La Russie déclare qu'elle a dit aux États-Unis où, en Syrie, ils leur étaient permis de bombarder.
Article originel : Russia Says It Told U.S. Where in Syria It Was Allowed to Bomb
Par David Brennan
Newsweek, 20.04.18
Traduction SLT
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que Moscou a dicté où les forces étatsuniennes, britanniques et françaises ont été autorisées à attaquer lors des frappes aériennes du week-end sur les installations d'armes chimiques syriennes présumées, a rapporté Sky News.
Les forces de la coalition ont détruit trois sites de stockage et de production en réponse à une attaque chimique présumée du 7 avril contre des civils qui a tué au moins 40 personnes dans la ville de Douma, tenue par les rebelles, près de Damas.
La Russie, qui soutient le président syrien Bachar al-Assad, a démenti l'existence d'une attaque chimique. Les enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques essayent d'atteindre Douma pour établir ce qui s'est passé, mais ont du mal à y accéder.
Selon Lavrov, la Russie avait été en contact avec la coalition dans les jours précédant l'attaque, dictant ses "lignes rouges" au-delà desquelles les frappes aériennes seraient considérées comme inacceptables. Les responsables russes avaient déjà averti que toute attaque sur le territoire syrien entraînerait des représailles russes.
"Il y avait des contacts militaires au plus haut niveau entre les généraux, entre nos représentants et les dirigeants de la coalition", a déclaré Lavrov à l'agence de presse RIA. "Ils ont été informés où étaient nos lignes rouges, y compris les lignes rouges au sol, géographiquement. Et les résultats montrent qu'ils n'ont pas franchi ces lignes rouges."
Les États-Unis et la Russie utilisent un canal de communication téléphonique dit de "déconfliction" pour éviter les affrontements accidentels en Syrie. Le pays est devenu une zone de guerre encombrée dans laquelle de multiples nations déploient des forces pour défendre des intérêts divergents. Il est probable que la ligne a été utilisée pendant la période précédant les attaques du week-end, mais il serait inhabituel que les deux parties discutent de l'acceptabilité de cibles spécifiques.
Bien que les attaques aient été qualifiées de "précises et écrasantes" par un porte-parole du Pentagone, l'armée a admis qu'il était peu probable qu'elle puisse arrêter complètement le programme chimique d'Assad.
Au moins 105 missiles ont été lancés sur les cibles. Le Pentagone a déclaré que toutes les armes ont atteint leurs cibles avec succès. La Russie a affirmé que les défenses aériennes de la Syrie a abattu 71 missiles de la coalition, mais n'a fourni aucune preuve. Le Pentagone a déclaré que les batteries syriennes ont tiré 40 missiles d'interception, la plupart seulement après la fin des frappes.
L'officier supérieur de l'armée russe Sergei Rudskoi apparaît sous une carte de la Syrie projetée lors d'une séance d'information au quartier général du ministère russe de la Défense à Moscou le 14 avril, à la suite des frappes des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. La Russie affirme que 71 missiles de la coalition ont été abattus. KIRILL KUDRYAVTSEV/AFP/Getty Images
Lavrov a déclaré que la Russie prévoit maintenant de fournir à la Syrie des armes modernes de défense aérienne S-300 afin d'améliorer le bouclier du pays contre de futures frappes. "Maintenant, nous n'avons pas d'obligations morales", a commenté Lavrov. "Nous avions des obligations morales ; nous avions promis de ne pas le faire il y a une dizaine d'années, je crois, à la demande de nos partenaires connus".
"Nous avons pris en considération leur affirmation selon laquelle cela pourrait déstabiliser la situation. Même si c'est purement défensif. Maintenant, nous n'avons plus cette obligation morale" a-t-il ajouté.
Lavrov s'est dit convaincu que le président russe Vladimir Poutine et le président étatsunien Donald Trump ne permettraient pas que les tensions en Syrie dégénèrent en une guerre totale. "Ce sont les dirigeants qui ont été élus par leurs peuples, et ils sont responsables de la paix et du calme ", a-t-il déclaré.