. Comme l'a rapporté la radio de l'armée israélienne le 15 novembre, "il n'y a aucune indication de la présence de personnes enlevées à l'intérieur de l'hôpital".

Les États-Unis qualifient de "brouillard de guerre" la campagne de désinformation systématique menée par Israël

Les responsables israéliens et étatsuniensn'ont toujours pas apporté la preuve que le Hamas dispose d'un "centre de commandement" à Al-Shifa. La vidéo publiée par l'armée israélienne, censée prouver que le Hamas garde des otages dans le sous-sol de l'hôpital pour enfants Al-Rantisi, le dernier centre médical de Gaza doté d'un service de cancérologie pédiatrique, n'a pas été très convaincante.

Dans cette vidéo, le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, affirme que ce qui semble être un abri antiatomique pour jeunes enfants est en fait une chambre de torture du Hamas, citant des objets aussi improbables qu'un biberon et des vêtements de femme. Dans un moment particulièrement mémorable et très critiqué, Hagari a insisté sur le fait que les jours de la semaine écrits en arabe sur un calendrier étaient en fait les noms des "terroristes" censés garder les Israéliens captifs ostensiblement détenus dans l'abri.

L'armée israélienne a depuis tenté de minimiser la tromperie en la qualifiant d'"erreur de traduction".

Ce n'était pas le premier round de la campagne de "fake news" de Tel-Aviv. Depuis que les groupes de résistance palestiniens ont lancé leur assaut le 7 octobre, les arabophones se sont emparés des médias sociaux pour se moquer des enregistrements audio qu'Israël publie régulièrement et qui prétendent montrer des membres du Hamas discutant allègrement de la perpétration de crimes de guerre.

Rien qu'en novembre, les comptes officiels israéliens sur les médias sociaux ont été contraints de se défaire d'au moins une demi-douzaine d'affirmations erronées. Une vidéo montrant une femme en pleurs décrivant comment elle a récupéré le corps en décomposition de son fils dans les rues de Gaza a été transformée par l'ambassade d'Israël aux États-Unis, qui a utilisé de fausses légendes pour prétendre qu'elle blâmait le Hamas pour le siège. Interrogée, l'ambassade a ensuite supprimé le message.


La même semaine, le principal compte gouvernemental israélien sur Twitter a dû supprimer sa fausse affirmation selon laquelle "AP, CNN, NY Times et Reuters avaient des journalistes intégrés aux terroristes du Hamas lors du massacre du 7 octobre" - un mensonge que le New York Times a condamné comme étant "imprudent" et qui, selon lui, mettait "en danger" ses journalistes sur le terrain en Israël et dans la bande de Gaza.


Quelques jours plus tard, le compte Twitter officiel israélien en langue arabe a supprimé des images montrant une femme vêtue d'une blouse d'infirmière qui prétendait travailler comme infirmière à l'hôpital Al-Shifa de Gaza et qui dénonçait le Hamas pour avoir prétendument volé du carburant et des médicaments. D'autres médecins et infirmières du centre médical auraient déclaré au journaliste Younis Tirawi : "Nous ne connaissons pas cette femme ; elle n'a jamais travaillé ici auparavant et nous ne l'avons jamais vue à l'hôpital.

Les utilisateurs des médias sociaux ont affirmé que la femme était l'actrice israélienne Hannah Abutbul, qui travaille au noir en tant que responsable des médias sociaux d'une société israélienne appelée Aish International, qui travaille avec le ministère israélien des affaires étrangères. Abutbul nie être apparue dans la vidéo.

Le 10 novembre, la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) d'Israël a affirmé que le Hamas était "À L'INTÉRIEUR de l'hôpital indonésien la nuit dernière", citant une vidéo qui semblait montrer une arme à feu en train d'être exhibée. Un observateur qui a fait remarquer que l'objet était en fait un gourdin a vu sa réponse "cachée" par le compte officiel israélien.

Tout au long de l'assaut de la bande de Gaza, parsemé de sang, les responsables américains ont toujours pris les affirmations israéliennes pour argent comptant, reprenant même les excuses de Tel Aviv lorsqu'on les y invitait. Après l'affirmation de Joe Biden, aujourd'hui rétractée, selon laquelle il aurait vu "des images confirmées de terroristes décapitant des enfants", les responsables étatsuniens continuent de faire preuve d'une volonté remarquable de se ranger du côté du gouvernement israélien et de se faire l'écho de ses discours.

Lors d'une conférence de presse tenue le 14 novembre, un journaliste a interrogé le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, sur la diffusion habituelle de "fausses informations" par le gouvernement israélien.

Spokesperson Matthew Miller leads the Department Press Briefing, at the Department of State, on November 14, 2023. / Le porte-parole Matthew Miller dirige la conférence de presse du Département d'État, le 14 novembre 2023.

 M. Miller a répondu en balayant du revers de la main la parade des fabrications israéliennes, qu'il considérait comme une caractéristique inévitable du "brouillard de la guerre".

"Dans le brouillard de la guerre, à des milliers de kilomètres de distance sur le podium, a insisté le porte-parole, je n'ai aucun moyen de juger de manière indépendante les différentes affirmations qui sont faites."

Traduction SLT

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