Syrie - Les forces aériennes russes et syriennes préparent le terrain pour une attaque dans la province d'Idlib (Moon of Alabama)

Syrie - Les forces aériennes russes et syriennes préparent le terrain pour une attaque dans la province d'Idlib
Article originel : Syria - Russian And Syrian Airforce Prepare The Ground For An Attack On Idlib Province
Moon of Alabama

Au cours des derniers mois, la situation militaire en Syrie occidentale a été plus ou moins stable. Cela est sur le point de changer.

Bien que cette carte date d'août 2018, elle est encore en grande partie exacte. La province d'Idlib, et certaines parties du nord de Hama, sont sous le contrôle des forces " rebelles " dirigées par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe terroriste aligné sur Al-Qaïda.

Un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie stipulait que la Turquie mettrait sous contrôle les " rebelles " d'Idlib. Une zone démilitarisée de 20 kilomètres de large devait être établie le long de la ligne de démarcation. Toutes les armes lourdes devaient être retirées de la zone. Les autoroutes M4 et M5 devaient être ouvertes à la circulation.

Rien de tout cela ne s'est produit. La Turquie a établi un poste d'observation le long de la ligne de démarcation, mais celui-ci n'a eu aucun effet. Au lieu de cela, le groupe HTS a assimilé de plus en plus de groupes de l'"armée syrienne libre" que la Turquie soutenait. L'organisation a acquis de nouvelles armes et de nouveaux équipements et a intensifié sa formation.

Au cours des derniers mois, ils sont devenus plus actifs. Du mortier et des missiles ont été tirés sur la ville d'Alep. Les unités de commandement ont franchi la ligne de démarcation, attaqué des postes de garde de l'armée syrienne et causé un certain nombre de pertes. Des drones ont été envoyés d'Idlib contre la base russe de Hmeimim. Des volées de missiles ont été lancées contre la base.

Le gouvernement syrien a longtemps exigé d'attaquer finalement Idlib, mais la Russie l'a retenu. Il y avait un risque que la Turquie utilise une attaque contre Idlib pour revenir du côté étatsunien. Ce risque est maintenant beaucoup plus faible, car les États-Unis sont devenus plus hostiles à leur allié de l'OTAN.

Il y a deux semaines, après que le groupe HTS a tiré la dernière volée de missiles à Hmeimim, les avions russes ont commencé à pilonner les positions du HTS dans le gouvernorat d'Idlib avec des centaines d'attaques à la bombe. En outre, les services de renseignement russes ont signalé que le groupe HTS se préparait à lancer une grande attaque contre la ville de Hama, plus au sud. La Russie a fait voler de nouveaux avions de chasse et des bombardiers pour accroître ses capacités d'engagement. L'armée de l'air syrienne et son artillerie ont également fait irruption. Il est vite devenu évident que ces attaques n'étaient pas seulement des actes de vengeance, mais la préparation d'une campagne plus vaste.

La Turquie a reconnu qu'elle ne pouvait plus rien faire pour empêcher une attaque contre Idlib. Dans un mouvement de fuite en avant, il a essayé de remplir au moins un de ses vieux objectifs : capturer la ville de Tell Rifaat et la base aérienne de Menagh, au nord d'Alep. Ceux-ci se trouvent dans la zone kurde (en jaune) en haut de la carte. Mais les défenseurs étaient prêts. Lorsque des " rebelles " turcs alignés sous le commandement d'officiers turcs ont attaqué leurs positions, ils ont battu en retraite. Les Turcs avancent et se retrouvent soudain dans un champ de mines et attaqués par l'artillerie. Ils avaient été piégés. Après plusieurs morts et blessés, les forces turques ont dû battre en retraite et l'armée syrienne et les unités kurdes ont pu reprendre leurs anciennes positions. Parallèlement, l'artillerie syrienne a tiré sur l'un des avant-postes turcs du gouvernorat d'Idlib. Quatre soldats turcs ont été blessés et évacués.

Aujourd'hui, l'armée syrienne a lancé une attaque dans le sud de la poche et a pris plusieurs positions " rebelles ". Il y a des signes qu'une autre attaque commencera bientôt à l'ouest d'Alep pour éliminer toute menace sur la ville. Un autre axe d'attaque est susceptible de se former du côté ouest de la poche dans le but de pousser le terroriste plus loin de Hmeimim.

Ces attaques ne sont pas (encore) la grande campagne pour libérer tout le gouvernorat d'Idlib. Il semble plus probable que cela se fera au coup par coup, une bouchée à la fois, suivie d'une pause. L'un des objectifs intermédiaires est de reprendre le contrôle total des autoroutes M5 et M4 dans le gouvernorat d'Idlib. Cela permettrait un trafic direct entre Lattaquié et Alep et entre Hama et Alep, et pourrait contribuer à relancer l'économie dévastée.

c'est que les Etats-Unis feront tout pour arrêter les opérations syriennes. Cela semble maintenant peu probable :

    "Idlib est essentiellement la plus grande collection d'affiliés d'Al-Qaïda au monde à l'heure actuelle ", a déclaré Michael Mulroy, sous-secrétaire adjoint à la Défense pour le Moyen-Orient, cette semaine lors d'un discours prononcé au Center for a New American Security à Washington.

    "Nous n'avons qu'une vision très limitée de ce qui se passe ", a-t-il ajouté.

Le fait que cela soit (de nouveau) reconnu publiquement signifie probablement que la Syrie est maintenant autorisée à nettoyer ces terroristes. En 2017 et 2018, lorsque la Syrie était prête à reprendre Idlib, les États-Unis ont menacé d'arrêter toute attaque. A l'époque, ils s'occupaient encore de leur allié, la Turquie, qui risquait d'être submergée par une nouvelle vague de réfugiés si les terroristes du groupe HTS et leurs familles devaient se retirer d'Idlib. Les États-Unis ne se soucient plus de la Turquie. Toute nouvelle difficulté pour le futur sultan Erdogan sera probablement la bienvenue.

Le refuge terroriste d'Idlib n'est qu'un des nombreux problèmes auxquels la Syrie doit encore faire face.

Le pire est actuellement la pénurie d'essence, les sanctions étatsuniennes bloquant les livraisons de pétrole iranien à la Syrie. Des pétroliers iraniens à destination de la Syrie sont bloqués au canal de Suez. Demander de l'essence à la Russie aurait un prix politique que la Syrie ne semble pas prête à payer. Les champs de pétrole syriens, qui pourraient produire suffisamment pour maintenir le pays en activité, sont sous le contrôle des forces étatsuniennes. Les États-Unis ont interdit de vendre ce pétrole au gouvernement syrien.

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