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[MAJ] Massacres à caractère génocidaire en Syrie. Mediapart fait toujours le minimum, le JT du 20h de TF1 en parle enfin en Une le 09.03.25 tandis que le Jt de France 2 traite du sujet à la Une le 10.03.25 tout en donnant une vision tronquée de la "guerre civile" syrienne

par SLT 11 Mars 2025, 21:35 Syrie Alaouites France 2 Médias Massacres Crimes contre l'humanité HTS DJihadisme Terrorisme Al Quaïda Mediapart TF1 Journalisme François Hollande Macron France Articles de Sam La Touch

MAJ le 11.03.25 : Le Jt de TF1 a bien abordé le sujet le dimanche 09.03 dans son Jt de 20h. un Jt qui nous avait échappé, on fait donc un gros erratum et mea culpa. L'article en est donc changé ainsi que le titre.

Le 09.03.25, nous avons publié l'article suivant : Massacre à caractère génocidaire de civils alaouites. Mediapart fait le service minimum, les Jts de 13h et 20h de France 2 et TF1 ne l'ont même pas évoqué dans leurs titres à la Une le 08.03.25 ni le 07.03.25

Notre article évoquait le traitement par certains médias de ce massacre survenu après une attaque le 06.03.25 des forces de sécurité djihadiste par des forces issues de la minorité alaouite proches du régime d'Assad. En représailles, un millier de civils (femmes, enfants, hommes) en grande partie de la minorité alaouite a été massacré par les forces de sécurité du groupe HTS actuellement au pouvoir en Syrie.
- AFP 10.03.25 Massacre en Syrie. Fin de l'opération militaire, un millier de civils victimes d'exécutions

Force est de constater que les Jts de Tf1 et France 2 ont réagi, bien que tardivement, médias cités n'ont guère bougé (à l'exception de France 2, voir plus bas) dans leur traitement de pour évoquer ces massacres de masse à caractère génocidaire de type Srebrenica. Seul Mediapart semble à la traîne et ne semble pas prendre la mesure de ce qui se déroule en Syrie.

Mediapart traîte toujours le sujet de façon aussi lapidaire avec des articles dont le titre est toujours aussi décoréllé de la gravité de ce qui se déroule dans le nouveau fief djihadiste syrien. On remarquera que le stock lexical des titres de ces articles ("combats", "affrontements") évitent toujours, 4 jours après le début de ce qui s'apparente à un crime contre l'humanité, le terme de "massacre". Voici le titre des deux seuls articles consacrés sur ce sujet à ce jour.
Le dernier article en date du 10.03.25 s'intitule : Combats en Syrie : « La situation est en train d’échapper au contrôle d’Ahmed al-Charaa »
Le précédent en date du 07.03.25 s'intitulait - En Syrie, de violents affrontements éclatent dans le berceau du clan Assad

Quant à la Une ce 11.03.25 (mais aussi celle du 10.03.25), elle laisse une place très marginale aux horreurs perpétrées par les djihadistes syriens portés au pouvoir avec l'aide de l'OTAN, d'Israël et des pays du Golfe pourtant considérés encore actuellement comme une entité terroriste par nombre de pays de la communauté internationale.

Capture d'écran Une de Médiapart le 11.03.25 à 09h00

Capture d'écran Une de Médiapart le 11.03.25 à 09h00

Quant à la rédaction du Jt de TF1, elle fait toujours l'impasse sur ce massacre. Le 10.03.25, le Jt de 20h, qui ne présente même plus les titres, n'a pas abordé le sujet mais a abondamment évoqué la guerre russe en Ukraine elle a traîté du sujet le dimanche 09.03 dans son Jt de 20h dont voici les titres :

1.- Le sud balayé par une tempête.
2.- Le nouveau pouvoir à l'épreuve. 800 morts en 3 jours en Syrie
3.- Les salons de massage prolifèrent
4.- Le MMA frappe fort.
5.- L'art de prendre le temps.

 

La présentatrice annonce le sujet de la sorte : "Autre titre de l'actualité. Ces inquiétudes de la population syrienne dans la région de Lattaquié. C'est là-bas que vit la communauté alaouite dont est issu l'ancien dictateur Bachar Al Assad. Une communauté qui s'est retrouvée au coeur d'affrontements avec les forces du nouveau régime et l'on déplore la mort de plus de 800 civils".

On aura noté des éléments de langage usuels tels que "dictateur" pour Assad et "forces du nouveau régime" pour le régime djihadiste d'HTS.

Le sujet est traité après 3'48" d'antenne de façon factuelle et objective. Cela ne dure que 2 minutes. Ce qui reste peu sur 3 jours du 06.03.25 au 09.03.25 (les Jts de Tf1 du 10.03 et 11.03.25 n'y reviendront plus) comparativement au traitement quasi quotidien de l'actualité sur la guerre Ukraine-Russie sur cette même chaîne. Dans le mini-reportage intitulé ("Le nouveau pouvoir à l'épreuve. 800 morts en 3 jours en Syrie"), on voit un djihadiste traquer un civil et l'abattre. On y voit des cadavres gisant dans les rues. "Dans les rues de plusieurs villes syriennes comme ici à Baniyas gisent les corps d'hommes et de femmes". Des images beaucoup plus violentes que celles diffusées dans le Jt de France 2 (voir plus bas). On y apprend aussi que des Chrétiens ont été aussi assassinés par les forces djihadistes au pouvoir. Contrairement au traitement médiatique du Jt de France 2 (10.03.25), le traitement de l'actualité est purement factuel et ne s'embarrasse pas d'une relecture du contexte de la "guerre civile" syrienne. Il ne précise pas, par contre, les anciens liens entre le groupe HTS, son dirigeant et Al Qaïda en Syrie.

Reste le traitement médiatique réservé par le Jt de France 2 ce 10.03.25. En effet, pour la première fois depuis le début des massacres le 06.03.25, le Jt de France 2 a daigné l'évoquer à l'ouverture du journal.
Voici les titres annoncés au début du journal par le présentateur :

1.- Collision en mer du Nord. Un pétrolier en flammes
2.- Fusillade à Tremblay. Le refus de priorité dégénère
3.- Massacres en Syrie. Le spectre de la guerre civile
4.- Petites communes. Remettre le bistrot au centre du village.



Le sujet sera traité à la fin du journal après 30 minutes pour une page syrienne spéciale qui durera environ 30 minutes. Ce magazine du 20 heures est composé de plusieurs mini-reportages.

[MAJ] Massacres à caractère génocidaire en Syrie. Mediapart fait toujours le minimum, le JT du 20h de TF1 en parle enfin en Une le 09.03.25 tandis que le Jt de France 2 traite du sujet à la Une le 10.03.25 tout en donnant une vision tronquée de la "guerre civile" syrienne

Le premier mini-reportage "Syrie : un millier de civils victimes des massacres" montre que la rédaction a pris compte de l'ampleur du massacre.

Syrie : un millier de civils victimes des massacres
JT France 2 de 20h, 10.03.25

En Syrie, près de 1 000 civils ont été tués en quelques jours. C’est un massacre sans précédent depuis la chute du régime de Bachar al-Assad. C’est la minorité alaouite qui est visée.

En treillis, un combattant frappe, avec force, des hommes de la minorité alaouite, la communauté à laquelle appartenait Bachar al-Assad. Les soldats de la nouvelle armée syrienne et des groupes djihadistes affiliés multiplient les attaques et les humiliations contre les Alaouites. Ils se filment, par exemple, en les traitant de cochons. Depuis quatre jours, près de 1 000 civils syriens ont été tués dans les exactions. Un déchaînement de violences en réponse à une attaque, jeudi 6 mars. Les partisans du président déchu défiaient alors les forces de sécurité actuellement au pouvoir... Lire la suite

S'ensuit une série de mini-reportages sur la situation actuelle et passée en Syrie. Le second porte sur les discriminations de plus en plus massives envers les femmes par les islamistes d'HTS au pouvoir.
Syrie : quelle transition pour les femmes ?
Un dirigeant syrien, ancien djihadiste, (responsable de la sécurité à Homs) évoque ces discriminations comme un "détail" par rapport à l'ensemble du travail qui les attend. "Vous vous focalisez sur la séparation hommes et femmes mais ce sont des détails qui ne font pas partie de nos problèmes actuels. Notre président est sincère quand il dit qu'il y a de la place pour les libertés individuelles." Puis il déclare qu'il est d'accord avec les affiches recommandant aux femmes de porter le voile intégral ou bien de monter à l'arrière des bus et à ne pas se mélanger avec les hommes tout en alléguant que "les femmes sont libres de leurs choix".


Une envoyée spéciale de France 2 en Syrie intervient ensuite en plateau et reconnaît : "...Je ne vous cache pas que c'est assez troublant de se retrouver interviewer des anciens djihadistes d'Al Qaïda. On les voit à de nouveaux postes, en costume...". Un aveu qui est le bienvenu et qui ne transparaissait pas forcément dans les reportages post-Assad de la chaîne que nous avons considéré comme à la limite du discours apologétique de la mouvance djihadiste arrivée au pouvoir.

Puis le troisième mini-reportage présente les interviews de deux exilés syriens qui hésitent à revenir définitivement dans leur pays natal. VIDEO. Chute de Bachar al-Assad : après treize ans d'exil, des Syriens retrouvent leur ville natale.

Un journaliste syrien de retour au pays dénonce la police secrète du régime Assad,  "Assad a détruit nos racines, on reconstruira bien sûr mais nous comment on va se reconstruire". Un autre enseignant exilé en France dénonce les milices du régime Assad et leurs exactions évoquant le "goût de paix" actuel en Syrie.  Puis on assiste "a un rendez-vous pour l'inauguration d'un monument symbole de la ville. Les Hommes du pouvoir islamiste participent à l'opération. Ces anciens membres d'Al Qaïda que Saer journaliste a également dénoncé par le passé". Il déclare "bien sûr que je ne m'imaginais pas que ce serait possible de collaborer avec eux mais là on a beaucoup de travail pour reconstruire cette ville. Cela se fera avec eux. Je pense qu'ils ont changé et qu'ils sont ouverts au changement. Jusqu'à maintenant on ne deviendra pas l'Afghanistan." Un optimisme que ne partage pas du tout un autre journaliste exilé en France.

Puis une autre envoyée spéciale revient sur la balkanisation du pays évoquant "Assad, le dictateur déchu" et les différentes communautés
Syrie : quelles sont les différentes communautés présentes sur le territoire
 

Puis un dernier reportage évoque les "100.000 Syriens morts" pendant la "guerre civile" évoquant les fosses communes découvertes récemment semblant mettre implicitement le bilan sur le compte du "dictateur" Assad. "En Syrie, la fin de l'ancien régime a permis la mise au jour de plusieurs dizaines de fosses communes. Sur un terrain militaire isolé à quelques dizaines de kilomètres au nord de Damas, nous avons pu filmer le travail d'une équipe de secouriste, sept sacs sont exhumés. Chacun contient des ossements humains. Des dents, des morceaux de fémur sont prélevés...un jour on les enverra dans un laboratoire pour des tests ADN...Rien que ce site renfermerait les ossements de centaines d'anciens détenus selon les secouristes". Syrie : des dizaines de fosses communes découvertes après la chute de Bachar Al-Assad

On comprend donc que l'intention de la rédaction du JT de France 2 était de remettre la situation actuelle en Syrie dans le contexte de la "guerre civile" qui a ravagé la Syrie pendant 13 ans et du régime des Assad qui prévalait avant la guerre. Sauf que la réalité est sans doute beaucoup plus complexe et que la question de la responsabilité des groupes djihadistes soutenus politiquement, militairement par l'OTAN, Israël et les pays du Golfe dans la "guerre civile syrienne" a été complètement éludée. Pour mettre vraiment les choses en perspective, il est bon de parler du régime Assad et de ses crimes mais il faudrait aussi parler de l'idéologie génocidaire qui infecte les groupes Al Nosra et l'Etat islamique et était partagée par un certain nombre de djihadistes dits "modérés", ceux-là même que Hollande et Cameron ont armé dès mars 2013 en violation de l'embargo de l'ONU sans oublier les missiles TOW fournit par les Etats-Unis aux rebelles dits "modérés" et qui se sont retrouvés dans les mains des groupes émanant d'Al Qaïda. Il faudrait aussi évoquer leurs actions génocidaires durant la "guerre civile" syrienne mais aussi en Irak : la traite et les actes visant à exterminer la communauté Yazidi en Syrie et en Irak par des djihadistes se réclamant de l'Etat islamique.
Lire à ce sujet : - Les Républicains, l'UDI et le Front de Gauche votent le caractère génocidaire de l'Etat islamique, les Socialistes s'abstiennent ! "Le groupe PS s'est abstenu, la résolution ne faisant pas référence "aux centaines de milliers de victimes du régime syrien" ni aux bombardements de la ville d'Alep, en Syrie." (Reuters France : l'Assemblée qualifie l'Etat islamique de "génocidaire").
Il serait tout aussi important de prendre en compte les exécutions sommaires de soldats syriens du régime Assad ainsi que les massacres de civils qui étaient la norme et constituent des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité commis par les djihadistes d'Al Nosra et de l'Etat islamique dont le groupe HTS est une émanation considérée comme terroriste par de nombreux pays de la communauté internationale.
Nous n'évoquerons pas non plus l'enlèvement voir l'assassinat de journalistes. Il semble qu'une gigantesque machine médiatique otanesque à laver les crimes d'Al Qaïda en Syrie se soit mise en branle et qu'elle se heurte de plus en plus à la réalité dure et à sa complexité.
On est donc loin d'une construction manichéenne où d'un côté les djihadistes apparaîtraient comme des sortes de sauveur à la mauvaise réputation de la population syrienne victime d'un régime totalitaire tandis que de l'autre le "dictateur" Assad comme le méchant criminel expiatoire. Quand on veut abattre son chien on dit qu'il a la rage ! Dans ce contexte médiatique à charge, nous nous ferons donc l'avocat du diable, puisqu'il est présenté comme cela dans les médias s'alignant sur les analyses de l'OTAN, et nous nous permettons de donner la parole à feu Assad pour connaître le point de vue d'une frange laïque de la population syrienne qu'il représentait lors de son interview sur France 2 qui à l'époque avait fait beaucoup de bruit dans le landernau médiatico-politique.

Interview de Bachar el Assad par David Pujadas au Jt de 20h de France 2 le 20.04.2015. Pujadas avait alors courru des risques non négligeables en tant que journaliste face aux romontades du pouvoir en place. Pujadas avait d'ailleurs expliqué sur Europe 1 : ""Il y a notre mission à nous qui est une mission d'informer et les intérêts (avec la diplomatie française, ndlr) sont contradictoires! On n'a pas les mêmes missions!", disant comprendre que "ça grince un peu des dents" du "côté du Quai d'Orsay".
- Interview d'Assad sur France 2. Face au courroux du gouvernement socialiste et du Quai d'Orsay, Pujadas défend sa "mission d'informer"

 

Pujadas sera licencié par la PDG de France Télévisions deux ans plus tard sans que l'on puisse dire avec certitude qu'il y ait eu un rapport quelconque entre les deux évènements. De quoi refroidir les plus téméraires ?

David Pujadas : "L'interview de Bachar al-Assad doit être portée à la connaissance du public" L'interview de Bachar al-Assad réalisée par le journaliste David Pujadas sur France 2 lundi fait débat. Le président syrien y insinue à plusieurs reprises que la France a soutenu des terroristes et qu'elle aurait pris contact avec les services de renseignement syriens. Face aux critiques, le journaliste multiplie ce mardi les interviews.

La question plus générale est de savoir comment les journalistes des médias du service public peuvent s'émanciper de la tutelle d'un Etat autoritaire du style Vème République (avec un pouvoir exécutif et présidentiel forts dont Erdogan s'est inspiré) quand ils informent sur la politique étrangère de ce même Etat. Les choses ont-elles vraiment changé depuis l'ORTF ? 

Lire également :
- Reuters 7.10.2019 François Hollande entendu par les enquêteurs sur la nomination de Delphine Ernotte (Reuters)
- Le Canard enchaîné 10.10.2019 La main de Hollande dans la nomination de la patronne de France Télés (Le Canard enchaîné)

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