Trump a-t-il annulé le contrat nucléaire avec l'Iran pour rembourser ses donateurs pro-israéliens ?
Article originel : Did Trump Scrap the Nuke's Deal to Pay Back His Pro-Israel Campaign Donors?
Par Mike Whitney
The Unz Review
Donald Trump a-t-il renoncé à l'accord sur la bombe nucléaire iranienne pour rembourser ses donateurs pro-israéliens ? L'analyste politique Eli Clifton semble le penser, et il défend ce point de vue de façon assez convaincante. Voici un extrait de son article au Lobe Log :
Le président Donald Trump vient de remplir une promesse électorale de renverser la politique étrangère de l'administration Obama....le Plan d'action global conjoint ou JCPOA. (L'accord sur les armes nucléaires en Iran)...
...l'annonce impopulaire d'aujourd'hui a peut-être été exactement ce que deux des plus gros donateurs de Trump, Sheldon Adelson et Bernard Marcus, et ce que l'un de ses premiers partisans, Paul Singer, ont payé lorsqu'ils ont jeté leur poids financier derrière Trump. Marcus et Adelson, qui sont également membres du conseil d'administration de la Likudist Republican Jewish Coalition, ont déjà obtenu des retours sur investissement substantiels : alignement total des Etats-Unis derrière Israël...
Adelson... a contribué à auteur de 35 millions de dollars en dépenses externes pour élire Trump... Newt Gingrich, un énorme bénéficiaire des largesses financières d'Adelson pendant sa campagne présidentielle ratée de 2012, a déclaré que la "valeur centrale" d'Adelson renvoie à Israël...
Adelson... a préconisé le lancement d'une arme nucléaire contre l'Iran comme tactique de négociation et menace d'atomiser Téhéran, une ville de 8,8 millions d'habitants, si l'Iran n'abandonne pas complètement son programme nucléaire...
Trump et le Parti républicain sont profondément endettés vis à vis des milliardaires anti-iraniens qui n'ont pas peur de plaider en faveur de politiques qui rapprochent le pays d'une autre guerre au Moyen-Orient". "("Follow the Money : Three Billionaires Paved Way for Trump's Iran Deal Withdrawal", Eli Clifton, Lobe Log)
Qu'est-ce qui se passe ici ? Trump s'est-il vraiment retiré de l'accord parce qu'il pensait qu'il s'agissait d'une mauvaise affaire pour les Etats-Unis ou parce que, comme il l'a admis franchement mardi, "Quand je fais des promesses, je les tiens" ?
C'est bien, mais au nom de qui Trump a fait ces promesses, c'est ce que nous voulons savoir ? Le peuple étatsunien ne bénéficie pas d'un accord "nucléaire" rompu, pas plus que la base de Trump, ni les alliés frustrés, ni la communauté internationale. Personne n'en profite. C'est à dire, personne d'autre qu'Israël.
Israël bénéficie clairement de la réimposition de sanctions économiques, de l'affaiblissement de l'économie iranienne, de la poursuite de l'isolement de son ennemi juré dans la région et de l'intensification des hostilités entre Washington et Téhéran. Tout changement de politique qui rapproche les États-Unis d'une guerre armée avec l'Iran profite à Israël, tout comme la destruction de l'Irak a profité à Israël, tout comme la destruction de la Libye a profité à Israël, tout comme la destruction de la Syrie aurait profité à Israël. L'élimination de nations arabes laïques fortes et indépendantes renforce inévitablement la puissance régionale d'Israël, ce qui explique pourquoi Israël soutient cette stratégie. Quand les ennemis d'Israël deviennent plus petits et plus fragmentés, Israël devient plus grand. C'est aussi simple que ça. Ce que nous voulons savoir, c'est si la décision de Trump a été façonnée par les intérêts d'Israël ou ceux des Etats-Unis ? Nous voulons également savoir si le retrait de Trump servira de prétexte pour entraîner le pays dans une guerre avec l'Iran ? C'est la question qui préoccupe tout le monde.
Est-ce que l'handicapé de l'attention, Trump, a lu le JCPOA ? Se rend-il compte qu'aucun autre membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n'a jamais été invité à satisfaire aux mêmes exigences onéreuses que l'Iran, aux mêmes protocoles additionnels et au même régime rigoureux d'inspections intrusives ? Sait-il à quel point l'Iran a été traité injustement, comment il a été diabolisé dans les médias, comment des pays bellicistes comme les États-Unis punissent l'Iran avec des sanctions paralysantes tout en se dotant d'une nouvelle catégorie d'armes nucléaires "utilisables" ?
Non, bien sûr que non. Trump ne sait rien de l'Iran ou de l'accord nucléaire, et il s'en fiche. Ce qui l'intéresse, c'est le pouvoir, le pouvoir exécutif, le genre de pouvoir qui a échappé à Trump jusqu'à présent parce qu'il n'a pas de circonscription. Maintenant, il "comprend". Maintenant, il rassemble une équipe de néoconservateurs comme Bolton et Pompeo et s'entiche avec de solides partisans d'Israël. Ils jetteront les bases des ambitions personnelles grandioses de Trump en l'aidant à resserrer son emprise sur le pouvoir exécutif. C'est pourquoi il a mis le holà à l'accord sur les armes nucléaires en Iran sans même lire l'accord. Il se contente d'apaiser sa base pour renforcer sa propre position. Les actions de Trump tournent invariablement autour de Trump. Il est le centre de son propre monde. Voici un extrait d'un article de l'ancien officier de renseignement étatsunien Paul Pillar :
Deux motivations, plus que toute autre, ont mené l'opposition contre le JCPOA. L'une est le désir de détruire tout ce que Barack Obama a accompli... L'autre motivation majeure est de rester en phase avec les préférences du gouvernement de droite d'Israël. Les mécanismes politiques et financiers comprennent la crainte chez les politiciens étatsuniens de s'opposer au lobby qui travaille au nom de ce gouvernement. Il s'agit également de riches partisans de ce gouvernement qui financent des groupes de défense dédiés à maintenir la tension et la confrontation avec l'Iran, l'opposition au JCPOA étant au cœur de cet effort.
... il n'est certainement pas dans l'intérêt des États-Unis d'appuyer le jeu que Netanyahu joue avec la question, qui est de s'opposer à tout accord avec Téhéran comme moyen de maintenir l'Iran comme paria et comme un fleuret, dans un effort pour détourner l'attention des activités déstabilisatrices d'Israël et pour restreindre les États-Unis. Indépendamment de l'attachement que l'on peut avoir pour Israël, il ne sera jamais judicieux de sous-traiter une partie de la politique de son propre pays à un gouvernement étranger. Agir à partir de l'une ou l'autre de ces motivations est une mauvaise pratique politique de la pire espèce." "[“Hold the Deal-Killers Accountable” ("Tenir les tueurs de l'affaire responsables"), Paul Pillar, Lobe Log]
Voilà qui résume parfaitement la situation. Quelques mots sur l'Iran :
L'Iran est une victime à long terme de la belligérance et de l'agression étatsuno-israélienne. L'accord nucléaire rompu n'est que le dernier-né de la litanie d'hostilité et d'abus qui dure depuis 65 ans.
En 1953, la CIA a renversé le gouvernement iranien, installé le Shah, aidé à tuer ou à emprisonner des milliers de gauchistes et de dissidents, accéléré la délivrance de contrats aux géants du pétrole, aidé à armer et former la police secrète du Shah, la SAVAK, et plongé le pays dans 26 ans de répression policière et de tyrannie. Ça vous dit quelque chose ?
Cela devrait. Washington a suivi le même schéma de base dans plus de 50 pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le changement de régime est la façon dont Washington fait des affaires.
Vous êtes-vous déjà demandé comment était la vie sous le Shah ? Voici un bref résumé extrait de The Harvard Crimson :
Le Shah a systématiquement démantelé le système judiciaire iranien et les garanties de liberté personnelle et sociale du pays. …. Presque toutes les sources d'activités créatives, artistiques et intellectuelles de notre culture ont été supprimées.
La SAVAK a pratiqué la plupart des tortures, sous la direction amicale de la CIA qui a créé la SAVAK en 1957 et leur a appris à interroger les suspects. Amnesty International rapporte des méthodes de torture qui comprenaient "le fouettage et les coups, les chocs électriques, l'extraction des dents et des ongles, l'eau bouillante pompée dans le rectum, des poids accrochés aux testicules, le ligotage du prisonnier à une table métallique chauffée à la chaleur blanche, l'insertion d'une bouteille cassée dans l'anus et le viol.”…
Le Shah a considérablement développé l'armée et l'a retournée contre son propre peuple. Avec la nouvelle richesse pétrolière, le Shah a acheté 2 millions de dollars d'armes étatsuniennes. L'armée étatsunienne a formé des officiers iraniens. Malgré les affirmations selon lesquelles une armée forte était nécessaire pour prévenir une agression extérieure, son but réel est devenu clair lorsque l'armée a assassiné plus de 50 000 Iraniens combattant le Shah". …. Le nombre d'étudiants torturés, perdus ou assassinés est inconnu." "("Life Under the Shah", The Harvard Crimson)
C'est l'héritage des Etats-Unis en Iran : "Fouetter, battre, électrochocs, extraction de dents, eau bouillante pompée dans le rectum, et viol." Les États-Unis ne seront jamais en mesure de rembourser l'Iran pour les 26 années de terreur qu'il a infligé au pays ou à l'océan de sang généré par le Shah. Washington est le seul responsable de cette souffrance et de ce carnage.
En 1979, le peuple iranien a renversé le tabouret de Washington (Shah Mohammad Reza Pahlavi) et a installé l'ayatollah Ruhollah Khomeini comme chef suprême de la République islamique. L'Ayatollah a rapidement pris le contrôle des industries du gaz et du pétrole et a commencé à recycler les revenus en infrastructures critiques, services sociaux et militaires. Washington n'a jamais pardonné à l'Iran son acte de défi en rétablissant sa propre indépendance souveraine. Près de 4 décennies plus tard, les Etats-Unis font toujours tout ce qui est en leur pouvoir pour faire reculer la révolution et reprendre le contrôle des vastes richesses naturelles de l'Iran. Le retrait impulsif de Trump du JCPOA fait probablement partie d'un plan de déstabilisation plus large qui vise un changement de régime.
Bien qu'il n'y ait rien de nouveau dans l'intervention étatsunienne, il convient de noter la différence frappante entre un pays pacifique comme l'Iran et un pays qui s'ingère de manière chronique comme les États-Unis. Par exemple,
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l'Iran :
1. N'a pas renversé ou tenté de renverser des gouvernements étrangers.
2. N'a pas tenté d'assassiner des dirigeants étrangers.
3. N'a pas tenté de supprimer un mouvement populiste ou nationaliste dans d'autres pays.
4. N'est intervenu dans aucune élection à l'étranger.
5. N'a pas torturé des ressortissants étrangers dans d'autres pays.
Examinons maintenant le bilan de Washington. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont :
1. Fait une tentative pour renverser plus de 50 gouvernements étrangers, dont la plupart ont été élus démocratiquement.
2. Lâché des bombes sur la population de plus de 30 pays.
3. Tenté d'assassiner plus de 50 dirigeants étrangers.
4. Tenté de réprimé un mouvement populiste ou nationaliste dans 20 pays.
5. Fait de l'ingérence flagrante dans les élections démocratiques dans au moins 30 pays*.
De plus... bien que cela ne soit pas facile à quantifier... les Etats-Unis ont été les plus impliqués dans la pratique de la torture que tout autre pays au monde... depuis plus d'un siècle... non seulement en pratiquant la torture, mais aussi en l'enseignant, en fournissant les manuels et en fournissant l'équipement.". "("The Anti-Empire Report", William Blum)
Pouvez-vous identifier la différence entre les deux pays et leur approche en matière de politique étrangère ?
Si vous faites partie des millions de personnes qui reçoivent leurs nouvelles des médias occidentaux, vous pensez probablement que le contraire est vrai. Vous pensez probablement que l'Iran et les "mollahs" sont le problème et non pas l'oncle Sam, qui aime la paix.
C'est de la foutaise. L'Iran n'a pas eu une journée de repos depuis qu'il a enlevé le mécréant Shah en 1979. Les États-Unis n'ont jamais relâché leur campagne acharnée pour évincer le gouvernement et installer un autre laquais servile qui fera son travail.
Saviez-vous que "45 bases militaires étatsuniennes encerclent l'Iran, avec plus de 125 000 soldats à proximité".
C'est la vérité. L'Iran est complètement encerclé par des forces étatsuniennes hostiles qui sont prêtes à partir en guerre à l'improviste.
Et combien y a-t-il de bases iraniennes aux frontières étatsuniennes ?
Pas même une seule.
Saviez-vous qu'il est absurde de prétendre que "l'Iran est le plus grand commanditaire du terrorisme au monde" ? C'est une fabrication complète. Pensez-y. L'Iran a mis son propre personnel militaire en Syrie pour combattre les extrémistes sunnites. (Al Qaida, Al Nosra, l'Etat islamique, etc.) Pourquoi combattre les terroristes en Syrie mais les soutenir ailleurs ?
Ils ne le feraient pas et ils ne le font pas. C'est juste un peu plus de désinformation de la part des mass médias. Lisez cela :
"Le 26 février 2015, un rapport du directeur du renseignement national, intitulé Worldwide Threat Assessment of the U.S. Intelligence Communities, a déclaré que l'Iran n'est pas le principal commanditaire du terrorisme et a retiré l'Iran et le Hezbollah de sa liste des menaces terroristes. Le rapport affirme que les intentions de Téhéran sont d'atténuer le sectarisme, de construire des partenaires réactifs et de désamorcer les tensions avec l'Arabie saoudite... et de combattre les extrémistes sunnites, y compris l'État islamique. "(" Rethinking Iran's Terrorism Designation ", M. Reza Behnam, Counterpunch)
En voici encore du même tonneau :
Les Iraniens ne connaissent que trop bien les effets flagrants du terrorisme. Pendant des décennies, les services de renseignements étatsuniens et israéliens ont secrètement financé, équipé et formé des groupes d'opposition qui ont fomenté et perpétré des attentats terroristes en Iran. Des milliers de civils et de personnalités politiques, y compris le Guide suprême Ayatollah Khamenei, ont été blessés par des terroristes.
Oui, mais si l'Iran ne finance, n'arme et n'entraîne pas tous ces terroristes, alors qui le fait ? Voici une partie de la réponse :
"Les services de renseignement étatsuniens ont soutenu les actes de violence commis par les Moudjahidin-e Khalq, qui sont considérés par le département d'État comme un groupe terroriste (aujourd'hui radié de la liste) qui prône le renversement de la République islamique, ainsi que le groupe militant Baloutche Salafi Jundullah. Minorité ethnique iranienne, Jundullah est un groupe sunnite aligné sur l'idéologie d'Al-Qaïda.
En 2007, le Congrès a accepté une demande de 400 millions de dollars de l'administration Bush pour intensifier les opérations secrètes visant à déstabiliser le gouvernement iranien, l'objectif ultime étant le changement de régime. La demande de financement est arrivée en même temps qu'une estimation nationale du renseignement - le travail collectif des seize agences d'espionnage étatsuniennes - a conclu que l'Iran avait cessé ses efforts pour développer des armes nucléaires en 2003...
À partir de 2008, quatre des scientifiques nucléaires iraniens ont été assassinés dans les rues de Téhéran ; les preuves montraient des agents israéliens. En 2011, un dépôt d'armes militaire a explosé, tuant 17 personnes. L'incident a été similaire à un attentat survenu en octobre 2010 sur une base de missiles du Corps des gardiens de la révolution iranien à Khorrambad. Les deux actes de sabotage ont été attribués à Israël." "(" Rethinking Iran's Terrorism Designation ", M. Reza Behnam, Counterpunch)
Donc, bien qu'il n'y ait aucune preuve tangible que l'Iran parraine le terrorisme, il y a beaucoup de preuves que Washington et Tel-Aviv n'ont rien fait de bon, y compris la cyberguerre (Stuxnet), les assassinats ciblés, l'armement de groupes antigouvernementaux (et de djihadistes étrangers en Syrie), et toutes sortes d'opérations secrètes violentes visant à renverser le gouvernement et à installer une autre marionnette de viande conforme.
Mais "Attendez", dites-vous, "Qu'en est-il du soutien de l'Iran au Hezbollah et au Hamas ? Ne sont-ils pas des organisations terroristes ?"
Non, ils ne le sont pas. Ce sont peut-être des ennemis de Washington et de Tel-Aviv, mais cela ne fait pas d'eux des terroristes. Le Hezbollah agissait-il comme une organisation terroriste en 2006 lorsqu'il a défendu son pays contre l'agression israélienne et a renvoyé les FDI de l'autre côté de la frontière où elles se trouvaient ?
Non, c'était de la légitime défense, pas du terrorisme. En voici un peu plus :
"Téhéran ne soutient pas le terrorisme "international", mais il apporte un soutien matériel aux mouvements régionaux qu'il appelle les opprimés, dont la bataille est dirigée contre l'Etat d'Israël- à savoir le Hezbollah, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Front populaire de libération de la Palestine. Ces groupes ont utilisé la violence contre Israël pour mettre fin à l'occupation brutale de leurs terres... Les dirigeants iraniens croient que l'objectif à long terme d'Israël est d'affaiblir le monde islamique, en éliminant toute résistance, afin de réaliser ses desseins expansionnistes". "(" Rethinking Iran's Terrorism Designation ", M. Reza Behnam, Counterpunch)
La vérité, c'est que vous ne pouvez pas croire ce que vous lisez sur l'Iran dans les médias grand public. Il s'agit de fausses nouvelles concoctées pour justifier plus d'attaques, plus de sanctions et plus de guerres étrangères sanglantes. Les penseurs critiques devraient chercher d'autres sources d'information afin de pouvoir analyser l'information eux-mêmes et se faire leur propre opinion.
Traduction SLT