Trump malmène les membres de l'OTAN en vue d'un racket sous prétexte de protection étatsunienne
Article originel : Trump Beats Up NATO Members In American Protection Racket
Par Finian Cunningham
Russia Today
Le capitaine en chef s'est rendu à Bruxelles, comme beaucoup le craignait, en vitupérant sur 'autres membres de l'OTAN avec une combinaison de chantage et d'extorsion.
Le président Trump veut que les autres crachent plus de monnaie pour la "protection" qui leur est fournie par les États-Unis. Le leader étatsunien a réprimandé les chefs d'Etat européens comme s'ils étaient de vilains enfants, les accusant de "profiter (sans payer)" de la puissance militaire étatsunienne pour leur défense pendant de nombreuses décennies, et de ne rien redonner en retour.
Trump a distingué l'Allemagne en particulier. Il a accusé la première puissance économique européenne d'être "contrôlée par la Russie" en raison de sa dépendance supposée à l'égard du pétrole et du gaz russes. Trump a utilisé cette allégation comme une forme de chantage, alléguant que l'Allemagne a donné des milliards de dollars à Moscou pour l'approvisionnement énergétique, tout en trichant sur les paiements financiers à l'OTAN parce qu'elle s'appuie sur les défenses militaires étatsuniennes.
Il s'agissait d'une manifestation choquante de mépris de la part du président étatsunien, ce qui n'a jamais été vu auparavant de la part d'un dirigeant étatsunien en presque 70 ans d'existence de l'alliance de l'OTAN.
"Tout est devenu fou", a déclaré un envoyé européen en faisant référence à la tourmente à Bruxelles cette semaine causée par Trump. Et Trump ne reculait pas non plus. Il a déclaré aux membres de l'OTAN qu'il s'attendait à ce qu'ils doublent leurs budgets militaires nationaux - jusqu'à un niveau de 4 % du produit intérieur brut.
Le responsable de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a essayé de calmer Trump en disant que d'autres membres de l'alliance prévoyaient d'augmenter les dépenses globales d'environ 266 milliards de dollars au cours des sept prochaines années.
Certains observateurs ont noté que le comportement de Trump ressemblait à celui d'un chef de gangster se rendant dans un quartier, pour exiger que les frais de protection soient augmentés.
Christopher Black, avocat et analyste basé au Canada, a décrit la procédure comme une "extorsion étatsunienne" des 28 autres membres de l'OTAN.
"Tous les présidents étatsuniens se sont plaints du fait que les États-Unis doivent payer l'addition alors que leurs alliés ne le font pas. Mais rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité... C'est une alliance militaire agressive créée pour servir principalement les intérêts étatusniens", a écrit Black dans un commentaire cette semaine.
Pour souligner ce point, le sommet de l'OTAN a convenu cette semaine d'élargir les programmes de formation militaire en Afghanistan et en Irak. La Grande-Bretagne et le Canada doivent envoyer plus de forces dans ces pays pour soulager les troupes étatsuniennes qui sont là depuis près de deux décennies.
Les Etats-Unis commencent donc des guerres douteuses et illégales à l'étranger, mais ce sont d'autres pays qui finissent par s'embrouiller, pour donner une couverture politique et quasi-juridique aux aventures impérialistes étatsuniennes.
Dans son discours d'ouverture du sommet, Jens Stoltenberg a tenté d'apaiser un Trump furieux, mais, ce faisant, il a révélé par inadvertance la véritable fonction de l'OTAN. Comme s'il suppliait le président étatsunien de ne pas rompre l'alliance, Stoltenberg a déclaré qu'elle jouait un rôle important pour "aider à projeter la puissance étatsunienne au Moyen-Orient et en Afrique".
Il est vrai que le budget militaire étatsunien représente environ 70 % des dépenses totales des membres de l'OTAN. Les dépenses militaires annuelles des Etats-Unis s'élèvent à environ 700 milliards de dollars, soit environ 3,5 % de son PIB. Cela se compare aux 43 milliards de dollars ou 1,2 % du PIB de l'Allemagne.
Mais dépeindre l'écart comme étant dû à la défense chevaleresque des alliés par les Etatsuniens est une distorsion intéressée.
Pour commencer, les dépenses militaires gargantuesques des États-Unis ne sont pas le fruit d'un engagement altruiste à "défendre les alliés". La mauvaise répartition flagrante des ressources est une fonction du capitalisme étatsunien et de la façon dont son économie est dominée par un complexe militaro-industriel grotesque.
Ce que Trump cherche à faire, c'est d'amener d'autres membres de l'OTAN, les Européens et l'Allemagne en particulier, à soutenir l'économie étatsunienne en dépensant de plus en plus d'argent pour l'industrie militaire. L'achat anticipé de systèmes de missiles et d'avions de guerre étatsuniens - comme l'avion de combat F-35 surévalué - alimentera l'économie étatsunienne en tant que subvention de facto.
La priorité de Trump et des Etats-Unis n'est pas de "protéger" les alliés. Il s'agit de protéger l'économie étatsunienne en augmentant les contributions au capitalisme étatsunien.
Dans toutes les fanfaronnades de cette semaine à Bruxelles sur la nécessité impérative pour les membres de l'OTAN de dépenser toujours plus généreusement, il y avait un manque évident d'un objectif justifiant le besoin présumé.
Jens Stoltenberg a parlé de la façon dont l'alliance "fait face à des défis et menaces sans précédent en matière de sécurité". Il y avait le mantra habituel sur le fait "d'avoir une union forte ensemble". Mais ce qui constitue exactement ces menaces spécifiques n'a pas été élaboré de manière convaincante.
Stoltenberg a déclaré que l'ordre du jour du sommet comprendrait : Renforcer l'état de préparation militaire, intensifier la lutte contre le terrorisme et répartir équitablement la charge des dépenses.
Le premier jour du sommet a été marqué par des chamailleries de Trump sur le fait que les Européens sont des "pique-assiettes". La deuxième journée a été consacrée à la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan, où les Talibans ont renouvelé leur offensive contre les forces gouvernementales soutenues par l'OTAN.
Oui, bien sûr, on a fait allusion à la Russie comme un défi sécuritaire pour l'alliance militaire. Bien que Stoltenberg ait à peine mentionné la Russie dans son discours d'ouverture, la déclaration du Sommet a cité des accusations courantes à son encontre : "Les actions agressives de la Russie....défient l'Alliance et sapent la sécurité euro-atlantique et l'ordre international fondé sur des règles", "la Russie met également en cause la sécurité et la stabilité euro-atlantiques par des actions hybrides, y compris des tentatives d'ingérence dans les processus électoraux". Cependant, il a réitéré que "l'OTAN ne cherche pas l'affrontement et ne constitue pas une menace pour la Russie ".
Le discours désobligeant de Trump sur le fait que l'Allemagne est "captive de la Russie" a eu pour conséquence que la Russie est une menace pour la sécurité de l'Europe. Mais il n'y avait que des allégations et aucun détail. Quoi qu'il en soit, Trump se rendra bientôt à Helsinki pour tenir un sommet complet avec le président russe Vladimir Poutine dans l'espoir de rétablir des relations plus amicales. Cela ne va guère dans le sens que la Russie constitue une menace unique pour l'Europe.
La "peur russe" dont l'OTAN ne cesse de parler est, en réalité, la "plus grande fraude" des temps modernes, comme le souligne l'ancien diplomate étatsunien James Jatras. Cette fraude fonctionne en donnant un vernis de justification aux dépenses militaires massives et continues des États-Unis et de ses alliés de l'OTAN.
Sans la Russie en tant que méchant pantomime dans les coulisses, il ne serait pas possible pour les Etats-Unis et son racket militaire de continuer.
Les États européens prévoient de dépenser quelque 266 milliards de dollars au cours des prochaines années pour l'OTAN. L'Union européenne intègre également une plus grande partie de la planification de ses infrastructures à l'expansion de l'OTAN vers les frontières de la Russie.
Rien de ces dépenses obscènes ne serait possible sans l'invocation de la Russie comme une sorte de danger unique.
En vérité, l'alliance de l'OTAN aurait dû être démantelée il y a plus de 25 ans, lorsque l'Union soviétique s'est effondrée - son objectif supposé initial. C'est devenu une parodie d'une organisation de défense. L'OTAN n'est rien d'autre qu'une couverture pour les guerres illégales menées par les Etats-Unis et une laverie géante pour pomper des milliards de dollars dans le capitalisme militaro-industriel.
Le leader étatsunien est la clé de voûte de ce racket qui, en fin de compte, se moque des citoyens ordinaires d'Europe et des États-Unis. La conduite de Trump cette semaine fut une preuve de cette mascarade.
Traduction SLT
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