Syrie - Les néoconservateurs veulent de "l'action" - Espérant une guerre plus vaste
Article originel : Syria - Neo-Conservatives Demand "Action" - Hope For A Larger War
Moon of Alabama
Traduction SLT
L'appareil politique et les médias étatsuniens reconnaissent maintenant ce que nous avons rapporté le 21 décembre. L'annonce par les États-Unis de la constitution d'une armée du PKK de 30 000 hommes dans le nord-est de la Syrie a été un désastre. Elle a incité la Turquie à lancer son attaque contre les Kurdes de YPG/PKK dans la région d'Afrin en Syrie. Elle menace à présent de chasser la Turquie de l'OTAN et de la jeter dans les bras ouverts de la Russie. Elle donne au gouvernement syrien un nouvel effet de levier contre les Kurdes syriens.
Sous la menace turque d'attaquer les forces étatsuniennes en Syrie, l'administration Trump a dû se retirer - du moins dans sa rhétorique. Indépendamment de qui gouverne la Turquie, le pays n'acceptera jamais une entité kurde armée à sa frontière méridionale. Les États-Unis auraient dû le savoir.
Cet échec du plan de l'administration Trump a donné lieu à une nouvelle poussée des propagandistes néoconservateurs en faveur d'une guerre complète des États-Unis contre la Syrie et ses alliés. L'organe du lobby de la famille Kagan, l'Institute For The Study of War, a demandé à son personnel subalterne de rédiger un article d'opinion pour Foxnews afin de faire valoir un nouvel objet d'étude :
Il est temps pour Trump de faire face à la réalité en Syrie
Les États-Unis doivent rapidement modifier leur façon de mettre en oeuvre leurs politiques dans cinq domaines clés.
1. Bases militaires russes. ...
2. Acceptation de Bachar al-Assad. ...
3. "Désescalade" syrienne. ...
4. Le processus de "paix". ...
5. Iran et Al-Qaïda. ...
Les allusions aux solutions, exprimées dans un langage vague, sont pour 1. les bombarder, 2. le tuer, 3. la stopper, 4. qui s'en soucie, 5. les détruire tous :
Les États-Unis doivent faire face à la réalité en Syrie. Ils doivent reconnaître la menace que représente la Russie. Ils doivent reconnaître les limites de ses partenaires actuels sur le terrain. Ils ne peuvent se fier à une mascarade diplomatique. Ils doivent mettre en œuvre une véritable stratégie contre Al-Qaïda et l'Iran. Et ils doivent reconnaître la valeur de l'action étatsunienne par rapport à la rhétorique étatsunienne.
...
Il faudra beaucoup de temps et une lutte acharnée pour parvenir à un résultat en Syrie avec lequel les États-Unis devraient être prêts à vivre. Il est temps de s'y concentrer, d'y consacrer des ressources et de se préparer à le faire pendant longtemps.
"Pendant longtemps" me semble être une occupation de plusieurs décennies du champ de bataille syrien et des zones adjacentes. Je doute qu'un politicien qui veut être réélu votera pour cela.
Un deuxième article de Josh Rogin a été publié sur le blog de Jeff Bezos : L'équipe de Trump doit se montrer à la hauteur de sa nouvelle rhétorique sur la Syrie.
Il n'est pas utile de citer les absurdités, mais voici quelques figures rhétoriques qu'il utilise :
.... la volonté et l'effet de levier nécessaires pour amener une solution à la crise syrienne - défendre les intérêts étatsuniens - faire face à la menace terroriste actuelle - l'expansion iranienne - l'agression brutale de Bachar al-Assad - l'influence sur le terrain - un effort gigantesque - un contingent qui veut se retirer - un véritable plan - un défaut essentiel - un manque d'effet de levier suffisant sur le terrain...
Après avoir jeté les bases d'une occupation massive de la Syrie par les États-Unis, Rogin affirme que "personne ne préconise" une "forte augmentation des troupes étatsuniennes". Son conseil est alors de faire encore plus de choses qui ont échoué : s'en tenir aux Kurdes, payer des tribus arabes (anciennement l'Etat islamique), des rebelles armés (alias Al-Qaïda) à Idlib. Mais c'est alors qu'arrive la vraie bombe :
l'administration Trump devrait faire pression sur Assad, la Russie et l'Iran, y compris par des sanctions, avec la menace crédible de la force étatsunienne et tout ce qui pourrait les contraindre.
Qu'est-ce qu'une "menace crédible de la force étatsunienne" contre ces trois pays ? Et auront-ils la capacité de les menacer à nouveau de façon crédible ? Qui va gagner la guerre thermonucléaire sur la base du désert de Tanf dans le sud-est de la Syrie ?
Un an après le début de la présidence de Trump, son gouvernement affirme que les États-Unis ont un intérêt à long terme pour la Syrie. L'étape suivante consiste à faire correspondre ces mots avec l'action.
Je n'ai aucun doute sur le fait que les deux éditoriaux ont été coordonnés. D'autres de ce genre viendront probablement. Le thème commun est "l'action" et - bien que cela ne soit pas dit ouvertement - ils réclament une guerre plus large des États-Unis contre la Syrie. Le bénéficiaire non mentionné d'une telle guerre, à côté des financiers producteurs d'armes de ces écrivains, serait Israël et l'Arabie Saoudite.
Les auteurs néoconservateurs et leurs éditoriaux doivent être ignorés. Mais la guerre contre l'Irak a montré qu'il existe un certain pouvoir politique important derrière eux. Quelqu'un à la Maison-Blanche va devoir reprendre ces arguments et essayer de convaincre Trump pour le rallier à eux. Qui cela sera-t-il et réussira-t-il ?