Les crimes de guerre de Truman à Hiroshima et Nagasaki
Article originel : Truman’s War Crimes at Hiroshima and Nagasaki
Par Jacob G. Hornberger*
FFF, 6.08.21
Ce mois-ci marque le 75e anniversaire des bombardements atomiques étatsuniens d'Hiroshima et de Nagasaki. Si les partisans de ces bombardements les ont longtemps justifiés par le fait qu'ils avaient raccourci la Seconde Guerre mondiale, le fait est qu'il s'agissait de crimes de guerre. La seule raison pour laquelle le président Truman et les pilotes qui ont largué les bombes n'ont pas été poursuivis comme criminels de guerre est que les États-Unis ont fini par gagner la guerre.
Il a longtemps été souligné que le Japon avait exprimé sa volonté de se rendre. La seule condition était que l'empereur japonais ne soit pas maltraité ou exécuté.
Le président Truman a refusé d'accepter cette condition. Comme son prédécesseur Franklin Roosevelt, Truman a exigé une "reddition inconditionnelle".
C'est pourquoi le Japon a continué à se battre. Les officiels japonais ont naturellement supposé que les officiels étatsuniens allaient faire de très mauvaises choses à leur empereur, y compris la torture et l'exécution. Dans l'esprit des responsables japonais, pourquoi les États-Unis ne seraient-ils pas disposés à accepter cette seule condition, d'autant plus qu'elle aurait signifié la fin de la guerre ?
L'ironie noire est que Truman a fini par accepter cette condition, mais seulement après avoir pulvérisé les habitants d'Hiroshima et de Nagasaki avec des bombes nucléaires.
Dans un excellent article d'opinion paru aujourd'hui dans le Los Angeles Times et intitulé "Les dirigeants étatsuniens savaient que nous n'avions pas besoin de larguer des bombes atomiques sur le Japon pour gagner la guerre. Nous l'avons fait de toute manière", les auteurs soulignent :
Sept des huit officiers cinq étoiles de l'armée et de la marine étatsuniennes en 1945 étaient d'accord avec l'évaluation vitriolique de la marine. Les généraux Dwight Eisenhower, Douglas MacArthur et Henry "Hap" Arnold, ainsi que les amiraux William Leahy, Chester Nimitz, Ernest King et William Halsey ont déclaré que les bombes atomiques étaient soit militairement inutiles, soit moralement répréhensibles, soit les deux.
N'oubliez pas que rien dans les principes de la guerre n'obligeait Truman et Roosevelt à exiger la reddition inconditionnelle du Japon (ou de l'Allemagne). Les guerres peuvent être - et sont souvent - terminées par des conditions de reddition. Les deux présidents étaient prêts à sacrifier d'innombrables personnes des deux côtés du conflit pour satisfaire leur demande de reddition inconditionnelle.
Mais la demande de reddition inconditionnelle de Truman n'est pas la raison pour laquelle son action constituait un crime de guerre. Ces bombardements constituaient des crimes de guerre parce qu'ils visaient à tuer des non-combattants, notamment des enfants, des femmes et des personnes âgées, afin d'obtenir une reddition inconditionnelle du gouvernement japonais.
Il a longtemps été considéré comme une règle de guerre que les armées combattent les armées en guerre. Elles ne visent pas les non-combattants. Le meurtre intentionnel de non-combattants est considéré comme un crime de guerre.
Un bon exemple de ce principe est le cas du lieutenant William Calley pendant la guerre du Vietnam. Calley et ses hommes ont tiré et tué de nombreux non-combattants dans un village sud-vietnamien. Parmi les victimes figuraient des femmes et des enfants.
L'armée étatsunienne a poursuivi Calley en tant que criminel de guerre - à juste titre. Si la mort de non-combattants est souvent le résultat d'opérations de guerre, le fait de les cibler spécifiquement pour les tuer constitue un crime de guerre.
Truman a justifié son action en faisant valoir que les bombardements ont raccourci la guerre et, par conséquent, sauvé la vie de milliers de soldats américains et de Japonais si une invasion était devenue nécessaire. C'est une justification qui a été répétée depuis par les partisans des bombardements.
Cette justification pose toutefois deux gros problèmes.
Premièrement, une invasion n'aurait pas été nécessaire. Tout ce que Truman avait à faire, c'était d'accepter la seule condition de capitulation du Japon, ce qui aurait signifié la fin de la guerre, sans les morts qu'aurait entraînées une invasion et qu'ont entraînées les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.
Plus important encore, le fait que des vies de soldats étatsuniens auraient été sauvées n'est pas une justification morale ou légale pour cibler des non-combattants. Si Calley avait soutenu lors de son procès que ses actions avaient pour but d'écourter la guerre du Vietnam, sa défense aurait été rejetée. Il aurait quand même été condamné pour crimes de guerre.
Les soldats meurent à la guerre. C'est la nature de la guerre. Tuer des femmes, des enfants et des personnes âgées dans l'espoir de sauver la vie des soldats en écourtant la guerre n'est pas seulement un crime de guerre, c'est aussi un acte d'une extrême lâcheté. Si une invasion du Japon était devenue nécessaire pour gagner la guerre, entraînant ainsi la mort de milliers de soldats étatsuniens, alors c'est simplement la façon dont la guerre fonctionne.
Il convient également de souligner que le Japon n'a jamais eu l'intention d'envahir et de conquérir les États-Unis. La seule raison pour laquelle le Japon a bombardé Pearl Harbor était dans l'espoir de mettre hors d'état de nuire la flotte étatsunienne du Pacifique, non pas comme prélude à l'invasion d'Hawaï ou des États-Unis continentaux, mais simplement pour empêcher les États-Unis d'interférer avec les efforts du Japon pour s'assurer du pétrole dans les Indes orientales néerlandaises.
Et pourquoi le Japon était-il si désespéré par le pétrole au point de déclencher une guerre contre les États-Unis ? Parce que le président Franklin Roosevelt avait imposé un embargo pétrolier très efficace au Japon afin de pousser les Japonais à attaquer les États-Unis.
Le plan de Roosevelt a bien sûr réussi, ce qui a fini par coûter la vie à des centaines de milliers de soldats étatsuniens et à des millions de citoyens japonais, notamment ceux d'Hiroshima et de Nagasaki.
*Jacob G. Hornberger est fondateur et président de la Fondation The Future of Freedom. Il est né et a grandi à Laredo, au Texas, et a obtenu sa licence en économie au Virginia Military Institute et son diplôme de droit à l'université du Texas. Il a été avocat pendant douze ans au Texas. Il a également été professeur adjoint à l'université de Dallas, où il a enseigné le droit et l'économie.
Traduction SLT
***
Pour toute question ou remarque merci de nous contacter à l'adresse mail suivante : samlatouch@protonmail.com.
Pour savoir pourquoi nous avons dû changer d'e-mail : cliquez ici.
----
- Rapport de l'IRSEM de novembre 2018. Comment l'armée française considère le blog de SLT et ...les autres