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New York. Des étudiants crient à Kissinger : "Pourris en enfer !" "Criminel de guerre !" (Vidéo)

par SLT 19 Octobre 2018, 20:15 Kissinger Allégations Stern School of Business Crimes de guerre Crimes contre l'humanité Chili Argentine Vietnam Cambodge USA Impérialisme Articles de Sam La Touch

New York. Des étudiants crient à Kissinger : "Pourris en enfer !" "Criminel de guerre !" (Vidéo)

Plusieurs manifestants ont chahuté l'ancien secrétaire d'État Henry Kissinger mardi alors qu'il prononçait un discours à la Stern School of Business de l'Université de New York (New York University : NYU).

«Henry Kissinger, au nom de la Cour pénale internationale, vous êtes un criminel de guerre, vous avez commis un génocide contre la population mondiale !», s'est écrié un premier protestataire avant d'être escorté hors de la salle. Puis une étudiante est intervenue elle aussi, alors que Kissinger reprenait son discours : «Vous avez du sang sur les mains. Qu'en est-il de la population du Chili ? Vous devez vivre avec les conséquences de ce que vous avez fait.».

Puis une troisième étudiante a hurlé (non vue sur la vidéo ci-dessous) :  «Pouvez-vous me dire que vous n'êtes pas un criminel de guerre ? Que vous ne méritez pas d'aller en prison pour les crimes que vous avez commis ?Vous méritez de répondre de vos crimes de guerre ! de vos crimes contre l'humanité ! Vous méritez d'aller en enfer et de pourrir en enfer ! Vous avez soutenu des crimes contre le Chili, contre l'Argentine, contre le Cambodge, contre le Vietnam. Vous êtes un criminel de guerre et vous méritez de pourrir !» (à voir sur Twitter).

Puis un quatrième intervient en dénonçant le prix nobel de la paix qu'il a obtenu.

Puis des dizaines personnes se sont rassemblées à l'extérieur de la salle pour protester contre Kissinger, selon NYU News. Certaines tenaient des pancartes le traitant de "criminel de guerre" tandis que d'autres criaient "pourris en enfer" et "Hé, Kissinger, qu'est-ce que vous en dites ? Combien d'enfants avez-vous tués aujourd'hui ?"

On pouvait aussi voir des manifestants portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "l'injustice doit cesser" et "on peut combattre l'impérialisme par la violence".

Les étudiants de la New York University (NYU), ainsi que des groupes locaux, ont organisé la manifestation "Pas de criminels de guerre", affirmant que "Kissinger est considéré comme un criminel au niveau international, ayant formé une politique impérialiste qui a causé des crises des droits humains en Asie du Sud et du Sud-Est, en Amérique latine et au Moyen-Orient".

Selon Zero Hedge, les 27 groupes impliqués dans l'organisation de la manifestation étaient composés, en partie, des socialistes démocrates de NYC, de la NYU contre le fascisme et de la branche de NYU de l'Organisation socialiste internationale.

Les groupes ont écrit et signé une lettre exhortant la "communauté de NYU" à reconsidérer l'accueil de Kissinger.

    "M. Kissinger a laissé un héritage de dévastation économique, de destruction physique, de violence, de misère humaine et de mort", peut-on lire dans la lettre. "Ses plus grandes contributions à l'histoire des États-Unis sont les campagnes de bombardements illégaux, les menaces militaires ratées, l'implication directe dans les coups d'État et le soutien aux dictatures, et l'allongement des guerres dévastatrices et sanglantes pour son propre profit politique".

    "Il a été l'architecte de programmes responsables de la mort de centaines de milliers de personnes, de la déstabilisation de plusieurs nations et de la mise en place de régimes brutaux et génocidaires", poursuit la lettre. "Il laisse derrière lui un héritage de décisions et de politiques si violentes et horribles que toute reconnaissance ou validation de sa part par la NYU est un acte indéfendable en contradiction avec les valeurs que la NYU prétend représenter et avec les valeurs des étudiants et des professeurs de la NYU en général".


Le porte-parole de l'Université de New York (NYU) John Beckman à Campus Reform a déclaré :  "L'événement s'est déroulé comme prévu, mais au cours de l'événement, il y a eu quelques brèves interruptions ; ceux qui se sont levés et ont crié ont été rapidement escortés hors de la salle par nos agents de la sécurité publique", a déclaré mercredi le porte-parole du NYU John Beckman à Campus Reform.

    "Nos règles sont claires : la NYU valorise et respecte la dissidence, mais il est inadmissible que la dissidence prenne la forme de cris d'un orateur invité ", ajoute Beckman. "Ceux qui le font s'exposent à des sanctions."

Du Vietnam au Chili. Les crimes de guerre de M. Henry Kissinger
- Monde diplomatique


Dans son dernier ouvrage, destiné à servir de bréviaire aux diplomates du XXIe siècle, M. Henry Kissinger se départit de son ton docte et froid aussitôt qu’il évoque l’intrusion récente du principe de la « juridiction universelle » dans les relations internationales (1). L’ancien secrétaire d’Etat américain ne décolère pas lorsqu’il parle de l’arrestation à Londres, en 1998, de son protégé, le général chilien Augusto Pinochet, sur ordre d’un juge d’Espagne. Il affirme que le discours sur les droits de la personne (dont il revendique par ailleurs la paternité) devait « servir avant tout d’arme diplomatique fournie aux citoyens des pays communistes pour leur permettre de combattre le régime soviétique, et non d’arme légale pouvant être utilisée contre des dirigeants politiques devant des tribunaux de pays tiers ». Un paragraphe plus loin, il affirme cependant qu’il est aujourd’hui impératif d’interdire que « les principes du droit soient utilisés à des fins politiques ».

Si l’analyse est embrouillée, sinon contradictoire, c’est sans doute en raison du trouble que ressent M. Kissinger depuis l’affaire Pinochet. En effet, de passage à Paris le 28 mai 2001, l’ancien secrétaire d’Etat reçut la visite de la brigade criminelle, qui venait lui remettre une convocation du juge Roger Le Loire. Invité à comparaître au palais de justice comme témoin dans l’affaire de la disparition de cinq Français au Chili, M. Kissinger, impliqué directement ou indirectement dans la création du plan « Condor » - réseau de chasse aux opposants dans six dictatures militaires d’Amérique latine (Chili, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay, Argentine, alors gouvernés par des dictatures militaires) -, réserva sa réponse. Le lendemain, il quitta précipitamment la France.

Le journaliste britannique Christopher Hitchens a effectué l’inventaire des agissements du « magicien de la diplomatie » qui pourraient, à l’aune de la nouvelle jurisprudence internationale, constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou d’autres délits justiciables (2). Ses révélations, fondées pour l’essentiel sur des documents officiels américains récemment « déclassifiés », contredisent les versions présentées par l’intéressé dans trois volumes de Mémoires aussi massifs que tendancieux.

La carrière politique de l’homme qui obtint le prix Nobel de la paix en 1973 fut en effet marquée par le culte de la violence et du secret. La responsabilité directe de M. Kissinger ne fait plus aucun doute dans la prolongation (injustifiée d’un point de vue stratégique) de la guerre du Vietnam et son extension au Cambodge et au Laos, ni dans les campagnes d’assassinats et de subversion de la démocratie au Chili, à Chypre, en Grèce et au Bangladesh, non plus qu’en ce qui concerne sa complicité dans le génocide du Timor-Oriental.

L’ancien secrétaire d’Etat connaîtra-t-il pour autant le sort des Pinochet et autres Milosevic ? Sans doute pas. Mais le diplomate le plus célèbre du monde est un homme inquiet, sinon traqué. Lorsqu’il parcourt la planète pour pontifier au tarif de 200 000 francs de l’heure, il évite désormais tout pays dont le système de justice pourrait l’importuner. Et tandis qu’il jouissait jusqu’à présent d’une révérence médiatique sans faille, il doit maintenant exiger de ses intervieweurs l’engagement écrit qu’ils ne poseront aucune question touchant de près ou de loin au livre de Christopher Hitchens ou aux sujets que ce dernier aborde.

Ibrahim Warde

Professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy (Medford, Massachusetts). Auteur de Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme, Agone - Le Monde diplomatique, Marseille-Paris, 2007.

(1Henry Kissinger, Does America Need a Foreign Policy ? Toward a Diplomacy for the 21st Century, Simon & Schuster, New York, 2001, 352 pages, 30 dollars US.

(2Christopher Hitchens, Les Crimes de monsieur Kissinger, Editions Saint-Simon, Paris, 2001, 206 pages, 99 F.

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