Le New York Times cite un eugéniste nationaliste blanc dans un article intitulé "les secrets du génie juif"
Article originel : New York Times Cites White Nationalist Eugenicist in Piece Titled “the Secrets of Jewish Genius”
Par Alan MacLeod*
MintPress News
Dans sa chronique intitulée “The Secrets of Jewish Genius,” (" Les secrets du génie juif "), Bret Stephens s'est demandé pourquoi les Juifs avaient accompli tant de choses alors qu'ils constituaient une si petite partie de la population mondiale. Pour lui, la réponse résidait dans leur supériorité génétique.
Le New York Times est de nouveau sous le feu des critiques pour avoir publié un article inhabituel promouvant la science des races. Dans sa chronique intitulée “The Secrets of Jewish Genius,” ("Les secrets du génie juif"), Bret Stephens s'est posé la question suivante : pourquoi les Juifs ont-ils accompli tant de choses alors qu'ils ne constituent qu'une si petite partie de la population mondiale ?
Pour Stephens, la réponse réside dans leur supériorité génétique : "Les Juifs sont, ou ont tendance à être intelligents. Quand il s'agit des Juifs ashkénazes, c'est vrai ", a-t-il écrit, en veillant à distinguer les Juifs ashkénazes blancs des autres groupes à la peau plus foncée comme les Juifs séfarades ou mizrahi. Notant que les Ashkénazes ont remporté 27 % des prix Nobel étatsuniens en sciences et représentent plus de la moitié des champions mondiaux d'échecs, il a cité un article qui affirmait que " les Juifs ashkénazes ont le QI moyen le plus élevé de tous les groupes ethniques pour lesquels il existe des données fiables ".
Cependant, l'un des auteurs cité dans l'article, Henry Harpending, était un spécialiste des races discrédité qui a déjà eu l'habitude de promouvoir l'eugénisme - et quelqu'un qui avait des liens avec des groupes nationalistes blancs selon le Southern Poverty Law Center.
Le réplique à une personne soutenant que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d'autres a été rapide. Faisant référence aux 7 800 mises à pied dans les médias en 2019, Ben Ehrenreich, de The Nation, s'est moqué :
It’s hard to think of a harsher indictment of US media than the fact that literally tens of thousands of journalists have been laid off in recent years and Bret Stephens still has a job.
— Ben Ehrenreich (@BenEhrenreich) December 28, 2019
Même Fox News a qualifié la tribune de raciste, tandis que les collègues de Stephens dans le New York Times ont riposté. Jody Rosen a écrit : "En tant que juive ashkénaze et collaboratrice du New York Times, je ne pense pas que les eugénistes devraient être chroniqueurs d'opinion."
Face à ce contrecoup, les rédacteurs du Times, qui avaient auparavant approuvé tacitement l'article en le publiant, ont ajouté une longue note au début de l'article, affirmant que c'était une " erreur " que Stephens ait cité l'étude raciste qui a pourtant été démentie. " L'effet a été de laisser l'impression à de nombreux lecteurs que Stephens soutenait que les Juifs sont génétiquement supérieurs. Ce n'était pas son intention ", a-t-il affirmé.
The NYT has added a lengthy "editors note" to the top of Bret Stephens column.
It includes this claim: "Mr. Stephens was not endorsing the study or its authors’ views, but it was a mistake to cite it uncritically"
That is a lie.
Stephens was unequivocally endorsing the study pic.twitter.com/SV9GIV4DCD
— Judd Legum (@JuddLegum) December 29, 2019
Un racisme respectable
Le New York Times a pour habitude de normaliser, voire de promouvoir subtilement, l'idéologie raciste d'extrême droite. Il a publié de longs et sympathiques portraits de nazis étatsuniens et a donné un soutien éclatant à des groupes réactionnaires comme le “Intellectual Dark Web”, en glorifiant leur conservatisme passe-partout comme un mouvement subversif anti-establishment. Bien qu'il se prétende être un journal libéral, le Times emploie une écurie de chroniqueurs fortement conservateurs, dont Stephens, Bari Weiss, Ross Douthat et David Brooks. En revanche, il y a un manque flagrant de social-démocrates soutenant Sanders, sans parler de ceux qui sont plus à gauche.
Dans le sillage de la plus récente controverse Stephens, de nombreux auteurs ont relaté des cas où les rédacteurs en chef du Times ont supprimé des articles qui montraient la droite politique sous un jour négatif. Par exemple, on a demandé à l'auteur Cari Luna d'écrire un article sur le nationalisme blanc à Portland. Bien que ses rédacteurs en chef aient adoré l'article, la direction l'a supprimé parce que, selon ses propres termes, " il était trop à gauche pour leur confort ". D'autres ont également évoqué des histoires similaires.
Fun fact: a while ago a NY Times opinion editor solicited a piece about white nationalism in Portland from me and loved it, but the higher-ups nixed it, my guess is because it was too far left for their comfort. But those same folks are cool with this Bret Stephens eugenics piece
— Cari Luna (@cari_luna) December 28, 2019
En avril 2017, le Times a embauché Stephens pour occuper l'un de ses postes les plus prestigieux en tant que chroniqueur régulier. À ce moment-là, il était déjà connu pour avoir fait la promotion du racisme et d'autres opinions réactionnaires dans la presse écrite. Alors qu'il travaillait pour le Wall Street Journal, il a écrit sur " la maladie de l'esprit arabe " où les Palestiniens avaient été " saisis " par une " soif de sang " voulant massacrer les Israéliens. Il les avait auparavant accusés de " psychose communautaire " qui remettait en question la " fiction réconfortante " selon laquelle tous les gens sont fondamentalement bons et affirmait qu'ils étaient, en tant que peuple, incapables d'empathie.
Ses opinions controversées ne se limitent cependant pas au Moyen-Orient. Dans une entrevue avec Jeff Stein de Vox, il a allégué que " Black Lives Matter comporte des éléments vraiment voyous " et que l'augmentation dramatique des meurtres de Noirs par la police est " liée à une culture de résistance à la police ". Stephens est également un fervent sceptique des changements climatiques et un défenseur de la torture.
Lire : - MintPress News NYT Bret Stephens: Arabs And Africans As “Diseased” And “Depraved” ("Bret Stephens du NYT : Les Arabes et les Africains comme "malades" et "dépravés"")
Le New York Times tente de se " diversifier " en engageant Bret Stephens, un écrivain qui a utilisé des insultes pour dénigrer les Arabes et les Africains.
Plus tôt cette année, il est devenu viral à cause d'un affront public en ligne. Après que David Karpf, un professeur de l'Université George Washington, ait fait une blague idiote (et à peine visible) sur Twitter à propos de la nouvelle d'une infestation de punaises de lit dans les bureaux du New York Times causée par lui, Stephens a réagi avec indignation, en envoyant un courriel de plainte aux supérieurs du professeur dans une tentative évidente d'utiliser son influence pour le faire renvoyer. Après l'échec de ce projet, Stephens a prétendu dans sa chronique que l'idée d'une " infestation " était un trope antisémite se comparant, en tant que juif, à des insectes. Il n'a pas été en mesure de fournir des preuves suffisantes à cet égard. Il a également été largement évoqué qu'il avait qualifié les Palestiniens de moustiques dans une chronique précédente. Stephens a supprimé son compte Twitter pendant sa débâcle, car l'opinion publique s'est rangée du côté de Karpf.
Que Stephens puisse être si conscient de l'absence de tropes racistes comme les punaises de lit et ne pas comprendre exactement ce qu'il défendait dans son dernier article, comme le New York Times l'a admis, dépasse l'entendement. Stephens est un acteur habile et sait exactement ce qu'il fait et quel est son rôle au Times. Selon une étude de YouGov, environ un quart des Etatsuniens, dont 41 % des électeurs de Trump, pensent que le gouvernement conspire pour faire des États-Unis un pays à majorité musulmane - un élément clé de la théorie de l'extrême droite d'un génocide blanc. C'est exactement ce milieu qui a perpétré des attaques antisémites authentiques et choquantes contre les Juifs des Etats-Unis, notamment les récentes fusillades dans des synagogues à San Diego et à Pittsburgh. Même s'il soutient l'État d'Israël, le président Trump continue de diffamer ou d'insulter les Juifs étatsuniens en mettant en doute leur loyauté ou en les présentant comme des cupides.
Alors que les attitudes racistes aux États-Unis commencent à se répandre à nouveau, certains médias en font la promotion dans des conversations respectables.
* Alan MacLeod est un rédacteur de l'équipe de MintPress ainsi qu'un universitaire et un rédacteur pour Fairness and Accuracy in Reporting. Son livre, Bad News From Venezuela : Twenty Years of Fake News and Misreporting a été publié en avril.
Traduction SLT
Contact : samlatouch@protonmail.com
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