Sur RTL, Renaud Muselier, président de la région PACA a demandé des preuves des effets du couvre-feu à 18h, sous-entendant que de passer l'heure du couvre-feu de 20h à 18h n'était pas validé sur le plan scientifique. Mais pour répondre scientifiquement à sa question dans un sens plus général, il faut prêter attention à une étude récente publiée par l'un des épidémiologistes les plus célèbres, le Pr Ioannidis avec des auteurs appartenant au département de médecine, ou d'épidémiologie ou de statistique de l'université de Stanford aux Etats-Unis. Dans un article publié le 5.01.21 dans European Journal of Clinical Investigation, une étude de l'équipe du Pr. Ioannidis ne retrouve aucun effet protecteur du confinement sur les populations vulnérables et en population générale par rapport aux mesures de restrictions moins contraignantes comme la distanciation sociale, l'interdiction des voyages trans-nationaux et des rassemblements de plusieurs personnes.
L'étude a comparé le taux de croissance du nombre de cas de la Covid en fonction des pays ayant utilisé des méthodes d'intervention non pharmaceutique plus restrictives (INPpr, c.a.d avec confinement) et les pays notamment la Corée du Sud et la Suède ayant utilisé des méthodes d'intervention non pharmaceutique moins restrictive (INPmr, c.a.d sans confinement). Les auteurs ne retrouvent aucun effet supplémentaire des méthodes avec confinement et de plus s'alarment des effets délétères sur la population : " En raison des effets néfastes potentiels des IPNpr sur la santé, notamment la faim, les overdoses d'opiacés, les vaccinations manquées, l'augmentation des maladies non liées à la COVID-19 dues à des services de santé fermés, la violence domestique, la santé mentale et le suicide ainsi qu'une série de conséquences économiques ayant des implications sur la santé...". Les auteurs concluent : "Des interventions de santé publique plus ciblées qui réduisent plus efficacement les transmissions peuvent être importantes pour le contrôle futur de l'épidémie sans les inconvénients de mesures très restrictives". Voici sans doute des éléments de réponse à la question posée ci-dessus.
(A noter également qu'une étude de chercheurs publiée dans The New England Journal of Medecine portant sur l'ensemble des données suédoises, note que les enseignants n'étaient pas plus susceptibles d'attraper la Covid-19 que le reste de la population adulte lorsqu'ils ont travaillé alors que des mesures de confinement souples avaient été imposées au restant de la population suédoise. Bien que la Suède ait gardé les écoles ouvertes au plus fort de la pandémie, il y avait également une faible incidence de la Covid-19 grave chez les enfants, avec seulement 1 sur 130 000 admis en soins intensifs avec le virus).
Évaluation des effets des ordres obligatoires de rester à domicile et de fermeture des entreprises sur la propagation de la COVID-19
Article originel : Assessing Mandatory Stay‐at‐Home and Business Closure Effects on the Spread of COVID‐19
Par Eran Bendavid
Christopher Oh
Jay Bhattacharya
John P.A. Ioannidis
Première publication : 05 janvier 2021
https://doi.org/10.1111/eci.13484
European Journal of Clinical Investigation
Résumé
Contexte et objectifs
Les interventions non pharmaceutiques (INP) les plus restrictives pour contrôler la propagation de la COVID-19 sont les obligations de rester à domicile et les femetures d'entreprises. Étant donné les conséquences de ces politiques, il est important d'évaluer leurs effets. Nous évaluons les effets sur la croissance des cas épidémiques des INP plus restrictives (INPpr), au-delà de celles des INP moins restrictives (INPmr).
Méthodes
Nous estimons d'abord la croissance du nombre des cas COVID-19 par rapport à toute mise en œuvre de l'INP dans les régions infra-nationales de 10 pays : Angleterre, France, Allemagne, Iran, Italie, Pays-Bas, Espagne, Corée du Sud, Suède et États-Unis. À l'aide de modèles de première différence à effets fixes, nous isolons les effets des INPmr en soustrayant les effets combinés des INPmr et de la dynamique épidémique de toutes les INP. Nous utilisons la croissance du nombre de cas en Suède et en Corée du Sud, deux pays qui n'ont pas mis en œuvre de confinements obligatoires de domiciles et d'entreprises, comme pays de comparaison pour les 8 autres pays (16 comparaisons au total).
Résultats
La mise en œuvre de toute IPN a été associée à des réductions significatives de la croissance des cas dans 9 des 10 pays étudiés, y compris la Corée du Sud et la Suède qui n'ont mis en œuvre que des IPNr (l'Espagne a eu un effet non significatif). Après avoir soustrait les effets de l'épidémie et des lrNPI, nous ne constatons aucun effet bénéfique clair et significatif des INPpr (confinements) sur la croissance du nombre de cas dans aucun pays. En France, par exemple, l'effet des INPpr était de +7% (95CI -5%-19%) par rapport à la Suède, et de +13% (-12%-38%) par rapport à la Corée du Sud (positif signifie en faveur de la contagion). Les intervalles de confiance à 95 % excluaient une baisse de 30 % dans les 16 comparaisons et de 15 % dans les 11/16 comparaisons.
Conclusions
Si de petits avantages ne peuvent être exclus, nous ne trouvons pas d'avantages significatifs sur la croissance des cas des INP plus restrictives. Des réductions similaires de la croissance des cas peuvent être obtenues avec des interventions moins restrictives.
En introduction ils écrivent :
La propagation de la COVID-19 a conduit à de multiples réponses politiques visant à réduire la transmission du SRAS-CoV-2. Le principal objectif de ces interventions dites non pharmaceutiques (INP) est de réduire la transmission en l'absence d'options pharmaceutiques afin de réduire les décès, les maladies et la surcharge du système de santé qui en résultent. Certaines des politiques les plus restrictives en matière d'INP comprennent des ordonnances obligatoires de maintien à domicile et de fermeture d'entreprise ("confinements"). L'adoption précoce de ces interventions non pharmaceutiques plus restrictives (INPpr) au début de 2020 était justifiée en raison de la propagation rapide de la maladie, de la surcharge des systèmes de santé dans certains endroits durement touchés et de l'incertitude considérable quant à la morbidité et à la mortalité du virus.
En raison des effets néfastes potentiels des IPNpr sur la santé, notamment la faim, les overdoses d'opiacés, les vaccinations manquées, l'augmentation des maladies non liées à la COVID-19 dues à des services de santé manquants, la violence domestique, les troubles à la santé mentale et le suicide ainsi qu'une série de conséquences économiques ayant des implications sur la santé, il est de plus en plus reconnu que leurs avantages hypothétiques méritent d'être étudiés avec soin... Nous proposons une approche qui équilibre les forces des analyses empiriques tout en prenant en considération la dynamique épidémique sous-jacente. Nous comparons la propagation de l'épidémie dans les endroits qui ont mis en œuvre les INPpr aux cas contraire qui n'ont mis en œuvre que des INP moins restrictives (INPmR). De cette manière, il est possible d'isoler le rôle des INPpr, sans tenir compte des INPmr et de la dynamique de l'épidémie. Ici, nous utilisons la Suède et la Corée du Sud comme cas de comparaison pour isoler les effets des INPmr dans les pays qui ont mis en œuvre des INPpr ainsi que des INPmr. Contrairement à la plupart de ses voisins qui ont mis en place des mesures obligatoires de maintien à domicile et de fermeture d'entreprises, la Suède a adopté une approche qui, dans les premiers stades de la pandémie, s'appuyait entièrement sur les lNPmr, notamment par des directives de distanciation sociale, des mesures visant à décourager les voyages internationaux et nationaux et l'interdiction des grands rassemblements. La Corée du Sud n'a pas non plus mis en œuvre les INPpr. Sa stratégie reposait sur des investissements intensifs dans les tests, la recherche des contacts et l'isolement des cas infectés et des contacts étroits.
Ils décrivent leur méthodologie comme suit :
Nous estimons les effets uniques des INPpr sur le taux de croissance des cas au cours du printemps 2020 dans l'hémisphère nord en Angleterre, en France, en Allemagne, en Iran, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et aux États-Unis en comparant l'effet des INP dans ces pays à ceux de la Suède et de la Corée du Sud (séparément). Les données que nous utilisons s'appuient sur une analyse des effets des INP et consistent en un nombre de cas quotidiens dans les régions administratives infranationales de chaque pays (par exemple, les régions en France, les provinces en Iran, les États aux États-Unis et les comtés en Suède), fusionnés avec le type et le calendrier des politiques dans chaque région administrative...
Il est important de noter que le nombre réel d'infections n'étant visible dans aucun pays, il est impossible d'évaluer l'impact des politiques nationales sur la transmission de nouvelles infections. Nous suivons plutôt d'autres études évaluant les effets des INP qui utilisent les nombres de cas, en supposant implicitement que leur dynamique observée peut représenter une approche cohérente de la dynamique sous-jacente des infections.
Après avoir exposé leur méthode, ils déclarent :
Dans le cadre de cette analyse, rien ne prouve que des interventions non pharmaceutiques plus restrictives ("confinements") aient contribué de manière substantielle à infléchir la courbe des nouveaux cas en Angleterre, en France, en Allemagne, en Iran, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne ou aux États-Unis au début de 2020. En comparant l'efficacité des INP sur les taux de croissance des cas dans les pays qui ont mis en œuvre des mesures plus restrictives avec ceux qui ont mis en œuvre des mesures moins restrictives, les éléments de preuve ne permettent pas d'indiquer que les INPpr (avec confinement) ont apporté un bénéfice supplémentaire significatif au-delà des INPmr (moins restrictives). Si de modestes diminutions de la croissance quotidienne (inférieures à 30 %) ne peuvent être exclues dans quelques pays, la possibilité de fortes diminutions de la croissance quotidienne dues aux INPpr est incompatible avec les données accumulées...
Après avoir exposé leur méthode, ils déclarent :
Dans le cadre de cette analyse, rien ne prouve que des interventions non pharmaceutiques plus restrictives ("confinements") aient contribué de manière substantielle à infléchir la courbe des nouveaux cas en Angleterre, en France, en Allemagne, en Iran, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne ou aux États-Unis au début de 2020. En comparant l'efficacité des INP sur les taux de croissance des cas dans les pays qui ont mis en œuvre des mesures plus restrictives avec ceux qui ont mis en œuvre des mesures moins restrictives, les éléments de preuve ne permettent pas d'indiquer que les INPpr (avec confinement) ont apporté un bénéfice supplémentaire significatif au-delà des INPmr (moins restrictives). Si de modestes diminutions de la croissance quotidienne (inférieures à 30 %) ne peuvent être exclues dans quelques pays, la possibilité de fortes diminutions de la croissance quotidienne dues aux INPpr est incompatible avec les données accumulées...
Ils se tournent ensuite vers la vague d'hiver en ce qui concerne le nombre de cas.
Au cours de l'automne et de l'hiver 2020 dans l'hémisphère nord, de nombreux pays, notamment en Europe et aux États-Unis, ont connu une importante vague de morbidité et de mortalité due à la COVID-19. Ces vagues se sont accompagnées de nouvelles IPN (ou d'un renouvellement des IPN), y compris des IPNpr dans certains pays (par exemple l'Angleterre) et des IPNmr dans d'autres (par exemple le Portugal) qui avaient utilisé des IPNpr lors de la première vague. La propagation des infections dans des pays qui ont été largement épargnés au printemps (par exemple, l'Autriche et la Grèce) met encore plus en évidence les difficultés et la capacité limitée des INP à contrôler la propagation de ce virus respiratoire hautement transmissible. Les données empiriques concernant les caractéristiques des décès survenus lors de la dernière vague avant l'adoption des INPmr par rapport à la première vague (lorsque les INPpr avaient été utilisées) montrent que la proportion de décès dus à la COVID-19 survenus dans les maisons de soins était souvent plus élevée dans le cadre des INPpr que dans celui de mesures moins restrictives. Cela suggère en outre que les mesures restrictives ne permettent pas clairement de protéger les populations vulnérables. Certaines données suggèrent également que parfois, dans le cadre de mesures plus restrictives, les infections peuvent être plus fréquentes dans les milieux où résident des populations vulnérables par rapport à la population générale...
Enfin, ils concluent :
En résumé, nous n'avons pas trouvé de preuves solides soutenant le rôle des INP plus restrictives (pr) dans le contrôle de la COVID-19 au début de 2020. Nous ne remettons pas en question le rôle de toutes les interventions de santé publique ou des communications coordonnées sur l'épidémie, mais nous ne trouvons pas d'avantage supplémentaire dans les ordres de maintien à domicile et les fermetures d'entreprises. Les données ne peuvent pas exclure totalement la possibilité de certains avantages. Cependant, même s'ils existent, ces avantages peuvent ne pas correspondre aux nombreux inconvénients de ces mesures agressives. Des interventions de santé publique plus ciblées qui réduisent plus efficacement les transmissions peuvent être importantes pour le contrôle futur de l'épidémie sans les inconvénients de mesures très restrictives.
Traduction SLT
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